Liban: Israël bombarde des positions du Hezbollah ébranlé par des explosions meurtrières

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Discours télévisé du chef du mouvement chiite libanais Hezbollah Hassan Nasrallah suivi depuis un café situé à l'entrée du camp de Sabra pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 19 septembre 2024. e. (Photo par JOSEPH EID / AFP

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L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir bombardé sept sites du Hezbollah dans le sud du Liban, accentuant ainsi la pression sur le mouvement libanais au lendemain de séries d'explosions meurtrières attribuées à Israël ayant visé ses systèmes de transmission.

Hassan Nasrallah, le chef du mouvement soutenu par l'Iran s’est, exprimé à 14H00 GMT sur les explosions qui ont fait mardi et mercredi 37 morts et près de 3.000 blessés, exacerbant les craintes d'une guerre à grande échelle dans la région Moyen-Orient.

Le front entre le Hezbollah et Israël restera ouvert jusqu'à "la fin de l'agression à Gaza

Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a assuré jeudi que son mouvement continuerait à attaquer Israël depuis le Liban pour soutenir son allié, le Hamas palestinien, "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".

"Le front du Liban avec Israël ne s'arrêtera pas avant la fin de l'agression à Gaza", a-t-il affirmé. Pendant son discours, l'aviation israélienne a survolé Beyrouth à basse altitude, franchissant le mur du son, selon des correspondants de l'AFP et l'agence nationale d'information (officielle).

Il a reconnu que sa formation avait reçu "un coup sévère et sans précédent", accusant Israël d'avoir "franchi toutes les lignes rouges" en faisant exploser les appareils de transmission du groupe.

Dans ce discours retransmis en direct, il a affirmé que "l'ennemi voulait tuer pas moins de 5.000 personnes" en faisant exploser, deux jours de suite, les bipeurs et les talkie-walkies aux mains des membres du puissant mouvement pro-iranien.

Israël n'a pas commenté ces attaques, survenues juste après qu'il a annoncé étendre ses objectifs de guerre contre les Palestiniens jusqu'à la frontière nord avec le Liban.

Son armée a annoncé jeudi avoir mené des frappes nocturnes sur six "sites d'infrastructures" du Hezbollah et un dépôt d'armes dans le sud du Liban.

Mardi, des explosions simultanées de bipeurs, un système de radiomessagerie utilisé par le mouvement islamiste, ont eu lieu dans les bastions du Hezbollah dans la banlieue sud, dans l'est et dans le sud du Liban.

Elles ont fait douze morts et des centaines de blessés, selon le ministère libanais de la Santé.

"Centre de gravité" 

Le lendemain, une deuxième vague d'explosions "ayant visé les talkies-walkies" a fait 25 morts, selon un nouveau bilan jeudi du ministère, portant à 37 morts et 2.931 blessés le nombre total des victimes des détonations sur deux jours.

Le Hezbollah a déploré jeudi la mort de 20 de ses membres tués, selon une source proche du mouvement, dans "les explosions des talkies-walkies".

L'attaque des deux derniers jours est le "plus gros coup jamais porté à la formation" libanaise par Israël, selon une source proche du Hezbollah.

Des appareils ont explosé simultanément alors que les membres du Hezbollah étaient chez eux, faisaient leurs courses ou participaient à des obsèques.

Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent par Israël étaient la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre à Gaza.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a estimé toutefois mercredi que le "centre de gravité" de la guerre se déplaçait "vers le nord", où les échanges de tirs meurtriers quasi-quotidiens avec le Hezbollah depuis octobre ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers d'habitants des deux côtés de la frontière.

"Escalade extrêmement inquiétante" 

"Nous menons nos tâches simultanément" au nord et au sud, et "notre tâche est claire: assurer le retour des habitants du nord sains et saufs chez eux", a souligné M. Gallant.

Charles Lister, expert au Middle East Institute, a estimé que le Mossad (service de renseignement extérieur israélien) avait "infiltré la chaîne d'approvisionnement" du Hezbollah.

Selon une enquête préliminaire menée par les autorités libanaises, "les appareils (de transmission du parti libanais) étaient préprogrammés pour exploser et contenaient des matériaux explosifs", a indiqué à l'AFP un responsable libanais de la sécurité.

La police israélienne et le Shin Bet (renseignement intérieur) ont par ailleurs annoncé jeudi qu'un citoyen israélien avait été arrêté pour avoir été recruté par l'Iran afin de préparer des assassinats de personnalités israéliennes, parmi lesquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Selon eux, l'homme s'est vu proposer de tuer des personnalités israéliennes pour se venger de l'assassinat à Téhéran le 31 juillet du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh. L'Iran avait imputé cet assassinat à Israël, qui n'a fait aucun commentaire.

Jeudi, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunit d'urgence vendredi pour discuter des explosions meurtrières au Liban, à "adopter une attitude ferme en arrêtant l'agression d'Israël contre le Liban et la guerre technologique qu'il mène".

La Turquie a accusé "Israël d'étendre la guerre au Liban", tandis que Berlin, les Nations unies et Washington se sont contentés de mettre en garde contre une "escalade".

Réunion à Paris 

Des représentants de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne et britannique devaient se réunir jeudi à Paris pour faire le point sur l'état des négociations pour une trêve à Gaza et la situation au Liban.

Lors d'une visite au Caire mercredi, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a appelé de son côté Israël et le Hamas à faire preuve de "volonté politique" pour parvenir à un accord de cessez-le-feu, après des mois de négociations infructueuses.

Pendant ce temps, la guerre ne connaît pas de répit dans le territoire palestinien assiégé et frappé par une catastrophe humanitaire.

Selon la Défense civile à Gaza, cinq Palestiniens ont été tués dans une frappe nocturne contre un appartement à Gaza-ville. Deux autres personnes ont péri dans le bombardement d'une maison dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord), selon la même source.

Plus de 41.272 Palestiniens ont été tués dans la guerre d’extermination des Palestiniens par l’armée israélienne, pour laplupart des civils dont plus de 32.000 femmes et enfants. (Quid avec AFP)