''Planète Méditerranée'' : retour à l'air libre, après 28 jours par 120 m de fond

5437685854_d630fceaff_b-

251
Partager :

Apr?s 28 jours pass?s 120 m sous la surface de la Grande Bleue, Laurent Ballesta a retrouv? l'air libre dimanche, ? 18H00, ? Marseille, en sortant du caisson pressuris? qui lui a permis d'ausculter la M?diterran?e, "cette extraordinaire r?sistante, malgr? ses blessures".

"La sc?ne d'amour vache de deux mur?nes. Les cath?drales de roches de la falaise sous-marine du cap Taillat": apr?s quatre semaines dans les grands fonds, entre la cit? phoc?enne et Monaco, ce biologiste et photographe sous-marin revient avec des milliers d'images.

Mais l'image qu'il cherche, ? peine sorti de ce caisson o? il vient de vivre une lente d?compression de trois jours, c'est celle de Caroline, sa compagne, et d'Elea, sa fille de deux mois. Elea, comme l'h?ro?ne de "La nuit des temps" de Barjavel, cette survivante d'une civilisation disparue. "J'avais sous-estim? ce retour sur terre. C'est plus ?mouvant que pr?vu", l?che-t-il, les larmes aux yeux.

Fini donc cet univers minuscule, tract? par un remorqueur, qui lui a permis, pendant quatre semaines, avec ses trois comparses, Antonin Guilbert, Thibault Rauby et Yannick Gentil, de lutter contre les ?l?ments. Car ? 120 m de fond, l'homme est un intrus. La pression est 13 fois sup?rieure qu'? la surface terrestre. Pour une demi-heure de plong?e dans cette zone cr?pusculaire, sas d'entr?e vers les abysses, il faut cinq heures de remont?e jusqu'? la surface.

"Gr?ce ? ce caisson, qui reproduit l'atmosph?re ? 120 m, fini ces paliers de d?compression. Nous n'avions plus aucune limite de temps, sauf notre r?sistance", explique Laurent Ballesta, l'initiateur de "Plan?te M?diterran?e", cette exp?dition partie le 1er juillet de Marseille.

Chaque jour, les plongeurs descendent donc dans les entrailles de la Grande Bleue via la "tourelle", un ascenseur qui les am?ne ? la profondeur requise en ? peine 3 minutes. Une fois la porte ouverte, le travail peut commencer.

"Nous vivons tous sur la m?me plan?te, mais il y a plusieurs mondes, et nous avons eu l'honneur d'explorer un autre monde. Barbiers perroquets, poissons l?zards, morues cuivr?es: ? chaque plong?e ou presque, nous avons pu filmer ou photographier une esp?ce qui n'avait jamais ?t? observ?e vivante dans son milieu".?

Un ennemi permanent, le froid

C:\Users\Na?m Kamal\AppData\Local\Temp\Temp1_httpdoc.afp.com1J59TP-MultimediaVersion.zip\urn_newsml_afp.com_20190728_fcf60bdf-7ab0-4e5d-8162-730417783f6d_mmdHighDef.jpg

Missionn?s par divers chercheurs, laboratoires ou universit?s, les quatre hommes ont effectu? des pr?l?vements d'ADN sur une dizaine d'esp?ces, faisant progresser la connaissance sur leur g?nome . Gr?ce ? des bouturages, ce sont les donn?es sur la g?n?tique des gorgones ou du corail noir qui vont progresser.

De m?me, les quatre hommes ont longuement travaill? sur l'ADN environnemental, cette technique qui permet de conna?tre les esp?ces vivant ? ces profondeurs en analysant l'eau dans laquelle ils ?voluent: "Comme des experts sur une sc?ne de crime", sourit le biologiste.

Analyses des r?cifs corralig?nes, ces refuges pour la biodiversit? des grandes profondeurs, afin de d?terminer s'ils ne seraient pas des puits de carbone appr?ciables en ces temps de changement climatique. Inspection du tuyau de sortie des eaux us?es de la m?tropole de Nice, avec pr?l?vements de s?diments pour ?valuer l'impact des rejets humains. Des dizaines d'exp?riences sont men?es. Avec un ennemi: le froid.

Car l'eau est ? 13 degr?s. "On ?tait tr?s vite en souffrance dans les scaphandres. A ces pressions, la temp?rature ressentie est beaucoup plus basse. C'?tait plus dur que l'eau ? 2 degr?s sous la banquise de l'Antarctique". Dimanche soir, lui et Thibault Rauby avaient encore des engelures aux doigts.

Le 20 juillet, ce froid n'emp?che pas les quatre plongeurs d'effectuer la plus longue visite jamais faite -six heures-, de l'?pave du Natal, un paquebot coul? en 1917 au large de Marseille, avec une centaine de passagers.

"Et nous avons d?couvert une vie apr?s la mort de ce bateau. Poissons lunes, Saint-Pierre, b?casses de mer, diables de mer. Un paradis pour le biologiste naturaliste que je suis", expliquait-il ? la presse, par ?cran interpos?, ? quelques minutes de son retour sur la terre ferme, envisageant m?me un futur s?jour de 10 ? 15 jours sur cette seule ?pave?: "Elle a encore s?rement plein de choses ? nous dire".