Rosario, la ville argentine aux 29 terminaux fluviaux – Par Rachid MAMOUNI

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La ville s’estime privilégiée par sa position géographique sur le dernier tronçon d’une voie fluviale aux dimensions peu communes. Le fleuve Parana voit passer la totalité de la production agricole et minière du Paraguay

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Par Rachid MAMOUNI (Pole Amérique du Sud de MAP)

Rosario - Des structures imposantes s’étirent sur plus de 70 km le long des berges du fleuve Parana, du nord au sud de la ville de Rosario, en Argentine. Ce sont au total 29 terminaux fluviaux uniques au monde, qui voient transiter chaque jour des centaines de milliers de tonnes de céréales et d’oléagineux, représentant environ 80% des exportations agricoles de ce pays d’Amérique du sud.

Rosario, où s’est tenu du 3 au 5 septembre l’un des forum d’affaires les plus importants consacré aux produits agro-industriels, est une ville-port qui abrite un complexe essentiellement exploité par des entreprises privées au service des exportateurs et adossé à des zones industrielles où sont traitées les matières premières.

La ville s’estime privilégiée par sa position géographique sur le dernier tronçon d’une voie fluviale aux dimensions peu communes. Le fleuve Parana voit passer la totalité de la production agricole et minière du Paraguay, à environ 1.500 km en amont, et une partie des productions de la Bolivie et de l’est brésilien.

Selon la Chambre de commerce de Rosario, un groupement professionnel influent dans le secteur agricole argentin, les différents ports de la ville pourraient recevoir quotidiennement plus de 539.000 tonnes de céréales et d’oléagineux acheminées par camions de tout le pays, ainsi que 240.000 tonnes transportées par trains et bateaux.

Dans un souci d’homogénéité et d’efficacité, explique la Chambre, les terminaux fluviaux, qui accueillent des géants des mers pouvant atteindre plus 275m de long, se sont spécialisés dans un produit agricole chacun.

Chaque port offre des installations adaptées pour l’embarquement et le déchargement d’un seul produit liquide ou en vrac.

Sur les 29 terminaux portuaires, 19 se sont spécialisés dans l’exportation des céréales et des huiles extraits des oléagineux. Une douzaine d’entre eux se trouvent à proximité d’usines de trituration, ce qui aide à rétrécir les délais de production et d’exportation.

Le complexe industriel-exportateur de la zone métropolitaine de Rosario concentre, à lui seul, environ 80 % de la capacité installée de trituration des grains en Argentine, avec un volume théorique total de 165.000 tonnes par jour, pour une capacité au niveau national de 209.000 tonnes/jour.

Grâce à cette capacité, Rosario s’est hissée au premier rang mondial des ports spécialisés dans l’exportation de soja, de tournesol et de leurs dérivés, après les ports brésilien de Santos et américain de la Nouvelle-Orléans.

Les ports de Rosario possèdent également une capacité de stockage impressionnante, avec 8,7 millions de tonnes pour les céréales et produits dérivés, alors que celle des huiles végétales frôle un million de tonnes.

La ville met aussi en avant sa grande capacité de déchargement des céréales qui sont acheminés en grande partie via des camions, mais aussi à bord de trains et de barges.

Lors d’une bonne récolte, près de 72 millions de tonnes de céréales et dérivés arrivent dans les terminaux de Rosario par différents modes de transport, avec une capacité de stationnement simultané pour 13.700 camions. Outre la pollution sonore évidente dans les artères de la ville, la présence d’un parc aussi imposant de véhicules lourds se traduit immanquablement par un impact environnemental conséquent.

Malgré cela, la ville peut aussi s’enorgueillir de pouvoir réaliser des chargements à bord des navires à raison de 50.000 tonnes/heure pour les céréales et graines et 15.000 tonnes/heure pour les huiles.

Les responsables de la Chambre de commerce de Rosario mettent en avant deux atouts majeurs des installations de leur ville-port : la capacité d’accueillir des bateaux géants d’une longueur de 300m et la capacité de transporter la totalité de la production du pays en céréales et oléagineux estimée à plus de 140 millions de tonnes.

Toutefois, le flux incessant des camions et des navires dans Rosario et ses ports a fini par attirer des réseaux criminels qui se fondent dans la masse pour s’adonner à l’extorsion et au narcotrafic.

D’ailleurs, Rosario est la seule ville du pays qui abrite la plus grande concentration de capos de la drogue incarcérés et où le gouvernement a déployé récemment les forces armées pour venir à bout de ces réseaux criminels.

Pendant le Business Forum de Rosario, transparaissait à travers les débats une saine rivalité avec l’autre grand port d’Argentine, celui de Buenos Aires, qui se trouve à quelques kilomètres de l’embouchure du Parana, aux bords du fleuve La plata.

Cette rivalité aurait été à l’origine de l’émulation professionnelle qui a réussi à maintenir Rosario comme la principale porte de sortie des exportations d’Argentine.

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