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Sénégal: le président dissout l'Assemblée, législatives le 17 novembre
Le président sénégalais Bassirou Diomaye lors de son discours annonçant la dissolution de l'assemblée nationale
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu en mars sur la promesse d'un changement profond, a annoncé jeudi dissoudre l'Assemblée nationale et fixer des élections législatives le dimanche 17 novembre 2024.
Cette dissolution vise à lui donner une majorité stable pour gouverner alors que la précédente législature, élue en 2022 et dominée par le camp de l'ancien président Macky Sall, lui était hostile.
"Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise. Aujourd’hui plus que jamais l’heure est venue d’ouvrir une nouvelle temporalité à notre quinquennat", a déclaré à la télévision nationale le chef de l'Etat de 44 ans.
Selon lui, les blocages des derniers jours à l'Assemblée l'ont convaincu que "le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire (...) était une illusion. Celle-ci ayant décidé de se détourner du Peuple pour promouvoir le culte du blocage et ainsi entraver la mise en œuvre du projet sur la base duquel j’ai été élu", a-t-il affirmé.
Chantre d'un panafricanisme de gauche et du souverainisme, le nouveau pouvoir suscite d'immenses attentes parmi la jeunesse de ce pays ouest-africain où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans.
Mais les nouvelles autorités n'ont toujours pas engagé de chantier majeur, certains justifiant cette inaction par l'absence de majorité au Parlement.
Comme sous le régime de l'ex-président Macky Sall, des milliers de Sénégalais continuent de tenter de rejoindre l'Europe malgré les périls, principalement via l'archipel espagnol des Canaries. Et les tragédies se succèdent.
"Le gouvernement travaille d'arrache-pied à mettre en œuvre des politiques publiques adéquates pour donner du travail aux jeunes ici au Sénégal et les inviter à la reconstruction de notre pays", a déclaré le chef de l'Etat mercredi à Mbour.
Mais les jeunes, particulièrement touchés par le chômage, et l'ensemble de la population doivent comprendre que la situation "ne peut être résolue du jour au lendemain", a-t-il reconnu.
Audit
Les antagonismes pouvoir/opposition ont entravé l'action gouvernementale depuis la prise de fonction des nouvelles autorités. Le Premier ministre Ousmane Sonko, 50 ans, n'a pas prononcé de discours de politique générale devant l'Assemblée, malgré une menace de motion de censure déposée par le camp de l'ancien régime.
L’Assemblée avait également rejeté début septembre un projet de dissolution de deux institutions consultatives, entraînant un bras de fer entre l’exécutif et la 14e législature.
Le gouvernement a toutefois lancé des audits dans tous les secteurs sur la gestion de l'argent public sous l'ancienne présidence. Il a aussi baissé les prix de produits comme le riz, le sucre, l'huile, a suspendu des constructions sur le littoral, et ouvert un vaste chantier de la réforme de la justice.
Jeudi, le président Faye a également mis en cause la gestion des finances publiques de son prédécesseur Macky Sall. Citant un audit soumis à la Cour des comptes, il a dénoncé "des dérapages volontairement cachés", "avec une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des intérêts de la dette, une non maîtrise des subventions et un dérapage dans les tirages sur ressources extérieures".
Il a promis que le rapport approuvé par la Cour des Comptes serait publié, et que les responsabilités seraient établies "à tous les niveaux de la chaîne administrative et politique".
L'opposition estime de son côté que le nouveau régime n'a pas de projet politique et gouverne sans direction. Elle dénonce une chasse aux sorcières qui cible des responsables de l'ancien régime.
L'opposition apparaît affaiblie depuis la victoire à la présidentielle de Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour avec 54,28% des voix, estime Alassane Beye, analyste politique. Mais l'ex-coalition au pouvoir a encore des ressources pour obtenir de bons résultats aux prochaines législatives, assure-t-il.
L'ex-Premier ministre Amadou Ba, arrivé deuxième à la présidentielle, a annoncé le lancement de son parti lundi.
Le parti au pouvoir, Pastef-Les Patriotes, part favori pour les prochaines élections, même si le contexte a changé depuis la présidentielle qui s'apparentait à un référendum pour la rupture ou la continuité, analyse M. Beye. (Quid avec AFP)