Trump : Un effet de la mondialisation ?

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Les nationalismes renaissants, la xénophobie qui leur est rattachée, les phénomènes migratoires n’annoncent rien de bon. Un monde est en train de se disloquer, sous nos yeux, sans que l’on sache quelle est l’alternative

La bien pensance a toujours la gueule de bois. Après le Brexit, l’élection de Donald Trump lui a asséné un coup fatal. Rien n’y a fait, ni le matraquage médiatique, ni les sondages, le « populisme » a gagné. Mais au lieu d’analyser sereinement cette vague qui déferle, les « experts » se rassurent en disant qu’il n’appliquera pas son programme, que ce n’était que l’expression d’une colère et que le système reprendra le dessus.

Ce que Marine Le Pen, qui risque d’être la prochaine surprise, appelle les « élites mondialisées » restent dans un déni  relatif, porteur de désillusions, le problème c’est la mondialisation et ses effets, elle a partout enrichi les riches et appauvri tous les autres, y compris les classes moyennes. Aux USA, le taux de chômage n’est que de 4,5%, mais jamais  il n’y a eu autant de travailleurs pauvres, au point que des salariés s’inscrivent pour recevoir de l’aide alimentaire. En Grande Bretagne les résultats économiques cachent, mal, les mêmes phénomènes de déclassement. Cela crée un désir d’Etat protecteur que le libéralisme ne peut assouvir.

A cette insécurité économique, s’ajoute une insécurité culturelle. Les élites refusent de la prendre en compte. Elle est pourtant bien réelle. Elle a commencé dans la sphère arabo-musulmane où le raidissement identitaire est un effet certain de la mondialisation. La peur de la dissolution d’une identité dans un magma n’est pas une vue de l’esprit. C’est une réaction qui finit par s’exprimer politiquement.

La nouveauté c’est que le même phénomène touche, non plus la périphérie mais le centre même du « village mondialisé ». Le Brexit, Trump et demain Le Pen, tout d’abord le produit de cette insécurité culturelle, cela ne sert à rien d’expliquer que sans les onze millions d’immigrés clandestins c’est l’économie US qui plonge, ni que l’abandon du libre-échange ruinera les multi nationales, ou que quitter l’UE freinera la croissance en Grande Bretagne. Les électeurs sont mus par des sentiments, des passions, qui n’ont rien à voir avec la raison. De même se réfugier derrière des valeurs, censées être consensuelles, n’a pas servi à empêcher Trump, homophobe, sexiste, raciste d’être élu.

Trump va-t-il appliquer son programme ? La question n’a aucun sens parce que personne n’a voté pour un programme et que celui-ci n’existe pas. De la même manière ceux qui votent islamistes ne le font pas pour un programme, mais pour d’autres raisons où la régression, la réaction identitaire sont omniprésentes.

La mondialisation économique est un fait, les tentations protectionnistes sont des culs de sacs. Cependant l’insécurité culturelle prend le pas sur les préoccupations économiques. Cyniquement on peut écrire que les couches populaires veulent bien accepter la misère mais entre soi. Les nationalismes renaissants, la xénophobie qui leur est rattachée, les phénomènes migratoires n’annoncent rien de bon. Un monde est en train de se disloquer, sous nos yeux, sans que l’on sache quelle est l’alternative. Le déni, l’appel à plus de mondialisation, plus d’intégration, ne sont pas des réponses mais un aveuglement.

 

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