Trump enchaîne les victoires, mais les voix de Nikki Haley peuvent bien lui gâcher la fête

5437685854_d630fceaff_b-

Des partisans de Nikki Haley, candidate républicaine à l'élection présidentielle américaine et ancienne ambassadrice de l'ONU, écoutent lors d'un meeting de campagne à Needham, Massachusetts, le 2 mars 2024. (Photo par Joseph Prezioso / AFP)

1
Partager :

Donald Trump, qui a enchaîné les victoires dans la course à l'investiture républicaine, compte plier le match contre Nikki Haley mardi lors du "Super Tuesday".

Mais ces succès dans les urnes ont aussi tous révélé des vulnérabilités chez l'ancien président qui pourraient compliquer sa reconquête de la Maison Blanche.

Le tempétueux septuagénaire l'a emporté dans tous ses scrutins grâce au soutien de sa base de partisans, une marée de casquettes rouges "Make America Great Again" toujours très fidèle.

Mais il a aussi souvent perdu un nombre considérable de voix chez les républicains modérés et les indépendants -- des voix indispensables s'il veut l'emporter face au président démocrate Joe Biden en novembre.

Dans le New Hampshire comme en Caroline du Sud, ces électeurs ont largement préféré Nikki Haley, la dernière républicaine en lice pour lui barrer la route.

La quinquagénaire, ancienne ambassadrice américaine à l'ONU sous Donald Trump, cultive une image de candidate plus modérée, promettant de restaurer une certaine "normalité" chez les conservateurs.

Or selon un sondage de sortie des urnes samedi dernier en Caroline du Sud, 40% de ses partisans ont indiqué être opposés à la candidature de Donald Trump.

"Un signal d'alarme énorme", selon Alyssa Farah Griffin, ex-directrice de la communication de l'ancien président, lorsqu'il était à la Maison Blanche.

"Quelqu'un qui se présente pratiquement en tant que président sortant -- Donald Trump -- obtient 60% des voix et 40% sont contre lui. ? Ce n'est pas exactement un couronnement", a-t-elle déclaré lors d'un échange sur CNN.

"Trump a un problème" 

"Donald Trump a un problème, qu'il veuille l'admettre ou non", a alerté Nikki Haley dans un communiqué mardi après avoir perdu une nouvelle primaire face à l'ancien dirigeant, dans le Michigan.

"40% des électeurs républicains ne veulent plus rien avoir à faire avec lui et il ne fait absolument rien pour les inclure dans son groupe de plus en plus exclusif", a-t-elle affirmé.

Nikki Haley a tout intérêt à critiquer les succès électoraux de son rival. Le camp Trump balaie ses arguments d'un revers de main, pointant vers des sondages selon lesquels le président sortant Joe Biden est aussi très mal perçu par les électeurs indépendants.

"Trump est bien placé pour remporter l'élection. Il se concentre sur les questions qui comptent clairement pour les électeurs -- un gouvernement transparent, de la responsabilité fiscale, l'indépendance énergétique et les chiffres de l'emploi", a déclaré Charlie Kolean, un stratège républicain

Les ennuis judiciaires 

Mais l'équipe de campagne de Joe Biden mise sur le fait que l'écart entre les deux candidats se réduira dans les Etats les plus disputés quand Donald Trump, ses envolées, ses frasques et ses ennuis judiciaires reprendront une place centrale dans le quotidien des électeurs.

Plus que ses performances aux primaires, ce sont bien les inculpations en série du milliardaire -- et tout le temps qu'il va devoir passer dans les tribunaux en 2024 -- qui inquiètent Keith Nahigian, ancien membre de l'équipe de Donald Trump.

"La chose la plus importante durant une campagne, c'est le temps -- le temps de lever de l'argent, de rencontrer des gens, de voyager, et tout ce qui dérobe du temps pourrait être préjudiciable" à sa candidature, analyse-t-il.

Pour Bill Kristol, un ancien responsable républicain de l'ère Bush père et critique connu de Donald Trump, le calcul est simple: si l'ancien président parvient à reconquérir les deux tiers des partisans de Nikki Haley, il finirait probablement par obtenir environ 92% de soutien chez les républicains -- soit à peu près son score de 2020.

"Cela a suffi pour élire Biden, de justesse", a-t-il assuré lors d'une interview à The Bulwark.

"Dire qu'il n'y a pas de résistance au sein du Parti républicain, c'est bien trop pessimiste", a-t-il insisté. (AFP)