International
''Yes we kam'' - Par Samir Belahsen
La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à la présidentielle de 2024, Kamala Harris, salue alors qu'elle part pour Houston, au Texas, depuis la base conjointe Andrews, dans le Maryland, le 31 juillet 2024. (Photo KEVIN LAMARQUE / POOL / AFP)
“La conviction est la volonté humaine arrivée à sa plus grande puissance.”
Balzac
« Ne sacrifiez jamais vos convictions politiques pour être dans l'air du temps. »
John Fitzgerald Kennedy
C’est John Fitzgerald Kennedy qui encourage à rester fidèle à ses convictions politiques malgré les pressions pour s'aligner sur les tendances du moment…
Kennedy exhorte à ne pas sacrifier ses principes pour être populaire ou dans l'air du temps.
Agir selon ses valeurs et ses croyances, même si cela va à contre-courant de l'opinion publique…Un appel intemporel à l'indépendance d'esprit et à la cohérence dans l'engagement politique.
C’est l'intégrité et le courage politique face aux modes et aux courants de pensée dominants.
Pour le moins que l’on puisse dire, cet appel n’est pas dans l’air populiste de notre temps.
L'histoire des États-Unis retient de JFK la gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l'espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique d'égalité des sexes et, surtout, son assassinat.
Était-il un homme de gauche ?
Ses prises de position en faveur de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce lui ont valu le respect des républicains et la méfiance de la vraie gauche.
D’un autre côté, il a su se faire apprécier par le mouvement afro-américain des droits civiques grâce à sa politique de déségrégation.
C’est un peu ça le parti démocrate, même en politique internationale, une navigation entre les convictions et l’air du temps.
Peut-on vraiment considérer le parti démocrate américain comme un parti de gauche?
Le Parti démocrate américain est souvent, et largement, considéré comme un parti de gauche, bien qu'il englobe une diversité de positions politiques.
Historiquement, il a évolué d'un parti conservateur à une plateforme plus progressiste, surtout au niveau sociétal, notamment sous Franklin D. Roosevelt et Barack Obama. Actuellement, il présente une aile gauche, représentée par des figures comme Bernie Sanders, qui plaide pour des politiques sociales.
L’aile centriste, incarnée par Joe Biden, avant son retrait, était plus dominante même si l’ influence de Bernie Sanders reste significative sur les positions du Parti démocrate, poussant le parti vers une plateforme plus progressiste.
Lors des primaires démocrates de 2016 et 2020, Sanders avait mené une campagne ambitieuse sur des positions de gauche, notamment en faveur d'un système de santé universel, d'une université gratuite et d'une lutte contre les inégalités. Sans remporter l'investiture, il avait réussi à populariser ces idées au sein du parti.
L'aile gauche du parti, représentée par des figures comme Alexandria Ocasio-Cortez, a gagné en influence et pousse le parti vers des positions plus à gauche, même si l'aile centriste reste dominante.
Ce que Sanders a réussi en mobilisant les jeunes et la base militante du parti autour d'un programme socialiste, c’est qu'un tel positionnement était dorénavant viable électoralement.
La nomination de Kamala Harris bouclée, pose des questions sur l’avenir des interactions entre l'aile gauche et l'aile centriste du parti, surtout en cas de succès à la présidentielle.
Vice-présidente, elle avait soutenu timidement des politiques progressistes, son approche reste généralement modérée, elle avait bien respecté cette réserve due à sa fonction et peut être à ses ambitions.
Son soutien par une grande partie des démocrates, et sa capacité à mobiliser des fonds importants témoignent de son influence au sein des différentes ailes du parti…
Des membres éminents de l'aile progressiste du parti se sont alliés à sa campagne, la bataille anti-Trump est la mère des batailles.
Les démocrates espèrent qu'elle ne va pas commettre de faux pas dans les prochaines semaines, face aux provocations du camp Trump.
Les plus à gauche espèrent que le choix de son colistier soit un signe d’ancrage et de conviction.
Elle n’a de choix que de naviguer avec l’air du temps. Se laisser guider par les vents et les marées de l’électorat, c’est la début du populisme et la fin des convictions.
Bons vents Kamala !