Le ministre de la culture s?accroche plus au devoir de solidarit??avec le gouvernement qu?? la promotion d?une culture libre, innovante, inspir?e
La culture a eu ses ?tats g?n?raux gr?ce ? une association culturelle. La grand-messe de la culture s?est en effet tenue hier 12 novembre ? Rabat ? l?initiative de l?association racines pour le d?veloppement culturel au Maroc et en Afrique. A d?faut de l?organiser, le minist?re de la culture soutient cet ?v?nement dont l?objectif affich? est de mettre en place ???une politique culturelle permettant de se mettre sur la voie des d?veloppements humain, social et ?conomique??.
L??v?nement est important. Ce ne sont pas de simples assises?; encore moins une journ?e d??tudes. Les organisateurs convoquent ? des Etats g?n?raux, c'est-?-dire ? un exercice XXL o? les grandes orientations de la culture au Maroc vont ?tre d?cid?es. Des recommandations d?ailleurs ?t? ?mises au terme de cette journ?e o? se sont retrouv?s le ban et l?arri?re ban culturels de chez nous. Des propositions aux diff?rentes parties prenantes -minist?res de la culture, de l??ducation, des finances, du tourisme, de l?industrie... mais aussi aux artistes, acteurs culturels, organisations de la soci?t? civile, m?dias- ont ?t? faites pour que la Culture soit un facteur de d?veloppement humain, de coh?sion sociale et de d?veloppement ?conomique. C?est la m?me it?ration qui a travers? ce 12 novembre les Etats g?n?raux de la culture au Maroc, le n?cessaire travail en commun entre les institutions publiques, les acteurs culturels et la soci?t? civile.
Et s?il faut rendre gr?ce ? l?association ??Racines?? qui a ?uvr? pour proc?der ? un travail d?inventaire et de diagnostic de la culture en terre marocaine pour rendre possible, la tenue de ces Etats g?n?raux t?moigne, dans le m?me temps, de l?incapacit? du gouvernement Benkirane ? imaginer, installer et mettre en branle une politique culturelle.??Le projet, n? en septembre 2012 de la volont? commune d?acteurs culturels et de chercheurs, intervient ? un moment o? le Minist?re marocain de la culture et les autorit?s publiques, nationales et locales, affichent une volont? de mise en place d?une politique culturelle clairement d?finie en terme d?objectifs??, temp?rent toutefois ceux et celles de l?association organisatrice de cette manifestation.
Que fait le minist?re de la culture??
Il n?emp?che, la discr?tion voire le retrait du d?partement de la culture pose question. L?exercice de diagnostic des arts et de la culture ne devait-t-il pas ?tre effectu? par les services de M. Amine Sbihi?? L??valuation des politiques culturelles pass?es ne devait-elle pas ?tre le fait du minist?re de la culture?? Ce d?partement ne doit-il pas ?tre au c?ur de la r?flexion relative aux pistes possibles de d?veloppement d?un champ culturel bouillonnant qui ?clot dans tous les sens?? ??Il appartient aux pouvoirs publics donc au minist?re de la culture d??laborer ce qu?il convient d?appeler la carte culturelle du pays. Les structures, les espaces d?di?s, les ressources humaines, le statut et les droits des cr?ateurs, le financement de la culture, bref les conditions d?une cr?ativit? libre doivent ?tre rendus possibles par le travail de ce d?partement qui est responsable de la politique culturelle du pays?!??, s?exclame cet acteur culturel de la place.
Hommes et femmes de culture sont les premiers ? le proclamer. La culture est l??me de la d?mocratie. La diversit? culturelle conjugu?e ? la libert? de cr?er loin du ??religieusement correct?? sont les fondements d?une politique culturelle inscrite dans le cadre d?un projet de soci?t? moderniste et d?mocratique.
??Rien n?est jamais irr?versible en d?mocratie et rien n?est jamais compl?tement acquis non plus. Le Maroc n?a pas encore compl?tement franchi le gu?. De nombreuses lois doivent voir le jour pour donner corps ? l?esprit de la nouvelle constitution. Et c?est justement au parlement, haut lieu de la l?gislation, que la bataille de la d?mocratie et de la modernit? se jouera.?Toute la question r?side dans le degr? de tol?rance, d?ouverture et de d?mocratie dont font montre les forces politiques en pr?sence. C?est la marque de fabrique de notre pays. Ces forces sont-elles capables de s?arrimer ? l?universalisme, la caract?ristique principale de la d?mocratie? dont la culture est un vecteur fondamental ? Voici la vraie question?? soutient ?ce membre de l?Union des ?crivains du Maroc.
??Modernit頻, un gros mot pour le PJD
C?est un homme de gauche, Amine Sbihi, qui occupe le portefeuille de la culture au sein du gouvernement Benkirane. Faut-il encore en faire une lecture politique ??positive?? sur le mode d?un PPS sauvegardant les acquis d?mocratiques et modernistes?? Pas vraiment. Le ministre de la culture s?accroche plus au devoir de solidarit??avec le gouvernement auquel il appartient qu?? la promotion d?une culture libre, innovante, inspir?e. ??A l??vidence, Ce responsable de gauche appartenant ? un Ex?cutif conservateur n?a pas su, n?a pas pu s?inspirer de la devise de l?ancien premier ministre fran?ais, le socialiste Lionel Jospin qui affirmait dans sa d?claration de politique g?n?rale que ? la culture est l??me de la d?mocratie??, commente ce c?l?bre plasticien.
Principale force de la coalition gouvernementale, les islamistes du PJD creusent doucement et s?rement leur sillon. Si les d?clarations intempestives sur l?art propre, la cr?ation halal et autres festivals ?uvre de Satan sont moins audibles, le projet reste le m?me. Derri?re la banni?re du patrimoine et de la culture authentique, le parti islamiste de M. Benkirane entend ne laisser aucune place ? l?art qui innove, cr?e, fusionne, ne s?interdit aucune inspiration ni influence. Dans sa d?claration gouvernementale devant le parlement, le premier ministre n?a jamais prononc? le mot ??modernit頻. Etats g?n?raux de la culture ou pas, c?est un signe qui ne trompe pas.