National
La démocratie en danger
Les ?lections, dans les d?mocraties, se succ?dent et n?annoncent que des coups de tonnerre. En Italie, le mouvement cinq ?toiles a pris des villes dont Rome et Turin. Dans la capitale, la ville ?ternelle, une jeune et belle avocate, sans exp?rience a recueilli 67 % des voix contre 7 partis traditionnels. Elle n?a pas pr?sent? de programme, pas une seule mesure, juste une profession de foi contre la corruption, pour la transparence.
Auparavant, en Autriche, la finale s?est jou?e ente le candidat de l?extr?me droite et un candidat ind?pendant, vaguement ?cologiste. En Espagne selon les sondages, PODEMOS passera devant le PSOE, Trump n?est pas n?cessairement battu aux USA. Le lien entre tous ces ?v?nements, c?est la mont?e visible des antisyst?mes, que cela soit une posture ou une conviction.
Il y?a deux attitudes actuellement chez les commentateurs. La premi?re, la plus r?pandue, consiste ? charger la barque des politiques traditionnelles. Ils seraient coup?s du peuple, un peu corrompus, trop technocratiques. La seconde remet en cause l?ouverture, la mondialisation et voudrait faire de la question Identitaire la question nodale.
Les deux, ? mon avis, sont dans l?erreur. La question identitaire est pr?gnante en Autriche, pas en Italie. L?Euroscepticisme mobilise dans des pays comme la France ou l?Angleterre, mais pas en Espagne ou en Italie. Le mal est beaucoup plus profond.
Le clivage gauche-droite ne tient plus pour des raisons politiques, mais aussi sociologiques. Les gauches ont abandonn? l?aspiration ?galitaire depuis le d?ferlement de la pens?e lib?rale dans les ann?es 80. De concessions en concessions, elles n?ont pas d?ancrage soci?tal pr?d?fini. Ce n?est qu?un aspect du probl?me parce que la sociologie s?en m?le. La classe ouvri?re est num?riquement en r?gression, l?artisanat n?est plus individuel, il n?y a plus de petits agriculteurs, d?autres formes de salariat ont ?merg?. Les questions libertaires, le mariage des gays par exemple, m?me clivantes, ne sont plus port?es par un seul camp de la classe politique et ne sont plus, en cons?quence, un d?terminant. En Angleterre, le gouvernement de droite a pass? sa loi sans coup?f?rir.
Nous sommes face ? une histoire qui se termine, celle de la d?mocratie repr?sentative, telle que v?cue depuis plus d?un si?cle. On peut ergoter sur la capacit? des hommes, consid?rer qu?ils ne sont pas ? la hauteur des enjeux, c?est oublier les grands hommes sous le produits des circonstances et que sans la guerre Churchill serait mort dans l?anonymat alcoolis?.
Le mal est plus profond. Les institutions d?mocratiques ont ?t? pens?es de mani?re verticale. La souverainet? populaire, s?exprimant par les urnes, offrait la l?gitimit? ? des institutions cadenass?es. Or la soci?t? est devenue horizontale. Les diff?renciations cat?gorielles ou purement patrimoniales ne sont plus op?rants. Les gens ont des revendications parcellaires, multiformes, qui prennent plus d?importance ? leurs yeux, depuis que l?on leur ass?ne l?id?e qu?il y?a un projet de soci?t? possible. Ils s?en prennent au syst?me politique parce qu?il n?y a plus d?offre de bouleversements sociaux. Les forces centrifuges actuelles ne sont que l?expression d?une crise de l?humanit?, celle d?une perspective de v?ritable d?mocratie sociale. Elle sortira des entrailles des turbulences qui s?annoncent et cr?era ses propres cadres.