Lettre ouverte à Hamid Chabat (et accessoirement à Aziz Lebbar)

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Ancien parlementaire, Abdelilah Souadka?est chirurgien canc?rologue

Je ne vous connais pas M. Hamid Chabat. Je ne vous ai jamais rencontr?. C?est dans la chronique politique devenue ? sensations en ce qui vous concerne que j?ai commenc? ? d?couvrir quelques traits de votre personnalit? profond?ment controvers?e. Quant ? vous, M. Aziz Lebbar, je n?ai eu que de vagues ?chos de vos coups d??clat rapport?s trop g?n?reusement ? mon go?t par une presse avide, une fois encore, de sensationnel. Je ne vous connais pas Messieurs et ce soir je m?en r?jouis. Ce qui s?est pass? entre vous, Monsieur le secr?taire g?n?ral du parti fond? par Allal Al Fassi et? vous l?honorable conseiller ?lu sous les couleurs d?une formation politique qui se pr?sente comme une forte et cr?dible alternative, ce qui s?est pass? entre vous quelques heures seulement apr?s l?inauguration de la nouvelle ann?e l?gislative par le Souverain t?moigne de l??tat de la politique au Maroc. Vos coups de poings sous la coupole ont mis K.O la pratique politique en terre marocaine. Quelques heures auparavant, ? l?int?rieur de l?h?micycle, vous aviez tous deux applaudi des deux mains lorsque le Roi a appel? les parlementaires ? adopter un comportement ?thique et ? servir l?int?r?t g?n?ral au lieu des int?r?ts politiciens forc?ment ?triqu?s. Avec vous MM Chabat et Lebbar, les Marocains ont franchi le mur du son. Apr?s la sc?ne de vendredi soir, immortalis?e par des photographes qui fort heureusement ?taient pr?sents? la politique n?est pas seulement ? terre, au ras de l??go?t et du caniveau. Elle est sous terre, enterr?e dans la fosse commune o? finissent g?n?ralement, les sans identit?s, les sans abris, les accident?s de la vie, ceux ? qui la vie n?a pas fait de cadeau. Et vous, Monsieur le leader et Monsieur le parlementaire, par vos agissements sous la coupole ce vendredi 10 octobre 2014, vous avez fait de la politique de l?action politique, une sans abri, une sans identit? jet?e dans la fosse commune des parias.

Je vous entends d?j? M. Chabat vous dire avec vos mots et ? votre mani?re?: ??mais qui est-il cet homme pour condamner, porter des jugements et prononcer des sentences contre un leader???? Je vous entends M Lebbar hurler?: ?? mais qui est il cet homme qui ose nous juger????

Je vous r?ponds Messieurs. Je suis chirurgien canc?rologue et je suis tomb? en politique en ces ann?es de braise o? il ne faisait pas bon d?en faire. Ann?e bac, ann?e blanche, Larache comme plusieurs villes du pays ?tait en ?bullition. Comme beaucoup de jeunes de ma g?n?ration, j?ai r?v? de changement, de libert?, de d?mocratie. Avec ferveur comme je n?en ai plus jamais v?cue. A la fac de m?decine de Rabat et ? la cit? U de l?institut ??d?agro??, on faisait et refaisait le monde jusqu?au petit matin bl?me.

J?ai fini par perdre mes illusions. La r?pression avait eu gain de cause en cassant tous les r?ves de la g?n?ration ? laquelle j?appartiens.

A la fin de la d?cennie 1980, la lutte contre le cancer commen?ait ? peine au Maroc. Engag?s dans ce combat, nous faisions figure de pionniers. Et dans cette lutte contre une maladie encore tabou dans un pays comme le n?tre, j??tais tous les jours confront? ? cette id?e intense de vouloir changer les choses, casser les murs des in?galit?s, agir pour que les Marocains soient ?gaux devant la maladie, c'est-?-dire devant les soins en ayant acc?s? aux traitements contre le cancer. Si j?avais perdu mes illusions d??tudiant sur lequel le vent de mai 1968 avait souffl?, je faisais comme M. Jourdain de la politique (presque) sans le savoir.

Des ann?es plus tard, j?ai franchi le pas en m?engageant politiquement mais sans jamais quitter le bloc op?ratoire. Parlementaire, je voulais, par-dessus tout contribuer? ? faire de? la canc?rologie un probl?me de sant? publique ? dans notre pays.

C?est en regardant dans le r?troviseur de l?engagement militant qui a exist? chez nous que? je vous juge aujourd?hui, que je condamne avec force le spectacle pitoyable que vous renvoyez de la politique. M. Lebbar a ?t? exclu de son parti. Et vous, M. Chabat, ? qui rendrez-vous des comptes?? O? plut?t qui osera vous en demander??

Pass?e la col?re, il ne reste plus chez moi qu?une immense tristesse, une infinie d?ception. Transformerons-nous l?essai d?une transition d?mocratique qui n?en finit pas de durer et de perdurer?? Les principes g?n?reux port?s par la constitution adopt?e dans le sillage du Printemps arabe (tr?s vitre devenu automne) traverseront-ils un jour la r?alit??pour ?tre incarn?s sur le terrain?? Le doute m?envahit. Je n?ai pas de r?ponse. Et parce que je suis profond?ment convaincu qu?il ne saurait y avoir de d?mocratie sans partis politiques, je regrette fonci?rement, r?solument et avec toute l??nergie d?un ancien militant? que vous vous drapiez MM Chabat et Lebbar dans les oripeaux de la politique. J?ai perdu mes illusions. Je refuse que l?avenir de mes enfants le soit.

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