Aux noces du fils ittihadi, Benkirane, Chabat et Benabdallah unis pour le meilleur et pour le pire

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Par presse interposée, les règlements de compte ont commencé. Les attaques contre le nouveau président du Rassemblement national des  indépendants  sont publiées à la « une » de  journaux réputés proches des islamistes du PJD

« Le commandeur des croyants », le livre de John Waterbury, n’a pas pris une ride.  Le mariage du fils du Premier secrétaire de l’USFP a été l’occasion, samedi 5 novembre, de reconfirmer le scénario défendu par Abdalilah Benkirane : un gouvernement composé du PJD et des trois partis de la Koutla agonisante.  Assis à la même table autour du chef de gouvernement, les leaders du PPS et de l’Istiqlal ont envoyé une sorte de  message subliminal. Ensemble pour le meilleur et pour le pire, ont-ils affiché aux noces du fils de Driss Lachgar.  Venus dans la même voiture depuis Rabat, Abdalilah Benkirane, Hamid  Chabat et Nabil Benabdallah quitteront ensemble la cérémonie pour  emprunter le même véhicule pour rentrer.

Les contours de la prochaine majorité se sont-ils donc fixés en ces noces de la progéniture ittihadie ? En tout cas, et selon nos informations, l’Union socialiste des forces populaires semble revenir à de meilleurs sentiments. Après avoir joué au yo-yo, oscillant entre participation et  non participation, Driss Lachgar entend désormais se plier à la décision de la commission administrative de sa famille politique. Un bureau politique  du parti de la Rose est prévu en fin d’après-midi de ce lundi 7 novembre. « Son issue sera déterminante pour l’avenir. Si la commission administrative est convoquée pour samedi prochain, cela signifiera que le chemin de la participation à un gouvernement Benkirane se précise », confie un ittihadi membre de l’instance exécutive de l’USFP.

La course effrénée vers les fauteuils ministériels ne fait que commencer alors qu’Abdalilah Benkirane donne l’impression de prendre tout son temps pour former sa majorité.  Par presse interposée, les règlements de compte ont, eux, commencé. Les attaques contre le nouveau président du Rassemblement national des  indépendants  sont publiées à la « une » de  journaux réputés proches des islamistes du PJD. Le Mouvement populaire se rebiffe et fait entendre sa voix. Il n’est pas disposé à gouverner avec la Koutla.  Ce à quoi un cacique de l’alternance rétorque que les Harakis participent à des gouvernements de la Koutla depuis 1998.

Dimanche, le discours prononcé par le Souverain depuis Dakar et à l’occasion du 41ème anniversaire de la marche verte est venu remettre les pendules à l’heure et sonner la fin de la récréation. Pas question pour le Roi de laisser former un gouvernement qui n’obéirait qu’à la seule logique du butin électoral que l’on veut se partager loin des compétences.  « Nous ne pouvons que nous inscrire dans la vision royale. Tout gouvernement ne peut se constituer que sur la base d’un programme clair et d’une homogénéité, bien au-delà des calculs et de l’arithmétique. Seuls ces éléments feront durer l’Exécutif », a déclaré Nabil Benabdallah, le SG du PPS à Quid.ma.

Du côté du Rassemblement national des indépendants, on boit du petit lait. L’allocution royale et l’avertissement au chef du gouvernement sont vécus comme un « message très fort ». « Seuls les profils de compétence auront droit de cité au sein du gouvernement.  Le Souverain y veillera. On est déjà rassurés », affirme ce ministre du parti de la Colombe.  Mercredi, le bureau politique du RNI tient réunion sous la présidence de Aziz Akhennouch actuellement à Dakar à l’occasion de la visite royale au Sénégal.

La COP 22 qui a commencé ses travaux ce lundi 7 octobre à Marrakech va donner du répit à Abdalilah Benkirane. Personnel politique et décideurs sont tout à la conférence mondiale sur les changements climatiques. Le premier cercle du leader du PJD ne le cache pas. La formation du futur gouvernement s’annonce plus difficile que prévu pour Benkirane, qui, dit son entourage proche, « n’est pas prêt à  avaler n’importe quelle couleuvre » ni à diriger un Exécutif à l’orientation purement libérale où le RNI, l’UC et le MP auraient la part belle.

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