Dans un croisement inédit : Fouzi Lekjaa fait le procès de la fraude et des fraudeurs devant le Conseil des oulémas 

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Dans ce rare exercice, Fouzi Lekjaa s’est démarqué par une attaque en règle, sans gants et sans jambières, contre la fraude

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Un évènement inédit 

Il faut le dire, cette démarche est, de mémoire d’homme, sans précédent. Des responsables gouvernementaux et d’institutions nationales qui s’ouvrent aux « sentinelles de la religion» ne peut passer Inaperçu. On a vu ainsi passer, entre autres, le ministre istiqlalien de l’Équipement et de l’eau Nizar Baraka, l’ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général de l’islamiste PJD Saad Dine El Otmani, l’ancien ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, le porte-parole du gouvernement Mustapha Biatas, la présidente du Conseil National des Droits de l’homme  (CNDH) Amina Bouayache, le premier président de la Cour des comptes Zineb El Adaoui, ou encore le porte-parole de la DGSN/DGST Boubker Sabik. Le patchwork de profiles en dit assez sur une ouverture sans doute en quête d’interactions. Ce croisement des prismes devrait, sur le papier du moins, donner lieu à bien des évolutions. Ça reste toutefois à voir. On y reviendra. 

Dans ce rare exercice, Fouzi Lekjaa s’est démarqué par une attaque en règle, sans gants et sans jambières, contre la fraude qui « bien qu’elle puisse sembler être un ‘’comportement individuel isolé’’, représente en réalité l’un des principaux obstacles au développement et le progrès de la société et compromet le principe d’équité et d’égalité entre les citoyens ». 

L’un des comportements les plus néfastes pour l’État et la société

Ministre délégué chargé du budget qui a à sa disposition l’œil et les outils nécessaires pour savoir avec un maximum d’exactitude l’ampleur du fléau, il a précisé qu’il « touche de nombreux secteurs », tels que « les marchés et les administrations », et qu’il concerne aussi bien « les citoyens opérant dans l’économie informelle que de « grands investisseurs qui exercent dans des domaines non autorisés », ce qui « porte atteinte à l’économie nationale et freine la croissance ».  

« La fraude est l’un des comportements les plus néfastes qui affectent l’État et la société dans son ensemble », a dit M. Lekjaa pour préciser qu’elle peut être « perpétrée aussi bien par un responsable au sein d’une administration publique ou d’une collectivité locale que par un citoyen qui cherche à contourner ses obligations fiscales ou à frauder l’impôt ».  

Il a ensuite attiré l’attention sur  ces comportements  qui « ne relèvent pas uniquement d’une question morale », mais « engendrent des coûts financiers et de développement considérables », affectant toute la société. Puis précise : la fraude « entrave la réalisation des grands projets et des politiques publiques programmées », et « empêche l’adoption de nouvelles stratégies bénéfiques aux citoyens », d’où la nécessité sans atermoiement « d’éradiquer ces pratiques » qui compromettent « la justice sociale ». 

La fraude un « système global »   

C’est, donc, dans ce sens, rappelle Fouzi Lekjaa que « le législateur a mis en place un cadre juridique adapté pour traiter la fraude et sanctionner les personnes impliquées ». Il a toutefois précisé que l’action gouvernementale « ne repose pas uniquement sur la répression », mais inclut « une surveillance rigoureuse et un accompagnement efficace afin de garantir la bonne exécution des projets et une organisation optimale du travail dans différents secteurs ».  

Ceci étant dit, le ministre en charge du Budget est passé à ce que l’on peut attendre des théologiens dans ce registre. On ne sait pas comment les oulémas l’ont pris, mais Il est primordial, leur a-t-il dit, « de mettre en avant et clarifier les valeurs coraniques » pour contribuer à « renforcer la compréhension correcte de ces principes ». Il leur a aussi expliqué que « le concept de justice ne doit pas être réduit à la perception d’une victime qui subit une injustice », mais doit être compris comme un « système global » qui additionne « les comportements individuels » pour nuire à l’ensemble des équilibres de la société. Il est en conséquence « nécessaire que les oulémas interviennent pour contribuer à l’élimination les comportements négatifs sachant que ‘’la morale ne se limite pas à une pureté individuelle », mais constitue un « ensemble de valeurs régissant les interactions quotidiennes », se manifestant particulièrement « dans le comportement du citoyen et son impact sur les affaires publiques ».

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