National
Entretien avec Ilyas El Omari
Consultations gouvernementales, alliance avec la FGD, Mohcine Fikri, nous avons parlé des sujets et faits saillants de l’actualité marocaine avec Ilyas El Omari, secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité. Entretien.
Que pouvez-vous nous dire concernant le retard de la formation d’un nouveau gouvernement ?
Ce que je peux vous dire, c’est que nous ne nous sentons pas du tout concernés par les tractations ou la composition du nouveau gouvernement. Nous avons choisi de faire partie de l’opposition. Pour ma part, je souhaite un bon courage à Benkirane dans sa composition du gouvernement.
Qu’est ce qui bloque selon vous ?
Ce que je peux vous dire à ce sujet, c’est que les gouvernements, partout dans le monde, se composent suite à des partenariats et des alliances stratégiques qui permettent de créer de la valeur ajoutée, et non pas par des calculs de sièges obtenus aux élections. C’est pour cela, que le nouveau chef du gouvernement désigné ne doit en aucun cas oublier que les électeurs qui ont voté pour son parti ne représentent qu’un million et demi de personnes, tandis que plus de 5 millions de marocains ont voté pour d’autres partis. Il faut travailler pour le bien être de tous les marocains et non pas seulement pour ceux qui ont voté pour lui.
Afin d’éviter le retard de la constitution du nouveau gouvernement, pourquoi ne faîtes vous pas une alliance avec le PJD ?
Notre position a été très claire dès le lendemain du 7 octobre. Juste après l’annonce des résultats des élections, nous avons publié un communiqué où nous félicitions le PJD pour sa première place. Nous avons également tenu à féliciter nos candidats pour les résultats obtenus. Et par la même occasion, nous avons annoncé notre positionnement au sein de l’opposition, et ceci par respect aux principes de notre parti. Il n’y a pas de changement là-dessus...
Même si c’est pour la bonne cause ?
Comment peut-on s’allier à un parti contre lequel on s’est opposé pendant les 5 dernières années ? Au sein du parlement ou dans la vie politique de tous les jours, le fait de s’allier au PJD voudrait dire que nous ne respectons ni nos électeurs, ni la majorité silencieuse que représentent 57% des marocains qui ne se sont pas présentés aux bureaux de vote.
Concrètement, il faut que le gouvernement soit constitué le plus vite possible, pour le bien être de cette nation, et je conseille aux autres partis qui rejoindront le gouvernement d’éviter les querelles et de travailler pour le bien être du pays.
Est-il envisageable pour vous de former une alliance avec la FGD, étant donné que vous serez tous les deux dans l’opposition ?
Je ne peux pas parler d’alliance avec le FGD dans la mesure où ce parti, pour lequel j’ai beaucoup de respect, a une idée de notre parti, que certe nous ne partageons pas, mais que nous respectons. Par contre nous ne sommes pas contre des actions communes quand cela est pertinent et opportun.
Beaucoup disent du PAM que c’est un parti de notables. Est-ce un parti de notables ? Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Nous avons eu un million et deux cents milles voix aux dernières élections. Y’a-t-il au Maroc un million et deux cents milles notables ? Plus de 60% des 102 députés que nous avons au parlement est composé de cadres, de médecins, de fonctionnaires et d’instituteurs. Nous sommes le parti des marocains. Si les notables sont marocains, nous sommes leur parti. Nous sommes aussi le parti des agriculteurs, celui des jeunes et des chômeurs, celui des femmes et des hommes...Nous sommes le parti des marocains !
Parlez nous de l’affaire « Fikri », sachant que vous êtes président de la région où se sont déroulés les faits...
L’affaire Fikri est un drame qui reflète une anomalie sociétale et économique qui s’appelle la « contrebande », qui est propagée dans la région de Tanger-Tétouan, et sous toutes ses formes, que ça soit la contrebande de poissons, de marchandises ou de stupéfiants, jusqu’au transport illégal des humains. Selon une récente étude dans ce sens, il a été révélé que l’économie de la région d’Al Hoceima se base à hauteur 83% sur la contrebande.
Quel est alors la solution pour que ce drame ne se reproduise plus ?
Il faut essayer d’intégrer le secteur informel dans le formel. Dans ce sens, étant président de la région, j’ai envoyé une lettre au chef du gouvernement pour tirer cette affaire au clair, afin que les marocains sachent les dessous de cet incident. Voici ce qu’il m’a répondu : « le président d’une région n’a aucunement le droit d’envoyer un courrier au chef du gouvernement dans ce sens ».