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Istiqlal, USFP, PJD…Tous ont utilisé un concept semblable au Tahakoum
De 1963 à 2007, aucune élection au Maroc n’a échappé à la dénonciation. Toujours avec une floraison de qualificatifs pour désigner « les mains de l’ombre »
Un mot a phagocyté la campagne électorale et squatté les esprits : Attahakoum. En balançant ce slogan, Abdalilah Benkirane qui n’en est pas l’auteur mais le plagieur, ses droits d’auteur revenant à l’homonyme turc du PJD, s’est dispensé de bilan et de programme, même s’il fait mine d’en présenter.
Pour quelqu’un qui a promis aux électeurs monts et merveilles en 2011 et n’a rien à leur offrir en 2016, il faut bien l’admettre, c’est plus qu’astucieux, machiavélique ! Est-il pour autant original ? Une rétrospective de l’histoire des élections au Maroc démontrerait le contraire.
Attahakoum, machiavélique mais pas original
De 1963 à 2007, aucune élection au Maroc n’a échappé à la dénonciation des partis qui accusaient le pouvoir de bourrer les urnes et de falsifier les scrutins pour préserver sa main mise sur tout ce qui respire au Maroc.
Le trucage massif des législatives de 1963 représente l’inauguration d’une attitude constante de l’opposition : S’abstenir de participer à cause d’une suspicion de falsification et de conditions politiques non réunies (1970 et 1972), ou participation et dénonciation systématique des résultats à partir de 1977.
Si avant cette date les élections se déroulaient dans des situations de tension extrême et de confrontation, un peu semblable à celle que nous vivons aujourd’hui, les choses se normaliseront un peu plus par la suite avec le retour des partis de l’opposition au jeu institutionnel. Ce qui n’empêcha pas des pics de confrontation avec notamment les émeutes de juin 1981 et de décembre 1990, celles de 1984 étant plus spontanées, les partis et les syndicats ayant été totalement étrangers à leur déclenchement.
Accompagnaient ces évènements une floraison de qualificatifs pour désigner « les mains de l’ombre » qui aux yeux de l’opposition manipulaient les élections. Pendant les années soixante et soixante-dix et jusqu’à la moitié des années quatre-vingt la préférence ira, vague socialisante oblige, à la féodalité, la réaction et la bourgeoisie compradore, entre autres jolis noms d’oiseaux.
Les choses se sophistiqueront avec la chute du mur de Berlin. Au gouvernement, l’Istiqlal imputera la résistance à son action aux « daoua’ir » (cercles de l’ombre) tandis que l’USFP évoquera quand il y arrivera avec l’alternance consensuelle, les poches de résistance là où aujourd’hui Benkirane parlait de Afarit et Tamasih, avant de leur préférer ce fameux Attahakoum. Dans les années quatre-vingt-dix, l’usfpéiste Mohamed El Yazghi mettra au goût du jour « le parti clandestin » pour désigner le ministère de l’Intérieur et ceux qui sont derrière ou à coté. Mhammed Boucetta, alors patron de l’Istiqlal surenchérira en lui répliquant : « pas si clandestin que ça ».
On le voit, de l’Istiqlal au PJD en passant par l’USFP, il y a beaucoup de point commun et leur plus grand dénominateur restera qu’aucun d’eux n’a jamais réalisé son programme ni ses promesses électorales. La situation du PJD étant pire, car jamais aucun parti n’a gouverné dans une conjoncture aussi favorable, avec 4 années successives de campagnes agricoles exceptionnelle, une baisse record du prix du baril et 5 milliards de dollars débloqués par les pays du Golfe et placés dans le budget général du pays.