Khalid Baddou : le city branding est l'affaire de tous les casablancais

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Le nouveau "city branding" de Casalanca a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours, du logo à l’identité visuelle, il a soulevé plusieurs réactions sur les réseaux sociaux entre partisans et opposants. Aujourd’hui, le Quid a requis l’avis de Khalid Baddou, président de l’Association Marocaine du Marketing et de la Communication sur cette polèmique. Entretien.

Parlez-nous de l’AMMC ?

L’Association Marocaine du Marketing et de la Communication a été créée en 2013 à l’initiative d’un groupement de professionnels et compte aujourd’hui près de 150 adhérents des métiers du marketing et de la communication. Son objectif est de promouvoir et développer les compétences des marketeurs et des communicants, ainsi que l’accompagnement des jeunes entrepreneurs dans leurs réflexions et leur stratégie marketing à travers un programme de mentoring, en plus de notre sujet phare d’une envergure nationale qui est celui de la « Marque Maroc ».

Quels sont vos principales initiatives ?

Nous sommes fiers d’être parmi les premières organisations à avoir mis sur la scène du débat public le sujet de la « Marque Maroc » il y a 3 ans, et d’avoir contribué aux réflexions avec des institutions publiques dans le but de créer une marque Maroc forte et cohérente où toutes les stratégies sectorielles se retrouvent, ce qui permettra à cette marque Maroc d’être promue à l’échelle nationale et internationale. Également, Nos « Rencontres de l’AMMC » ont été labellisées COP22. Notre association a pour objectif de faire monter en compétence les marketeurs et les communicants marocains à travers un partage de savoir et de bonnes pratiques.

Quel est l’avis de l’AMMC sur le city Branding de Casablanca ?

Quand on parle de City Branding, c’est une affaire de toute une “City”, et non pas exclusivement d’administration publique, d’entreprises ou d’élus. Bien au contraire, c’est une affaire de tous les citoyens de la ville. Pour que le city Branding soit réussi, il faut que les citoyens de la ville se l’approprient, et qu’ils ressentent que cette stratégie reflète leur image. Ce n’est pas une affaire de logo ou d’identité visuelle seulement.

À l’annonce du nouveau logo, les avis étaient répartis sur 3 niveaux. Des personnes neutres qui ne se sentent pas concernés par ce City Branding, ceux qui empriment une incompréhension, ou encore les personnes qui se sentent indignés et consternés par cette identité visuelle. Cette 3éme catégorie s’est exprimée sur les réseaux sociaux pour prendre position. Donc c’est une affaire de citoyen casablancais en premier lieu, et surtout de toute une ville.

Casa Events à pourtant impliquer plusieurs associations de jeunes dans l’élaboration de ce projet ?

Je ne connais pas quels ont été les critères de cette participation, mais je sais que le « branding » est une affaire de professionnels et de vision stratégique, avant que ça ne soit une affaire de logo ou d’identité visuelle. Les professionnels ont souvent l’habitude de créer ou de développer des marques et de faire des réflexions dans ce sens.

Au niveau de notre Association, nous avons mené une étude sur la perception de l’image du Maroc en Afrique, que les pouvoirs publics ont pris en compte. Pour la ville de Casablanca, nous sommes prêts à mettre à disposition notre expertise dans ce sens pour que cette identité - qui ne fait pas aujourd’hui l’unanimité – soit déclinée de manière à répondre aux attentes des citoyens.  

Si vous aviez fait partie du comité de pilotage de ce projet, quel aurait été votre démarche ?

Tout d’abord, il faudra évaluer tout le capital matériel et immatériel de Casablanca. La stratégie du City Branding n’est pas qu’une histoire de forme, c’est principalement une question de fond. La stratégie devra être à l’image de l’identité de la ville, l’élaboration d’une étude de perception auprès des citoyens de la ville est nécessaire, mais une étude similaire sur la perception des étrangers concernant la ville de Casa est recommandée. Par ces démarches, on aura un logo et une identité qui répondent à un besoin, et non pas une réflexion créative qui ne prend en compte que certains éléments extérieurs ou superficiels.

Qu’est ce que vous reprochez au conseil de Casablanca ?

Je ne leur reproche rien, je pars du principe que tout le monde a la bonne intention de bien faire. Maintenant, il faut savoir être à l’écoute des citoyens, qui sont en fin de compte les contribuables de la ville, et qu’on doit faire en sorte à ce qu’ils soient les premiers convaincus de l’identité qui est censée les représenter.

Que conseillerez-vous au comité de pilotage ?

Comme citoyen Casablancais, je demande que ce sujet soit tout d’abord dépassionner de toute frustration individuelle, et de le mettre loin de tout calcul politicien. Ensuite, je souhaiterais que le débat soit ouvert à nouveau pour revoir les prochaines étapes de ce City Branding le plus tôt possible, afin qu’il soit plus adapté au citoyen casablancais. Comme on dit, Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

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