chroniques
L'oxymore Borrellien: l'amitié Damoclès… Par Samir Belahsen
Aziz Akhannouch recevant Josep Borrell jeudi 5 janvier à la Primature
“ Tes destins sont d’un homme, et tes vœux sont d’un Dieu.”
Voltaire
“Tous les hommes font la même erreur, de s'imaginer que bonheur veut dire que tous les vœux se réalisent.”
Léon Tolstoï
Josep Borrell Fontelles, haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, vient de conclure sa première visite au Maroc.
Un partenariat commercial dynamique
L’Union est toujours le premier partenaire commercial du Maroc et le Royaume est toujours le premier partenaire commercial de l’UE parmi les pays de son voisinage Sud.
Le volume des échanges s’élevait à 43 milliards d’euros en 2021, les investissements directs européens au Maroc dépassent les18 milliards d’euros.
Les entretiens du haut représentant avec le chef du gouvernement et avec le ministre des affaires étrangères ce jeudi ont porté sur la lutte contre la migration irrégulière, les enjeux sécuritaires, les défis énergétiques, la situation au Maghreb, la Lybie et la politique européenne de voisinage.
Un potentiel prometteur
La veille Mr Borrell a tweeté « Le Maroc et l’UE ont un partenariat ancien et stratégique. Ma visite est l’occasion de l’approfondir pour faire face ensemble aux nouveaux défis géopolitiques, économiques & climatiques. »
Tous les domaines du partenariat sont prometteurs et stratégiques, on pense beaucoup à la sécurité et à l’énergie.
Le Haut représentant a d’ailleurs annoncé le lancement de deux nouvelles initiatives pour renforcer le partenariat entre l'UE et le Maroc. D’abord il y a le dialogue de haut niveau en matière de sécurité pour lutter ensemble contre les menaces du terrorisme dans la région.
La deuxième initiative concerne une coopération renforcée entre l'UE et le Maroc dans les institutions multilatérales pour relancer l'action multilatérale sur les défis globaux.
Les faits sont là…
Lors du point de presse conjoint Mr Borell a affirmé : « Deux tiers du commerce extérieur du Maroc se fait avec l'Union européenne. Nous sommes le plus important partenaire commercial et plus de la moitié de tous les investissements étrangers qui se font au Maroc vient de l'Europe. Plus de la moitié des investissements étrangers et deux tiers du commerce extérieur. C'est un palmarès difficile à surmonter … »
Sur le Sahara, dans sa déclaration le représentant de l’UE s’est contenté de répéter la position officielle un peu caduque et plutôt timide de l’union. Il a ajouté : « Nous avons pris note et nous valorisons beaucoup les efforts sérieux et crédibles menés par le Maroc à cet effet et nous encourageons toutes les parties à poursuivre leur engagement dans un esprit de réalisme et de compromis dans le contexte d'arrangements conformes aux buts et aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies ».
L’épée de Damoclès…
Concernant les allégations de soupçon de corruption au parlement européen visant le Qatar mais y mêlant aussi le Maroc, M. Borrell a argué qu’ils ‘’sont inquiétantes et les accusations sont graves. La position de l'Union européenne est claire: il ne peut pas y avoir d'impunité pour la corruption, zéro tolérance pour ça. Nous devons attendre le résultat des investigations en cours de la part des autorités judiciaires qui doivent amener toute clarté sur ces événements et nous attendons la pleine collaboration de tout le monde dans cette enquête. »
Son porte-parole avait rappelé qu’à ce stade : « il y a des allégations mais pas de preuve, pas d’enquête conclue… » Ce n’est donc que du harcèlement habituel contre le Maroc auquel sont habitués certains médias qui aurait contaminé le judiciaire et peut être même certains politiques en panne.
Pour rappel, dans l’Union Européenne, la corruption on connaît, son volume est de 981milliards d’euro, selon Anticor.
Lire aussi : Le Qatar ? La corruption au sein de l’UE est estimée par ANTICOR à 981 milliards d’euros par an dont 120 milliards en France
Anticipant le propos déplacé de M. Borrell, le seul de sa visite qui a retenu l'attention de ces médias auxquels son homologue marocain a faut allusion, Nasser Bourita a déclaré en ouverture de ce point de presse: ''Le partenariat Maroc-UE fait face à un harcèlement juridique continu et à des attaques médiatiques répétées’’, notant que le partenariat entre Rabat et Bruxelles ‘’doit être immunisé et protégé’’ et précisant que le Maroc défendra ce partenariat, et compte sur ses partenaires pour le défendre’’.
Il n’en reste moins que les allégations sans preuve, selon la formule du porte-parole de Borell, signifie que même si ce n’est pas vrai, même si l’UE le sait, ce serait une épée de Damoclès pendant quelques mois…
C’est en deuxième degré ce que Mr Borrell nous a annoncés pendant son point de presse tout en parlant d’amitié et de partenariat stratégique.
Nasser Bourita disait en décembre de notre relation avec la France :
« Aujourd'hui, il y a le besoin de rénover et d'adapter cette relation ». Cette déclaration pertinente, il faudrait l’étendre et l’appliquer également à l’union européenne.
Aussi, permettez-moi, pour une fois, d’applaudir Aziz Akhennouch pour avoir déposé une plainte en diffamation contre José Bové qui avait prétendu que les autorités Marocaines avaient tenté de le corrompre en 2010. Il ne s’agit plus de se laisser faire ou tendre la joue aux intimidations d’où qu’elles viennent.