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La Femme Marocaine, entre Progrès et Défis - Par Hassan Zakriaa

Elles nous ont toutes quittés, mais toutes ont laissées des traces sur la voie de l’émancipation. De G à D : Assia El Ouadie, Fatéma Mernissi, Rajaa Benlemlih, Touria Chaoui
Par Hassan Zakariaa
Ce 8 mars devrait leu rêtre dédiée. Elles nous ont toutes quittés à différents moments de leurs vies, chacune à sa manière et dans son créneau, elles nous ont montrés la voie. Et toutes ont laissées des traces sur la voie de l’émancipation de G à D : Assia El Ouadie, une grande figure de l’opposition doublé d’un poète, Touria Sekkat, sa mère, femme de lettres, était aussi militante et une féministe avant l’heure. Fatéma Mernissi, célèbre auteur féministe, sociologue et professeure d’université à Rabat, elle n’a pas peu marqué son temps et ses hommes par son combat. Rajaa Benlemlih, chanteuse à succès, elle n’en a pas moins entrecoupé son parcours pour poursuivre des études supérieures, montrant qu’on peut être une voix et avoir une tête. Touria Chaoui en 1952, à 16 ans, devient la première aviatrice marocaine. En 1956, elle est assassinée, sans que son mort soit élucidée
8 mars, Journée internationale des droits des femmes, devenu rituel a ceci d’avantageux : elle est une occasion pour transformer la célébration en bilan pour mettre en lumière la situation des femmes marocaines, qui, malgré des avancées notables, continuent de faire face à de nombreux défis.
Des avancées juridiques importantes
Au cours des dernières décennies, le Maroc a entrepris plusieurs réformes législatives pour améliorer les droits des femmes. La réforme du Code de la famille (Moudawana) en 2004 a marqué une étape majeure en renforçant leurs droits en matière de mariage, de divorce et de garde des enfants. En 2011, la nouvelle Constitution a consacré l’égalité entre les sexes et la parité comme un objectif à atteindre. La loi de 2018 contre les violences faites aux femmes a également constitué une avancée dans la reconnaissance et la criminalisation de certaines formes d’abus.
La révision en cours du Code de la famille marocain, vise à améliorer les droits des femmes dans plusieurs domaines clés. Les principales propositions incluent :
Mariage des mineures : Éliminer les exceptions légales permettant le mariage des filles de moins de 18 ans, introduit des réformes concernant les règles de succession, bien que les détails précis de ces modifications n’aient pas été entièrement divulgués et la tutelle légale est accordées aux mères avec des droits égaux à ceux des pères en la matière de même qu’elle vise à rendre les conditions de la polygamie plus strictes, rendant cette pratique plus difficile à justifier légalement.
De l’avis de quasi de tous les épris d’égalité, c’est une avancée significative vers l’égalité des sexes, mais déception ont bien été face au maintien du Taâssib (héritage par agnation) et aux questions liées à la filiation ADN, estimant que la réforme ne va pas assez loin pour éliminer toutes les formes de discrimination.
Une réalité contrastée
C’est donc une réalité contrastée que continue d’offrir aujourd’hui la situation de la femme au Maroc. L'application effective de ces lois reste un défi. La violence domestique demeure un problème préoccupant, avec des milliers de femmes encore victimes de violences physiques et psychologiques. L'autonomie économique des femmes reste également limitée : le taux d’activité féminine stagne autour de 20 %, l’un des plus bas au monde, en raison de nombreux freins socio-économiques et culturels.
Les défis de l'émancipation
Si l'accès à l’éducation s’est amélioré, les inégalités persistent, notamment dans les zones rurales où de nombreuses jeunes filles abandonnent l’école prématurément. Dans le domaine politique, bien que la représentation des femmes au Parlement ait progressé, estimée aujourd’hui à 24% sur une moyenne mondiale de 27%, elles restent sous-représentées dans les postes de décision.
Un avenir à construire
L’égalité réelle qui n’est pas une simple question de parité, mais un problème plus complexe, rend impératif de renforcer l'application des lois existantes, de promouvoir l’éducation des filles et de faciliter l’accès des femmes au marché du travail. La mobilisation de la société civile et des institutions publiques est cruciale pour briser les stéréotypes de genre et permettre aux Marocaines de jouer pleinement leur rôle dans le développement du pays.
Si pour les médias, le 8 mars est devenu un rituel auquel ils sacrifient des éditoriaux convenus, la célébration des réalisations des femmes marocaines doit s'accompagner d'un engagement au quotidien, renouvelé autant qu’il le faudra pour une société plus juste et équitable.