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Le tourisme, un secteur qui émerge dans un océan de problèmes
Le chef du gouvernement devant la Chambre des Conseillers pour répondre à une question sur "la politique nationale du tourisme" lors de la séance mensuelle des questions orales : ‘’ Le secteur a récupéré, en seulement 10 mois, 84% des touristes, par rapport à 2019, qui considérée comme une année de référence’’
Dans sa chronique de ce mercredi, CONJONCTURE ÉCONOMIQUE AU 1ER TRIMESTRE 2023 : SITUATION DIFFICILE MAIS PAS DÉSESPÉRÉE, Abdeslam Seddiki écrit que ‘’Pour ce qui est des activités hors agriculture, ce sont les activités tertiaires qui s’en sortent le mieux, en particulier le tourisme et le transport. Ainsi, le tourisme vit des moments euphoriques et la situation est en passe de retrouver son dynamisme d’avant covid’’. Devant la Chambre des Conseillers, le Chef du gouvernement qui a lancé un appel solennel à toutes les parties prenantes de s’engager pleinement (Cf. encadré) dans la mise en œuvre de la feuille de route stratégique, confirme la récupération rapide du secteur qui a crevé à fin 2022 ‘’le plafond de 91 milliards de dirhams à fin 2022’’. Il cible à l’horizon 2026 17,5 millions de touristes, la création d’environ 200 000 emplois directs et indirects et le seuil des 120 milliards de dirhams de recettes en devises pour le secteur. Que de bonnes nouvelles à ne pas bouder quand on connait ce que le Maroc doit par ailleurs affronter. Voici donc les principaux extraits de l’intervention de Aziz Akhannouch.
2 milliards de dirhams pour sauver le tourisme de l’effondrement
Pilier fondamental de l'économie nationale en raison de son importante contribution au PIB, et en raison également de son rôle crucial afin de surmonter les défis économiques et sociaux, créer des opportunités de travail et capter des devises, le secteur du tourisme fait l'objet d'une attention royale particulière. Se fondant sur cette orientation, le gouvernement mise sur ce secteur, à travers une politique réinventée et durable qui tient compte des tendances touristiques mondiales, des enjeux de la mondialisation et des évolutions potentielles de l'économie mondiale.
Au plus fort de la crise sanitaire mondiale et afin de faire face aux conséquences générées par la pandémie, le gouvernement a œuvré dans l'urgence et en partenariat avec les professionnels et les acteurs du secteur pour la mise en œuvre un plan d'urgence doté d’un budget de 2 milliards de dirhams, ce qui a permis au secteur d'être sauvé de l'effondrement dans une conjoncture économique mondiale difficile et tendue.
Le plan d'urgence élaboré par le gouvernement a été couronné de succès, ayant permis de soutenir les acteurs du secteur touristique, d'aider les entreprises y opérant à surmonter les effets négatifs de la pandémie de Corona et à préserver les emplois.
Une rapide récupération
Le secteur a récupéré, en seulement 10 mois, 84% des touristes, par rapport à 2019, considérée comme une année de référence, notant que ce taux de récupération est supérieur au taux de récupération moyen mondial, qui est estimé à 63%.
Aussi, les recettes touristiques en devises ont dépassé le plafond de 91 milliards de dirhams à fin 2022, en augmentation de + 116% par rapport à 2019 et de 166% par rapport à l’année 2021.
11 millions de touristes
Ces efforts, et à la bonne gestion de la période post-pandémique, de même que le succès de la campagne de vaccination, ont permis une très forte reprise après l'ouverture des frontières, au mois de mars 2022, accueillant, entre mars et décembre 2022, environ 11 millions de touristes, avec une augmentation de +292% par rapport à 2021 (3,7 millions de touristes), et de +391% par rapport à 2020 (2,7 millions de touristes).
Etrangers, Marocains du Maroc et de l'extérieur au Royaume des lumières
Le Gouvernement a travaillé sur le lancement de vastes campagnes promotionnelles pour promouvoir le potentiel touristique du Maroc aux niveaux local et international, et pour valoriser la destination Maroc 1sur tous les marchés stratégiques. La campagne « Ntla9aw f bladna » a été lancée, incitant les Marocains du Maroc et de l'étranger à découvrir le potentiel et la richesse touristique du Maroc.
La plateforme « Visit Morocco », dédiée au tourisme international a également été lancée, en complément de la marque « Maroc, Royaume des Lumières », qui a été lancée simultanément dans 20 pays. A travers ces campagnes de promotion, le gouvernement vise à accroître la visibilité du Royaume, à promouvoir le tourisme marocain au niveau mondial et à s'ouvrir à de nouveaux marchés, notamment américains et asiatiques.
Le gouvernement travaille également à qualifier le capital humain opérant dans le secteur du tourisme, en lui permettant de suivre les tendances et les évolutions mondiales pour atteindre l'excellence, en particulier dans un environnement concurrentiel, convaincu que le développement du secteur ne peut se faire sans des ressources humaines qualifiées qui contribuent efficacement à atteindre les standards de qualités requis dans le secteur du tourisme.
Face aux chocs, un modèle innovant
Le secteur du tourisme est un secteur éminemment vulnérable aux crises, c’est une évidence que le Maroc connait depuis au moins depuis la guerre du Golfe en 1990 prolongée par l’attaque terroriste de l’hôtel Atlas Asni à Marrakech en 1994 et il était clair pour le gouvernement qu’avec la pandémie, comme le reste du monde, la première onde de choc allait toucher ce secteur. Depuis et pour renforcer le tourisme face aux chocs exogènes, le gouvernement travaille sur une approche holistique pour un modèle marocain innovant de tourisme durable à même de relever les défis sous toutes ses formes, qu'ils soient sanitaires, environnementaux ou économiques.
L’action a donc été axée sur la diversification de l'offre touristique et son adaptation aux nouvelles exigences des touristes, notamment en matière de tourisme culturel, rural, montagnard et écologique, pour sortir du tourisme saisonnier et permettre au pays d'attirer, tout au long de l’année, un segment diversifié de visiteurs.
La chance, mais pas seulement
La participation remarquée de l'Equipe Nationale de Football à la Coupe du monde au Qatar, a largement contribué au rayonnement du Royaume au niveau international et formé une campagne de communication remarquée au profit du Royaume. C’est une chance qui ne sourit en vérité qu’au travail, la performance des Lions de l’Atlas étant le fruit d’une action en profondeur dans ce domaine.
Une demi-aubaine donc qui a suscité un intérêt sans précédent pour le Maroc, en particulier parmi les célébrités et les faiseurs d'opinion, qui représentaient 40 % de ceux qui ont parlé positivement du Maroc. Le nom "Maroc" a été mentionné plus de 13 millions de fois, et plus de 130 millions d'interactions avec le contenu de "Maroc" ont été enregistrées par les utilisateurs des médias sociaux, ce qui a offert une opportunité sans précédent pour le secteur du tourisme et un moment historique pour le Maroc de s'ouvrir à de nouveaux marchés potentiels tels que les États-Unis, le Brésil, l'Argentine, le Moyen-Orient et l'Afrique subsaharienne.
Le gouvernement, avec ses différentes composantes, s’engage dans la voie tracée par le Souverain et par l’importance qu’Il confère au sport en tant que levier de développement, facilitateur d’investissement, et mécanisme de promotion du Royaume en tant que destination touristique. Il est ainsi tout-à-fait naturel que le gouvernement affirme sa pleine mobilisation à poursuivre le développement des infrastructures sportives à tous les niveaux, afin de renforcer les chances du Maroc d’organiser diverses manifestations, qu’elles soient continentales et internationales.
Les locaux, ces sauveurs !
Le tourisme intérieur est considéré comme un pilier essentiel du secteur touristique en raison de sa capacité à résister aux crises, et cela a été également révélé par la pandémie, car il a constitué une soupape de sécurité pour sauver le secteur de l'effondrement. Dès lors, le gouvernement s'emploie activement à poser des bases solides pour le développement durable du tourisme intérieur comme levier de relance du secteur touristique, en cristallisant un ensemble de mesures dont la mise en œuvre a déjà commencé.
Les infrastructures et ce qui s’ensuit : 2,5 millions de Marocains
Le développement du secteur touristique nécessite de prendre un ensemble de mesures d'accompagnement, au niveau du développement des infrastructures et de la logistique, qu'il s'agisse du développement du transport aérien, de la réhabilitation des ports d'accueil, ou niveau de renforcement du réseau ferroviaire.
Dans le sillage, le gouvernement considère le secteur de l'artisanat traditionnel comme un levier de valorisation du patrimoine national et de renforcement de l'attractivité économique et touristique du Maroc, car il est une composante essentielle de l'amélioration et du développement de l'offre touristique.
Le gouvernement lui a accordé une attention particulière, compte tenu de l’impact de la crise sur les opérateurs de ce secteur qui emploie plus de 2,5 millions de Marocains.
Dans ce contexte, un travail a été fait pour réorganiser ce secteur, en activant la loi réglementant l'artisanat, que les artisans traditionnels attendaient depuis des années, en promulguant des textes réglementaires pour mettre en œuvre les exigences de la loi liées à l'exercice des activités de l'artisanat traditionnel, en plus à la création du registre national de l’artisanat ainsi que de sa plate-forme électronique afin de permettre aux artisans traditionnels de bénéficier de toutes les offres, services et aides de l'État.
Dans le cadre du développement de l'offre commerciale, le gouvernement a accéléré les programmes de réhabilitation des infrastructures existantes et de création de nouvelles structures, qui sont des espaces d'exposition et de vente, outre la préparation d'une nouvelle approche de réhabilitation des filières de l'artisanat traditionnel, laquelle repose sur une valorisation globale du produit marocain, à travers l'approvisionnement en matières premières, la production puis la commercialisation.
Le défi
Après le succès du plan d'urgence pour le maintien de la vitalité du secteur touristique et de sa capacité opérationnelle, le gouvernement a travaillé, dans le cadre d'une approche prospective, à l'élaboration et à la mise en œuvre de la nouvelle feuille de route du secteur, qui est une « roadmap » innovante, coordonnée et basée sur une approche pragmatique et une gouvernance territoriale et participative, avec pour objectif de relever le défi de la croissance durable du secteur, et de l'adapter aux évolutions importantes de la demande et des marchés.
A travers cette feuille de route, le gouvernement vise à attirer 17,5 millions de touristes par an d'ici 2026, à créer environ 200 000 emplois directs et indirects et à atteindre le seuil des 120 milliards de dirhams de recettes en devises pour le secteur.