Les messages clairs de l'Europe à l'Algérie* – Par Talaa Saoud Al Atlassi

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La Cour d’appel de Londres

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Par Talaa Saoud Al Atlassi

La décision de la Cour d'appel britannique confirmant la validité et la légalité de l'accord commercial maroco-britannique, en réponse à une allégation de sa nullité et à une demande de son annulation émanant d'une association britannique soutenant le Polisario, ne restera pas sans suite. Elle aura assurément un impact important sur le référentiel juridique relatif aux litiges internationaux concernant le Sahara marocain. 

Il ne s'agit pas moins ici que d'une cour supérieure britannique, fruit de la longue tradition juridique anglaise. Ce qu’elle a récemment rendu, c’est une décision purement juridique, mais aux incidences politiques sans équivoque, à savoir que le Maroc est un pays unifié comportant toutes ses régions, y compris les régions du Sahara récupérées de la colonisation espagnole. 

Le constat d’une grande Justice

La justice britannique est une autorité reconnue et influente dans la pratique judiciaire internationale. Qu’il s’agisse de sa pensée ou de ses interprétations, elle n'est pas une justice littéraliste, mais une justice fondée sur l’interprétation qui interpelle l’intelligence des textes. Elle l’a encore une fois démontré à travers sa décision liée au Maroc, libérée des préjugés et des allégations politiques, refusant de considérer les slogans et la harangue pour ce qu’ils ne sont pas, des principes irréfragables ou des lois contraignantes.

Elle a examiné la réalité des faits sur le terrain et constaté que le Sahara marocain est une composante naturelle de l'entité nationale du pays, autorisant l'État marocain à l'inclure dans son accord avec le gouvernement britannique. Sa situation effective et juridique permet en conséquence à Londres de commercer avec le Maroc, sans exclusion d’une région ou d’une autre, y compris ses régions sahariennes. C’est là le constat fait par une grande justice que le Sahara est marocain. Ce constat a été confirmé et entériné par une formulation juridique qui fait autorité. Elle a force de référence et de jurisprudence dans le droit international. Et elle représente un changement tangible dans la culture politique et juridique européenne qui encadre l'approche qu’ont certains pays du Vieux continent du conflit autour du Sahara marocain. Enfin, cette décision ne peut pas rester sans effet sur l’approche des relations avec le Maroc, ou ignorer ses caractéristiques propres et ses problématiques intrinsèques.

Avant Londres d’une semaine, depuis Bruxelles, a été pris un autre tournant important touchant les relations maroco-européennes qui trouve désormais ses soubassements dans la nouvelle culture politique commandant l'appréhension européenne du Maroc. Il s'agit de la décision de l'Union européenne de retirer le Maroc de la zone grise relative au blanchiment d'argent. C’est la reconnaissance que le Maroc a établi et consolidé des règles de transparence dans les transactions financières et bancaires qui fondent l'intégrité et  la salubrité des échanges économiques en général, et commerciales en particulier, avec le Maroc. 

Ces évolutions ne sont pas isolées et se reflètent dans les accords avec de nombreux pays européens en particulier, et de nombreux d’autres pays dans le monde en général, avec lesquels Rabat a conclu et conclura des accords d'échange commercial, de libre-échange et de coopération économique, englobant tous une dimension politique. Dans aucun cas, ces accords n’éludent le prérequis de l'unité territoriale marocaine, l'affirmation de la marocanité du Sahara, ou, à minima, la reconnaissance de l’initiative marocaine d'autonomie comme la voie réaliste, pacifique et consensuelle pour résoudre le conflit autour du Sahara marocain.

Une malsaine colère

Face à ces mutations qualitatives aussi bien que quantitatives, la direction algérienne ne décolère pas à l'égard des pays qui soutiennent le Maroc, indifférents à sa malsaine colère, ses pressions et chantage économiques, de même qu’à à son agitation politique menaçante dans les zones de conflits en Afrique, et plus particulièrement au Sahel, au Sahara et en Libye. 

Parallèlement, Alger ne cesse de manœuvrer, escomptant des régressions dans les relations bilatérales maroco-européennes, ciblant particulièrement celles, bonnes, que Rabat entretient avec Madrid, Berlin, Amsterdam ou encore Lisbonne. Il n’en a récolté que des espérances déçues, tout simplement parce que le pouvoir algérien se refuse à comprendre que les avancées diplomatiques marocaines sont le produit de la rationalité politique des parties en partenariat et construites sur une culture politique, au cœur de laquelle se trouve une nouvelle approche européenne envers le Maroc. Celle-ci tient essentiellement compte de l’efficacité du Royaume et de son potentiel politique et économique.

Pourtant les décisions d’ordre judiciaire, politique ou économique de Londres et de Bruxelles, sont un message clair : une invitation tacite en l’occurrence à la direction algérienne de prendre conscience et de tenir compte de la conviction européenne concernant les réalités et les développements du Maroc en relation avec les opportunités qu’il offre.

Mais entêtés, les médias algériens, désormais soumis à la direction algérienne, ont affiché des sourires satisfaits et des expressions de contentement visible suite à la décision de dissolution du Parlement espagnol et l’organisation de législatives anticipées, en écho aux résultats des élections locales de dimanche dernier. Ils voient dans cette anticipation la possibilité du retour du Parti populaire espagnol à la tête du gouvernement, et par conséquent, la possibilité d'un reniement espagnol de ses engagements envers le Maroc.

Une politique d’état d’âme

Ceux qui tablent sur cette possibilité mesurent les réactions des autres pays à l’aune de l’intempestivité de l'État algérien. Et oublient que l’Espagne est un État constitué et non une tribu ou un gang armé. Les accords avec le Maroc ont été conclus au nom de cet État, ce sont des accords stratégiques mus par des motivations politiques, économiques et sécuritaires solides et profondes, de qualité et à long terme. Ce sont des accords qui tiennent compte des intérêts des deux pays, aux avantages mutuels équilibrés. Ils sont en conséquence à l'abri des sautes d’humeur politiques. 

Les relations hispano-marocaines sont également une émanation des relations maroco-européennes. Elles bénéficient aujourd'hui d'un encadrement politique spécifique pour le Maroc, avec une approche qualitative et stable à sa mesure et qui correspond à son renouveau, à son développement et à ses promesses.

La réalité des choses, correctement mesurée, étant ce qu’elle est, serait-il trop de demander à l’Intelligence politique algérienne et à son proxy médiatique de lire attentivement et sereinement la décision de la Cour d'appel britannique et la décision de l'Union européenne de retirer le Maroc de la zone grise liée au blanchiment d'argent, pour que les tenants  de la décision en Algérie  puissent enfin se libérer de leurs angoisses et de leur hantise. 

Peut-être alors pourront-il comprendre convenablement la clarté des deux décisions et assimiler correctement leur sens profond qui régénèrent la culture politique déterminant les relations avec le Maroc. Seulement et seulement alors pourront-ils en tirer les leçons appropriées pour se réveiller de leur indolence politique afin de se mettre en rang pour bénéficier des évolutions politiques dans le monde en s'ouvrant davantage au Maroc au lieu de de persister dans le repli sur eux-mêmes.

*Repris du journal londonien Al-arab