Maroc-France : de la tenue en toute circonstance – Par Ahmed Charaï

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Le Roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron à l’inauguration du LGV Casablanca- Tanger - La ligne grande vitesse Casablanca-Agadir ne serait que l’une des facettes de la crise latente entre les deux pays. La France n’arrive visiblement pas à comprendre qu’elle doit être concurrentielle et à inscrire les relations dans la complémentarité

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Promesses, attentes et enjeux – Par Ahmed Charaï

En l’absence de toute communication officielle des deux côtés, les spéculations vont bon train sur une éventuelle crise qui couverait entre la France et le Maroc. Le contexte est très fluctuant. 

Le Maroc a fait un choix clair depuis longtemps, celui de diversifier ses partenariats. Ces derniers mois, il a renforcé ses relations avec l’Espagne et l’Allemagne après une clarification sur la question du Sahara, que le Maroc considère désormais comme la condition sine qua non de toute coopération bilatérale. Hors de l’UE, surtout en Afrique, la diplomatie marocaine réussit des avancées importantes. Les accords d’Abraham ont donné un élan aux relations avec les USA et Israël.

Cette diversification ne devrait en aucun cas être perçue comme une substitution aux rapports avec la France. La diplomatie n’est pas une opération de calcul à somme nulle. Pour le Maroc, c’est un élargissement des coopérations qui n’enlève rien à la relation spécifique, intime entre Rabat et Paris.

De la même manière, nul au Maroc ne devrait s’offusquer du réchauffement des relations de l’Hexagone avec l’Algérie. La crise ukrainienne fait du gaz algérien une denrée essentielle pour la sécurité énergétique en Europe, l’Italie a déjà signé des contrats mirobolants et il est logique que la France s’y attache. De même, l’histoire entre ces deux pays, même dans son aspect tragique, l’existence d’une forte communauté algérienne en France, plaident pour la coopération entre eux.

Nous sommes donc dans un contexte tout à fait compatible avec le maintien des liens forts qui lient Rabat et Paris.

Seuls ceux qui n’ont pas compris que le monde a changé et qu’il n'y a plus de chasse gardée peuvent avoir l’esprit grincheux.

La relation franco-marocaine a aussi une dimension culturelle et sentimentale. Les élites marocaines ne sont pas seulement francophones, elles sont francophiles. La culture française qui constitue la vraie grandeur de la France, son art de vivre et ses valeurs ont un large écho de ce côté de la Méditerranée. Ces sentiments ont été très contrariés par l’histoire des visas. Tout le monde sait que nombre de Marocains se rendent régulièrement en France pour toutes sortes de raisons. Au plus haut sommet de l’État, le Roi du Maroc visite souvent Paris en privé, signe qu’il l’apprécie. La moindre des politesses c’est d’accueillir cet attachement par une correction sans faille.

Malheureusement, il y a eu des comportements confinant à ceux des voyous, qui ont blessé l’ensemble des Marocains. Il faut veiller à ce que ce cercle vicieux s’arrête, à régler les différends sérieux par le dialogue, dans le respect mutuel, pour sauvegarder une amitié qui garde de belles perspectives.

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