Maroc-Syrie : Souvent tumultueuses, les relations entre les deux pays devraient retrouver une saine normalité à l’avenir - Par Hassan Abdelkhalek

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Le roi Mohammed VI, avec à ses côtés le prince Moulay Rachid, visitant l’hôpital militaire de campagne déployé en Jordanie dans le camp Zaatari des réfugiés syriens

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L’opposition armée syrienne vient de renverser le régime des Assad, dirigé par Hafez et son fils Bachar, qui ont écrasé le peuple syrien pendant plus d’un demi-siècle, marquant la fin d’une sombre période de l’histoire de la Syrie. 

Ce pays entre dans une ère d’incertitude, mais cela ne réduit en rien le désir de son peuple de mettre fin à des décennies de souffrance, et de vivre sous un climat de liberté, de dignité, de sécurité et de stabilité, en veillant à ce que le pays renouvelle son appartenance au monde arabe, en abandonnant de servir les agendas étrangers et en établissant de meilleures relations avec les pays arabes.

Ce contexte troublé étant, il est important de rappeler que le régime des Assad, père et fils, en tenant compte de ses alliances dans le monde arabe, a toujours cherché à nuire aux relations entre la Syrie et le Maroc et à en bloquer leur développement, malgré l’échange des ambassadeurs et les visites des responsables. Il convient de noter que le Maroc a toujours été à l’initiative pour l’amélioration des relations.

L’ingratitude du régime des Assad envers le Maroc  

Dans le cadre de ces initiatives, l’un des actes notables a été la décision du regretté roi Hassan II d’envoyer un contingent des Forces Armée Royales pour soutenir l’armée syrienne durant la guerre d’Octobre 1973. Il a été rapporté que le président Hafez al-Assad avait été surpris par cette initiative du Maroc qui soutenait la Syrie en hommes et en matériel, sachant que 170 officiers et soldats marocains ont été tués en défendant le territoire syrien, enterrés au cimetière des martyrs de Quneitra.

La direction baathiste syrienne a répondu ultérieurement à cette solidarité marocaine par de l’ingratitude, en reconnaissant la république fantoche dite « rasd » en 1980. Et il est frappant qu’en dépit de cette ingratitude, le Maroc a continué à se comporter dignement à l’égard de la Syrie. Le défunt roi Hassan II en dépit de geste ingrat, a rendu visite à la Syrie en 1992, et le roi Mohammed VI a à son tour emprunté le chemin de Damas en 2001. Tous deux ont tenu à se rendre au cimetière de Quneitra afin d’honorer la mémoire des martyrs marocains.

Après que Bachar al-Assad ait pris le pouvoir en 2000, les autorités syriennes ont fermé en 2001 le bureau des séparatistes du Polisario à Damas, sans pour autant retirer leur reconnaissance à la République fantoche. Les relations entre les deux pays ont observé une certaine normalité marquée par un échange de visite de Bachar Al-Assad au Maroc et de Mohammed VI en Syrie et seront empreinte de froideur après la vague du printemps arabe de 2011.

Le Maroc proteste contre un régime incapable de se renouveler  

Parmi les événements liés à ce soulèvement, le régime de Bachar al-Assad, confronté à une révolte populaire, a exprimé sa haine contre le Maroc en envoyant ses agents attaquer l’ambassade du Royaume du Maroc à Damas en novembre 2011, après que le Maroc ait accueilli une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui ont appelé à la protection du peuple syrien contre la répression aveugle du régime. 

Suite à cette attaque, le Maroc a rappelé son ambassadeur à Damas pour consultation le 16 novembre 2011, et le ministre des Affaires étrangères a déclaré à l’époque que cette démarche avait été prise par le roi Mohammed VI "en protestation contre un régime incapable de se renouveler."

Le Maroc, à l’instar de nombreux autres pays, a appelé le régime syrien à apaiser la situation et à répondre aux revendications de liberté et de dignité du peuple syrien, mais Bachar Al-Assad a choisi la voie de la répression en bombardant les civils. Face à cette situation, le Maroc a décidé de se ranger aux côtés du peuple syrien, en déclarant en juillet 2012 que l’ambassadeur syrien était persona non grata.

Solidarité avec le peuple syrien dans sa souffrance  

La politique de répression adoptée par le régime contre le soulèvement populaire a provoqué un exode massif de Syriens vers les pays voisins, dont la Jordanie, qui a ouvert le camp de réfugiés de Zaatari dans la région d’Al-Mafraq en 2012. Le Maroc, sous la direction du roi Mohammed VI, a exprimé sa solidarité avec le peuple syrien en y déployant un hôpital militaire de campagne.

Le roi Mohammed VI a été le seul leader arabe à visiter ce camp le 18 octobre 2012, où il a inspecté l’hôpital militaire de campagne marocain, une initiative visant à alléger le fardeau de la Jordanie dans ses efforts pour accueillir les réfugiés syriens. Lors de cette visite, sept avions marocains ont transporté des aides alimentaires et matérielles pour les réfugiés syriens. Pendant huit ans, l’hôpital a effectué sa mission humanitaire.

Pour soutenir l’opposition syrienne contre le régime de Bachar al-Assad, le Maroc a accueilli en décembre 2012 la conférence des Amis de la Syrie, à laquelle ont participé la majorité des pays membres des Nations unies, et au cours de laquelle l’opposition syrienne a été reconnue comme représentant légitime du peuple syrien.

Contrairement à la majorité des pays arabes, dont les pays du Maghreb, le Maroc n’a pas rétabli d’échanges diplomatiques avec la Syrie ces dernières années, bien que les relations diplomatiques entre les deux pays n’aient pas été rompues. Le Maroc considérait que la décision de réadmettre la Syrie au sein de la Ligue arabe devrait ouvrir la voie à un processus politique menant à une solution globale et durable de la crise syrienne, en mettant l’accent sur la nécessité de réformes politiques et de la sécurité des réfugiés syriens.

Le Maroc a exprimé ses regrets quant aux souffrances et violences que ce pays a endurées durant ces dernières années, tout en espérant que l’élan arabe sur le dossier syrien puisse conduire à un déblocage qui tienne compte des intérêts du peuple syrien et empêche que ce pays ne devienne un terrain de règlement de comptes politiques pour des puissances extérieures.

Le soutien du régime algérien à Bachar al-Assad  

Il y a lieu de retenir ici que  le régime algérien a toujours cherché à perturber les relations entre le Maroc et la Syrie, et le régime de Bachar al-Assad, dans son ardeur à persécuter le peuple syrien, a trouvé une oreille attentive auprès de son allié algérien, qui s’est opposé à la suspension de l’adhésion de la Syrie à la Ligue arabe et a maintenu ses relations diplomatiques avec Damas au niveau des ambassadeurs surtout au long de la crise, en plus de  son opposition à la résolution de la ligue arabe qualifiant le Hezbollah de groupe terroriste.

En revanche, et quelques jours avant la chute de Bachar al-Assad, le régime algérien n’a pas hésité à qualifier l’opposition syrienne d’"terroriste" dans une déclaration du ministère des Affaires étrangères.

Mais quelles que soient les avanies de ce désormais passé, il faut espérer que la chute du régime de Bachar al-Assad débouche sur la stabilisation de la situation en Syrie et que le peuple syrien, libre, puisse déterminer son propre système politique et ses institutions, garantissant ainsi sa dignité, la fin de sa souffrance et assurant son unité ainsi que la stabilité et la souveraineté de la Syrie. Car tous attendent de la Syrie qu’elle trouve la voie de la concorde arabe et dans celle-ci le renouvellement de ses relations avec le Maroc sur des bases saines de fraternité et de coopération.

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