Mohammed V, Artisan de l'Indépendance et Père de la Nation Marocaine – Par Hassan Zakiaa 

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Le discours de Tanger du 9 avril 1947 marque dans cette dynamique un tournant dans la lutte pour l’indépendance du Maroc. Devant la communauté internationale, Mohammed V revendique l’unité du pays, son attachement au monde arabe et son droit à l’indépendance

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Mohammed V, figure emblématique de l’histoire marocaine récente, a incarné la lutte pour l’indépendance et la construction d’un État souverain. Rassembleur, il a su guider son peuple vers la liberté et poser les bases d’un Maroc moderne et unifié.  Hassan Zakariaa retrace le parcours qui a donné rendez au défunt monarque avec l’histoire.

Par Hassan Zakriaa

Le Maroc moderne doit une grande partie de son existence et de son identité à Mohammed V, figure centrale de la lutte pour l’indépendance et père fondateur de la nation marocaine. Son règne, marqué par le combat contre le protectorat français et espagnol, la mise en palce des soubassements de l’État indépendant, et son orientation vers l’instauration d’une monarchie constitutionnelle, a façonné le Maroc tel qu’il est aujourd’hui. À travers son engagement, il a incarné l’unité nationale et posé les jalons d’un Maroc libre et souverain.

Lutte pour l’indépendance : Le refus du protectorat  

Lorsque Mohammed V monte sur le trône en 1927, le Maroc est sous domination coloniale depuis l’établissement du protectorat en 1912. Dès le début de son règne, il adopte une posture de collaboration tactique et prudente avec les autorités françaises tout en œuvrant en sous-main pour renforcer l’unité marocaine et préparer la revendication de l’indépendance.  

Au fil des années, son soutien discret mais ferme au mouvement nationaliste marocain devient de plus en plus manifeste. Il encourage l’émergence d’une élite marocaine et soutient les revendications nationalistes portées notamment par l’Istiqlal, parti fondé en 1944, qui réclame ouvertement la fin du protectorat.   

Le discours de Tanger du 9 avril 1947 marque dans cette dynamqiue un tournant dans la lutte pour l’indépendance du Maroc. Devant la communauté internationale, il revendique l’unité du pays, son attachement au monde arabe et son droit à l’indépendance. Ce discours, perçu comme un défi direct aux autorités coloniales françaises et espagnoles, entraîne une intensification de la répression contre les nationalistes, mais aussi un soutien accru à la cause marocaine. Il contribue ainsi à accélérer le processus qui mènera à l’indépendance du Maroc en 1956.

e point de rupture survient en 1953, lorsque Mohammed V refuse de signer des réformes coloniales qui renforcent la mainmise française sur le pays. En réponse, les autorités françaises le déposent et l’exilent en Corse, puis à Madagascar, avec sa famille. Cet acte suscite une indignation massive et une résistance accrue du peuple marocain. Les soulèvements populaires et les actions de la résistance se multiplient, rendant la situation ingouvernable pour la France.  

Le retour triomphal et l’Indépendance du Maroc  

Sous la pression des événements et de la montée du nationalisme marocain, la France finit par céder. Le 16 novembre 1955, Mohammed V revient triomphalement au Maroc. Son retour marque une étape décisive dans le processus d’indépendance.  

En mars 1956, après de longues négociations, la France reconnaît officiellement l’indépendance du Maroc. Quelques mois plus tard, l’Espagne suit le même chemin pour les territoires sous son contrôle, notamment le nord du pays et certaines zones du sud. Mohammed V devient alors le symbole de la libération nationale et du renouveau marocain.  

La construction de l’État moderne  

Avec l’indépendance acquise, un autre défi attend Mohammed V : la construction d’un État souverain et moderne. Il entreprend alors un vaste programme de réformes pour structurer les institutions politiques, économiques et sociales du pays.  

L’amorce de l’unification territoriale et nationale 

 L’un des premiers défis consiste à réunifier le territoire marocain, encore fragmenté par des décennies de colonisation et un partage coloniale honteux. Mohammed V engage des négociations avec l’Espagne pour récupérer certaines parties du Sahara marocain et s’efforce d’intégrer toutes les régions sous une autorité unique.  

Réformes politiques et juridiques  

En tant que monarque, il engage la transition vers une monarchie constitutionnelle en posant les bases d’un système juridique et institutionnel moderne. Il met en place une administration marocaine indépendante et favorise l’essor d’un appareil judiciaire national.  

Éducation et culture  

Conscient du retard éducatif causé par la période coloniale, Mohammed V accorde une priorité à l’enseignement et à la formation des cadres marocains. Il lance des réformes pour généraliser l’accès à l’éducation et renforcer l’identité culturelle marocaine en promouvant la langue arabe et les valeurs islamiques.  Ce sont les moments de gloire de la généralisation de l’enseignement moderne au Maroc réservé jusque-là par le protectorat aux fils des notables

Développement économique  

Le souverain amorce une politique de développement économique visant à moderniser le pays. Il encourage l’industrialisation et la diversification de l’économie, bien que les infrastructures héritées du protectorat restent limitées.  

Un héritage durable : La mémoire de Mohammed V  

Mohammed V meurt prématurément en 1961, un 10 Ramadan, laissant derrière lui un Maroc indépendant mais encore en pleine construction. Son fils, Moulay ElHassan II, lui ssuccède ous le nom de Hassan II et poursuit son œuvre en consolidant les acquis de l’indépendance et en modernisant davantage le pays.  

Son héritage demeure profondément ancré dans la mémoire nationale. Son rôle dans l’indépendance et son attachement aux valeurs de justice, d’unité et de patriotisme lui valent le titre de Père de la Nation.  

À ce jour, il reste une figure emblématique de l’histoire marocaine, honorée à travers de nombreux monuments, institutions et l’anniversaire de son retour d’exil, célébré chaque année comme un moment fondateur de l’identité marocaine.  

Mohammed V, d’abord sultan, a été bien plus qu’un roi : il a été un leader et un résistant qui a su manier souplesse et inflexibilité. Son engagement pour l’indépendance et son action en faveur de l’unité et du progrès ont marqué le Maroc à jamais. Son règne symbolise la transition d’un pays sous domination étrangère à une nation souveraine et ambitieuse, prête à relever les défis de la modernité tout en restant fidèle à ses racines, dont celui de réunifier le pays qui a commencé en 1958 par la récupération de Tarfaya. Hassan II poursuivra cette action par la réintégration à la mère-patrie d’Ifni en 1969 et du Sahara occidental en 1976…

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