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Tanger et Tétouan : Deux dates, deux discours, un Royaume en marche vers son indépendance

La première visite, à Tanger, se déroule dans un contexte mondial en mutation, alors que les peuples colonisés commencent à faire entendre leur voix. Le Maroc, encore sous le joug du Protectorat, prépare son réveil
Les 9 avril 1947 et 1956 restent dans la mémoire nationale comme des tournants décisifs de la marche vers l’indépendance. Les visites de Mohammed V à Tanger et Tétouan ont cristallisé la lutte d’un peuple uni derrière son Roi pour sa souveraineté et son unité.
Quid avec MAP
Ce mercredi, le Maroc commémore deux jalons majeurs de son histoire contemporaine : la visite historique de feu Mohammed V à Tanger le 9 avril 1947, et celle non moins emblématique à Tétouan le 9 avril 1956. Deux dates séparées par neuf ans, mais reliées par une même trajectoire : celle d’un Royaume résolu à recouvrer sa liberté et son unité.
Le triomphe du symbole sur la terreur
La première visite, à Tanger, se déroule dans un contexte mondial en mutation, alors que les peuples colonisés commencent à faire entendre leur voix. Le Maroc, encore sous le joug du Protectorat, prépare son réveil. La venue de Mohammed V dans la ville du Détroit n’a rien d’anodin. Elle est soigneusement pensée, stratégiquement positionnée et politiquement assumée.
Face à un auditoire composé de représentants diplomatiques étrangers, de personnalités politiques et d’une population en liesse, le Souverain prononce un discours d’une clarté sans précédent. Il y proclame, sans équivoque, la volonté du peuple marocain de reprendre en main son destin. "Les droits du peuple marocain ne peuvent se perdre et ne se perdront jamais", déclare-t-il, brisant l’omerta coloniale.
Mais ce moment de vérité a un prix. Deux jours avant la visite, le 7 avril 1947, un massacre sanglant est perpétré à Casablanca. Des centaines de Marocains tombent sous les balles des forces coloniales. L’objectif : empêcher la visite royale, étouffer l’élan national. La réaction de Mohammed V est ferme : il se rend auprès des familles des victimes, et maintient advienne que pourra sa visite. Le train royal quitte Rabat, traverse Souk Larbaa, Ksar El Kébir, Assilah, et entre dans une Tanger en liesse, marquant le triomphe du symbole sur la terreur.
L’appel à l’éducation des femmes
Durant son séjour, le Roi prononce également le prêche du vendredi à la grande mosquée de la ville, renforçant le lien entre foi, légitimité religieuse et aspiration nationale. La visite prend une dimension sociale et éducative, avec l’implication directe de la famille royale. Feue la Princesse Lalla Aïcha, figure pionnière de la cause féminine, appelle, dans un discours remarqué, à l’éducation des femmes, fondement d’une société moderne.
Neuf ans plus tard, en 1956, c’est à Tétouan que le Libérateur de la Nation écrit une autre page décisive. Cette fois-ci, c’est en Roi victorieux qu’il foule le sol du Nord, porteur de la reconnaissance officielle de l’indépendance par l’Espagne, et du parachèvement d’une partie de l’unité nationale. Le 9 avril 1956, après avoir négocié avec Madrid, Mohammed V annonce l’unification du territoire marocain : le Nord rejoint le Sud dans la souveraineté retrouvée.
Ces deux visites ne sont pas de simples haltes protocolaires. Elles sont les symboles vivants de la marche vers la liberté, incarnent la volonté inébranlable d’un peuple porté par son Roi, et illustrent l’attachement indéfectible entre le Trône et le peuple. Leurs discours, leurs gestes et leur impact résonnent encore dans la mémoire nationale.