Tribune : Les non-dits du ''rapport'' d’Amnesty (Par Larbi Annir)

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Nasser Bourita, ministre des Affaire étrangères marocain, on le sentait bien, buvait du petit lait l’autre jour,  défiant Amnesty International, si elle ne voulait répondre au Maroc qui l’avait sommée d’apporter les preuves de ses allégations, de les étaye aux yeux du monde dans une conférence de presse. Pour rappel Amnesty International a accusé les autorités marocaines d’avoir injecté un logiciel espion Made In Israël dans le téléphone d’un « journaliste » marocain, Omar Radi. Depuis, du côté de l’organisation, c’est silence radio. Dans cette Tribune, Larbi Annir décortique la méthodologie foireuse d’Amnesty tandis que Bilal Talidi sonde dans sa chronique les arrière-pensées d’Amnesty.

Les rapports d’Amnesty International, notamment ceux, concernant le Maroc, sont devenus des contre-exemples d’école, qui démontrent, texte à l’appui, jusqu’où peut aller une ONG prétendument indépendante, lorsqu’elle est aveuglée par des préjugés, guidée par des intérêts mercantiles, minée par des conflits d’intérêt et détournée de ses idéaux initiaux. 

Inutile de s’attarder sur les tares qui sont en passe de devenir « les » caractéristiques constantes des travaux d’Amnesty : non- respect des exigences méthodologiques minimales requises en matière du reporting sur la situation des droits de l’Homme, pauvreté sur le plan factuel, manque flagrant de consistance et de crédibilité. Il suffit au lecteur avisé, de consulter « l’entrée (Maroc) » dans le résumé exécutif du rapport établi, en 2019, par cet oligopole des commerçants des droits de l’Homme, pour constater ces déplorables écarts. 

  Aujourd’hui, l’ONG franchit un nouveau cap et avance d’un pas résolu vers un niveau inédit d’inconsistance, un niveau sans précédent dans les annales des droits de l’Homme. 

Dans son rapport, paru le 22 juin 2020, Amnesty allègue qu’Omar Radi, un journaliste freelance, a fait l’objet des « attaques par injection réseau » visant son appareil téléphonique portable à travers l’utilisation d’un « logiciel espion » développé par une société israélienne NSO. Pour attribuer ces « méfaits imaginaires » aux autorités marocaines, Amnesty a défié toute logique, en recourant, dans son rapport, à une série de contre-vérités, de généralisations, de spéculations, d’approximations, de raccourcis, de mensonges, constituant ainsi un ramassis d’arguments fallacieux, digne d’être enseigné dans les cours de rhétorique comme un exemple typique de sophisme. 

Dans son rapport, Amnesty, dans un langage d’approximation et digne de colportage, s’autoréférence avec une légèreté déconcertante, pour affirmer que son « Security Lab » « a réalisé une analyse forensique du téléphone d’Omar Radi. ». Cette auto-expertise, dont les résultats n’ont été aucunement confrontés à une expertise externe, ou indépendante, a permis à l’ONG de « découvrir » «des traces portant à croire qu’il a fait l’objet des mêmes attaques par injection réseau que celles observées contre Maati Monjib et décrites dans le précédent rapport de l’organisation. ». Toujours, dans le même style d’approximation, Amnesty avance que « des outils de NSO Group ont pu servir à mener des attaques par injection réseau. ». 

Le passage fallacieux du probable au certain, s’effectue chez Amnesty, d’une manière qui défie toutes les exigences méthodologiques connues en matière du reporting sur la situation des droits de l’Homme. D’une simple probabilité, Amnesty formule une hypothèse « selon laquelle les outils d’injection réseau de NSO Group auraient été utilisés apparaît de plus en plus solide », qui devient subitement, contre tout raisonnement logique, appuyée « des preuves solides permettant d’établir un lien entre les outils de l’entreprise et l’attaque ciblée visant Omar Radi » . Ces distorsions logiques, qui défient tout entendement, sont avancées, pour conclure que « le gouvernement marocain est resté un client actif de NSO Group au moins jusqu’en janvier 2020 et qu’il continue de cibler les défenseur·e·s des droits humains en toute illégalité, comme dans le cas d’Omar Radi. ».

Pour voiler la fausseté scandaleuse de ce raisonnement plein de failles, de spéculations, de mensonges, et des extrapolations sans fondement, Amnesty fait recours aux préjugés et aux stéréotypes négatifs habituels à l’égard du Maroc. Le rapport est jonché des jugements de valeur, comme « le fait que les défenseurs des droits humains du Maroc sont systématiquement pris pour cible, amènent Amnesty International à juger les autorités marocaines responsables. ». 

Les lecteurs avisés et les spécialistes du reporting en matière des droits de l’Homme ne manqueront pas de constater que le raisonnement fallacieux adopté par Amnesty, dans son rapport, vise seulement à masquer un fait accablant et déplorable, à savoir l’absence de toute preuve, voire même de tout indice ou début de preuve permettant, d’attribuer un prétendu piratage de l’appareil téléphonique de Omar Radi aux autorités marocaines. Le fait que Amnesty avance une piètre justification comme «l’absence de transparence qui caractérise le secteur de la surveillance » ne constitue qu’un argument de diversion, qui cache mal le caractère infondé, frauduleux et mensonger des accusations apportées par Amnesty à l’encontre des autorités marocaines. 

L’analyse critique de la stratégie d’argumentation fallacieuse adoptée par Amnesty, telle qu’elle ressort de son rapport, se trouve confirmée par deux éléments de fait : 

Les autorités marocaines, confiantes et transparentes dans leur démarche, ont défié publiquement et ouvertement Amnesty en lui exigeant d’apporter tout élément de preuve pour étayer ses allégations. Amnesty n’a pas apporté à ce jour aucun élément nouveau qui ne figure pas dans son rapport. 

Omar Radi, citoyen marocain, dispose de plusieurs voies de recours prévues par la législation en vigueur. Il dispose, en premier lieu, des recours non-judiciaires prévus par les articles 28 la loi n° 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel, ainsi que par le décret pris pour son application, et par la loi  n°24-96 consolidée relative à la poste et aux télécommunications. Il peut également saisir directement l’ANRT, en tant qu’utilisateur d’un service de télécommunication. Les décisions de l’ANRT sont ensuite attaquables devant les juridictions administratives. Il peut, en outre, déposer une plainte auprès du CNDH dans le cadre de ses attributions générales relatives à la protection des DDH. Le Citoyen Omar Radi, peut en deuxième lieu, intenter un recours judiciaire, pour déposer une plainte auprès du parquet compétent, sur fondement des articles 607-3 à 607-11 du code pénal.         

Ils convient de rappeler que ces voies de recours, peuvent être empruntées par Omar Radi, indépendamment de l’instruction judiciaire dont il fait actuellement objet.

Le Maroc, est un Etat de droit démocratique, sa constitution garantit le secret des communications privées et protège la vie privée. Ce fait est une réalité quotidienne vécue. Ne peuvent occulter cette réalité, les clichés méprisants, à relent néocolonial, véhiculés par Amnesty et certaines ONG, incapables de reconnaître, pour des raisons diverses, les avancées démocratiques d’un pays africain et arabe en voie de développement, guidé par une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire, sociale et protectrice des libertés et des droits fondamentaux.

Amnesty a failli, encore une fois, aux exigences méthodologiques les plus élémentaires de recoupement d’informations relatives aux allégations d’atteinte aux droits de l’Homme. Ce constat est devenu habituel. Ce qui mérite cette fois un « complément d’analyse », dont seuls les économistes et les spécialistes de la cyber sécurité peuvent effectuer, afin d’y apporter leur éclairage nécessaire, ce sont les zones d’ombres et les ressorts mercantiles, qui peuvent expliquer, en partie, les agissements d’Amnesty. 

Deux pistes peuvent être explorées à cet égard. 

La première concerne le litige opposant Amnesty et la Société Israélienne NSO Group. En lien avec les allégations mensongères de Amnesty à l’égard de nos autorités, 30 membres et supporters d’Amnesty-Israël, appuyés par Amnesty-International, en partenariat avec «Bernstein Institute of law» et  «Global justice clinic» relevant de la faculté de droit de l’Université de New York, ont introduit, en janvier 2020, une action en justice devant le Tribunal du district de Tel-Aviv, contre NSO Group, entreprise israélienne spécialisée dans le domaine de la cyber-sécurité. L’objet de cette action est de retirer la licence d’exportation octroyée par le Ministère de la défense à cette société, sous prétexte que cette dernière est impliquée dans la conception et la vente des logiciels d’espionnage et de surveillance, destinés à être utilisés contre des activistes et des opposants au Maroc, en Arabie Saoudite, au Mexique et aux Emirats Arabes Unis.   

Au vu des agissements récents d’Amnesty sur la question de Omar Radi, rien n’empêche de supposer que l’action initiée devant la justice israélienne à l’encontre de NSO group, et loin d’être une action de bon samaritain visant à protéger des pseudo-« défenseurs des DDH », s’inscrit probablement dans un schéma plus complexe lié à la concurrence dans le marché fort compétitif de la cyber-sécurité. Ce schéma est basé sur une dynamique où s’entremêle à la fois coopération et concurrence. Un rapport publié, en avril 2018, par le « Britain Israel communications and research center » (BICOM), publié sous le titre « UK-Israel relations after Brexit: cyber security», évoque des enjeux liés au positionnement dans les marchés respectifs des deux pays, ainsi que sur les marchés régionaux et globaux. Le même rapport présente des éléments concernant la mise à niveau des capacités des entreprises britanniques de cyber-sécurité, en s’inspirant du l’expérience israélienne en la matière, tant sur le plan technologique que sur le plan de la stratégie marketing. 

Cette piste n’est pas évoquée dans une logique d’analyse économique. Elle est plutôt présentée comme hypothèse visant à comprendre la logique de concurrence entre NSO Group, et d’autres compagnies comme G3 (Good governance group ltd) ou K2 intelligence ltd. Il est important d’étudier les rapports d’intérêt, non encore élucidés, qu’entretient Amnesty avec certaines sociétés de cyber-sécurité pour leur donner des satisfecit de conformité, en matière des droits de l’Homme, afin de renforcer l’avantage comparatif de ces sociétés dans un marché très concurrentiel, qui est celui de la cybersécurité. Il va sans dire que ces enjeux n’ont aucun lien avec les autorités marocaines, qui se sont trouvé, injustement, dans un champ de tir croisé sur lequel s’affronte, pour des raisons purement mercantiles, qui n’ont aucun rapport avec les droits de l’Homme, les grandes entreprises de la cybersécurité. Ces enjeux dépassent également le journaliste freelance Omar Radi, simplement instrumentalisé, dans cette bataille qui porte sur un marché juteux et fort prometteur.    

La deuxième piste, consiste à rappeler un secret de polichinelle. Plusieurs compagnies de cybersécurité britanniques emploient des anciens cadres des services de renseignement. Certaines compagnies ont en fait même un argument de publicité commerciale. Etudier la triangulation éventuelle entre sociétés de cybersécurité, Amnesty et services de renseignement britannique, peut faire découvrir les ressorts qui expliquent l’acharnement systématique d’Amnesty contre un pays soucieux de préserver sa décision souveraine dans les domaines concernant la sécurité, et les nouvelles technologies.

Ces pistes ont été avancées comme de simples hypothèses, à vérifier, dans les règles de l’art, et dans le total respect de l’approche basée sur les droits de l’Homme. Elles ne sont nullement présentées comme certitudes, et encore moins comme conclusions finales. Ce dernier rappel méthodologique est important, pour ne pas courir le risque de perdre toute crédibilité, et éviter de reproduire les malheureux déboires d’Amnesty. 

 

1- Amnesty International : Les droits humAmnestyns au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : rétrospective 2019- sélection d’entrées-pays » pp.37-40

2 - Amnesty International : Un journaliste marocAmnestyn victime d’attaques par injection réseau au moyen d’outils conçus par NSO Group, 22 juin 2020

3 - Amnesty International : Un journaliste marocAmnestyn victime d’attaques par injection réseau au moyen d’outils conçus par NSO Group, 22 juin 2020 (p.3)

4 - Op.cit (p.3) 

5 - Op.cit (p.6)

6 - Op.cit (p.9) 

7 - Op.cit (p.10) 

8 - Op.cit (p.9)

9 - Op.cit (p.3)

10 - https://www.registre.ma/language/ar/%D8%A7%D9%84%D8%B4%D9%83%D8%A7%D9%8A%D8%A7%D8%AA-%D9%88-%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%86%D8%A7%D8%B2%D8%B9%D8%A7%D8%AA/a-plAmnestyntes-et-reclamations

11 - Chapitre x de l’atteinte aux systèmes de trAmnestytement automatise des données

12 - Israel: Amnesty International files suit agAmnestynst NSO Group for alleged hacking of activists through WhatsApp

https://www.business-humanrights.org/fr/node/202815

Israel: Court decides to hear case agAmnestynst NSO behind closed doors 

https://www.amnesty.org/en/latest/news/2020/01/israel-court-nso-case-behind-closed-doors/

 13 - BritAmnestyn Israel communications and research center : “UK-Israel relations after Brexit: cyber security”, Avril 2018  

14 - “UK-Israel relations after Brexit: cyber security” (p.1,p5, p.6, p.10) 

15 - The UK has taken inspiration from Israel to fill a skills gap, which is identified by the National Cyber Security Strategy as “a national vulnerability that must be resolved” (p.3) op.cit. 

16 - The Israeli Export Institute confirmed to BICOM that the UK is considered a primary export target for Israeli companies, with the CEO of one cyber security company telling us that “being able to break into the UK market is of strategic importance for Israeli vendors”. (p.11)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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