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Une nouvelle étape dans la relance du projet de liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar ?
Le Roi Hassan II et le Roi Juan Carlos à Fès en 1979, une rencontre historique qui devait sceller une nouvelle ère entre les deux Royaumes. Une bataille des deux Souverains pour que les deux peuples, selon la formule de Juan Carlos, s’élèvent contre les incompréhensions et se révoltent contre les idées reçus et les préjugés qui empoisonnaient (empoisonnent) leurs rapports.
Madrid - L'Espagne et le Maroc ont entamé une nouvelle étape dans la relance du projet de liaison fixe du détroit de Gibraltar, a affirmé la ministre espagnole des Transports, de la Mobilité et de l'Agenda urbain, Raquel Sánchez. L’idée d’une liaison fixe à travers le Détroit de Gibraltar a été lancée en 1979 depuis Fès par le Roi Hassan II à l’occasion de la visite du Roi Juan Carlos. Le défunt Souverain avait alors déclaré sa volonté de réparer les ‘’méfaits d’Hercule’’, responsable dans la mythologie grecque de la séparation à cet endroit de la séparation de l’Europe et de l’Afrique. Dans les faits, il n’a fait que se rencontrer la Méditerranée et l’Atlantique. Historiquement, il y a 5,3 millions d'années, à cause ou grâce à une faille entre l'Atlantique et la mer Méditerranée que le détroit de Gibraltar se serait formé. Dans l’esprit du Roi, cette liaison enjambant cette faille marquerait la consolidation des deux destins, espagnol et marocain. La création en 1981, coté marocain, de la SNED et, coté espagnol, de la Secegsa, devait concrétiser cette vision d’avenir. Mais les réunions se succédant aux études océanographiques au gré des tourmentes politiques ont fini par faire du projet d’une liaison fixe, une idée fixe pour une liaison douteuse. Mais le moment est-il enfin venu pour que cette idée généreuse sorte de la zone du rêve, voire de l’utopie pour épouser l’espace du concret ? Les responsables des deux pays tendent à la faire croire. Mais n’est-ce pas toujours ainsi que les rêves les plus fous trouvent leur chemin au monde du réel ? NK
‘’Les deux parties encouragent la visibilité du projet et ont convenu d'aborder l'élaboration d'une stratégie globale et d'un plan de travail pour les trois prochaines années’’
'’Nous entamons une nouvelle étape dans la relance du projet de liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar, que nous avons commencé en 1981 avec nos deux entreprises, Secegsa et la Société nationale marocaine d'études du détroit de Gibraltar (SNED)", a relevé Mme Raquel Sanchez qui a coprésidé, lundi, avec le ministre de l'Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, la 43e réunion de la commission mixte hispano-marocaine du projet de liaison fixe du détroit de Gibraltar, tenue par voie télématique.
"Le fait qu'après quatorze ans, depuis octobre 2009 à Tanger, nous donnions une impulsion aux études d'un projet de la plus grande importance géostratégique pour nos pays et pour les relations entre l'Europe et l'Afrique revêt une signification politique importante", a déclaré la ministre espagnole, cité dans un communiqué de son département, publié mardi.
Les réunions du comité mixte ont été convoquées à la suite de la réunion de haut niveau qui s'est tenue à Rabat entre l'Espagne et le Maroc, les 1er et 2 février, au cours de laquelle ‘’les deux pays ont réaffirmé leur accord pour promouvoir les études du projet de liaison fixe’’, fait observer le ministère espagnol des Transports, de la Mobilité et de l'Agenda urbain.
La réunion du comité a permis de valider les actions menées conjointement par la société espagnole en charge des études, Secegsa, et son homologue marocaine, la SNED, depuis 2009.
En vertu des conclusions du comité mixte, ‘’les deux parties encouragent la visibilité du projet et ont convenu d'aborder l'élaboration d'une stratégie globale et d'un plan de travail pour les trois prochaines années, qui pourraient inclure, entre autres, l'analyse de la faisabilité de la construction d'une galerie de reconnaissance pour identifier les caractéristiques géomécaniques’’, détaille la même source.
La réunion coïncide également avec la réactivation de la Secegsa, après plusieurs années sans dotation budgétaire significative, et la commande d'études pour analyser la faisabilité de la liaison fixe intercontinentale pour les télécommunications et le transport d'énergie, précise le ministère.
Le Plan de récupération, de transformation et de résilience (PRTR), adopté par le gouvernement espagnol, inclut 2,3 millions d'euros de fonds européens pour mettre à jour les études liées au projet, rappelle la même source.