Pandémie
L'expert de la Maison Blanche avertit des conséquences ''très graves'' d'un déconfinement hâtif
L'immunologiste Anthony Fauci, figure centrale de la cellule de crise de la Maison Blanche sur le coronavirus, a mis en garde mardi contre les conséquences "très graves" d'un redémarrage trop hâtif de l'économie en pleine pandémie.
Le conseiller santé de Donald Trump a d'autre part averti que le bilan aux Etats-Unis, pays le plus touché par la pandémie, était "probablement plus élevé" que les 80.000 morts officiels, notamment en prenant en compte les cas de personnes décédées chez elles.
"Les conséquences pourraient être très graves" si un Etat, une ville ou une région décide de rouvrir son économie avant que les conditions nécessaires ne soient réunies, notamment une baisse de l'épidémie détectée pendant 14 jours, a déclaré Anthony Fauci lors d'une audition au Sénat américain, donnée par visioconférence.
Si l'économie redémarre en des lieux qui "n'ont pas la capacité d'y répondre efficacement, je crains que nous ne voyions des petites poussées qui pourraient devenir des épidémies" de coronavirus, a-t-il insisté.
"Nous ne savons pas tout sur ce virus, et nous devrions vraiment faire très attention, particulièrement au sujet des enfants", a-t-il déclaré. "Il faut être prudent à l'heure (...) de penser que les enfants sont complètement immunes à ses effets nocifs".
Anthony Fauci s'est d'autre part dit "prudemment optimiste" sur la perspective d'un vaccin, avec huit candidats actuellement soumis à des essais cliniques: "Nous avons de nombreux candidats et espérons avoir de nombreux gagnants".
Le conseiller santé de Donald Trump avait lancé un avertissement encore plus sombre la veille, en déclarant au New York Times que les Etats-Unis risqueraient de connaître "des morts et de la souffrance inutiles" s'ils levaient les restrictions "de façon prématurée".
Un message en contraste avec celui de la Maison Blanche, qui concentre depuis des jours son discours sur la nécessité de relancer l'économie du pays, ravagée par la crise du coronavirus.
"Notre capacité de tests est la meilleure du monde, de loin", a encore défendu le président américain Donald Trump sur Twitter mardi matin. "Les chiffres baissent dans la plupart des régions de notre pays, qui veut rouvrir et redémarrer. C'est ce qui est en train de se passer, en toute sécurité !"
"Quarantaine modifiée"
Anthony Fauci, 79 ans, s'est placé par précaution dans un type de "quarantaine modifiée" en raison d'une exposition possible au nouveau coronavirus, qui a frappé il y a quelques jours la Maison Blanche, où deux employés ont été testés positifs.
Mais il a précisé mardi qu'il continuait à travailler, s'était rendu lundi à la Maison Blanche et y retournait "peut-être" dans la journée.
"Il ne s'agit pas strictement du type de quarantaine" classique, a-t-il précisé Anthony Fauci.
Comme le médecin, deux autres membres de premier plan de la cellule de crise de la Maison Blanche invités à l'audition mardi se sont donc placés par précaution en auto-isolement : Robert Redfield, directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Stephen Hahn, patron de l'agence des médicaments (FDA).
Le quatrième témoin, le ministre-adjoint de la Santé Brett Giroir, témoignait aussi par visioconférence lors de cette audition menée par un sénateur, Lamar Alexander, lui-même en quarantaine volontaire depuis la découverte d'un cas positif dans son équipe au Sénat.
Certains des sénateurs membres de la commission sur la Santé assistaient toutefois à l'audition dans la salle, la plupart masqués à leur arrivée, et se tenaient à distance de sécurité, entourés par bien moins d’assistants que d'ordinaire, dans une salle d'ordinaire comble mais presque vide mardi.
Une organisation inédite qui donne la mesure de la pandémie s'acharnant particulièrement sur les Etats-Unis, avec plus de 80.000 morts et 1,3 million de cas officiellement déclarés.
Immunologiste mondialement reconnu, qui s'est distingué dans la lutte contre de nombreux virus, du sida à Ebola, Anthony Fauci est devenu une figure rassurante pendant la crise pour beaucoup d'Américains. Mais aussi décriée, des républicains s'indignant qu'il semble contredire parfois Donald Trump.
Et lors de l'audition mardi, le sénateur libertarien Rand Paul a paru faire sortir Anthony Fauci de son flegme habituel en lui lançant qu'il n'était pas l'unique "référence" sur la question de savoir quand il serait sûr de redémarrer l'économie.
"Je ne me suis jamais présenté comme l'unique référence et seule voix là-dessus. Je suis un scientifique, un responsable de la santé publique et je conseille en me basant sur les meilleures indications scientifiques", a-t-il répondu.