Pandémie
Les masques, nids à infox sur les réseaux sociaux, le faux du vrai
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Denrées recherchées au début de la pandémie, les masques suscitent désormais une avalanche de fausses allégations sur les réseaux sociaux dans le monde entier, où ils sont accusés d’être inutiles, d'empêcher de respirer, d'empoisonner au dioxyde de carbone…
Parfois exposées dans des vidéos, souvent présentées sous forme de listes de dangers supposés, ces publications cherchent à dissuader -de façon explicite ou indirectement- les lecteurs de porter des masques de protection. Certaines n'hésitent pas à affirmer qu'ils mettent "la vie en danger", dessin de tête de mort à l'appui.
- Ils entraînent un dangereux manque d'oxygène : FAUX
L'idée fausse d'une "hypoxie" induite par les masques est l'une des plus répandues. Une publication très partagée en juin affirmait même que cela "pouvait entraîner la mort".
Le masque ne provoque pas d’insuffisance en oxygène, ont expliqué de nombreux médecins à l'AFP.
"Le masque n’est pas un circuit clos, il laisse passer l’oxygène", souligne par exemple le Pr Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique à l’Université Libre de Bruxelles (ULB).
Il peut en revanche y avoir "une sensation d’inconfort qui provoque une impression d’étouffer, mais c’est psychologique. Mais dans le cas d’une personne en bonne santé, il n'empêche pas du tout d’effectuer des activités quotidiennes normalement", ajoute-t-il.
Des médecins expliquent aussi que si le porteur du masque est très anxieux ou angoissé, celui-ci peut se mettre à hyperventiler (il inspire trop) et se sentir étourdi et affaibli.
- Ils empoisonnent au dioxyde de carbone : FAUX
Corollaire de l'infox concernant l'hypoxie, l'idée, erronée elle aussi, que l'on respirerait dangereusement notre propre CO2 est également très populaire. Mais comme on l'a vu, le masque n'est pas hermétique et laisse circuler l'air : l'oxygène inspiré et le gaz carbonique expiré.
"Un masque n'est pas un circuit fermé. Presque tout l'air expiré s'échappe du masque donc vous ne respirez pas votre propre CO2", explique ainsi Shane Shapera, directeur du programme des maladies pulmonaires de l'hôpital public de Toronto (Canada).
De plus, une petite accumulation de CO2 ne provoquerait pas de problèmes de santé, d'après le professeur Vinita Dubey, médecin hygiéniste à l'agence de santé publique de Toronto.
On retrouve aussi régulièrement l'idée voisine selon laquelle le masque ferait ré-inspirer ses propres "toxines". Or, "on n’exhale pas de toxines", rappelle Jean-Luc Gala, chef de clinique à la clinique universitaire Saint-Luc à Bruxelles et spécialiste des maladies infectieuses.
Enfin, s'il est recommandé de changer de masque toutes les 4 heures environ, ce n'est pas pour des questions de respiration mais parce qu'une fois humidifié, il perd de son pouvoir filtrant.
- Ils sont un "nid" ou une "usine" à virus : FAUX
Jonathan Karn, professeur en microbiologie à l'université Case Western Reserve, dans l'Etat américain de l'Ohio, qui a étudié la propagation de virus dans le système nerveux, assure qu'il "est faux d’affirmer que le virus se retrouve piégé dans le masque" qui deviendrait ainsi une "usine à virus".
"Si quelqu’un est déjà infecté, alors le virus aura probablement déjà touché les tissus exposés du nez, de la gorge et de la bouche, et se propagera par contact de cellule en cellule plutôt que par la réinspiration de gouttelettes".
L'affirmation selon laquelle ils "contaminent davantage" n'a pas de sens : les masques ne servent qu'à faire barrage aux particules - en particulier les postillons -, souligne auprès de l'AFP le Dr Shelley Payne, directrice du Centre LaMontagne pour les maladies infectieuses de l'Université du Texas à Austin (Etats-Unis).
- Ils laissent passer le virus et sont donc inutiles : FAUX
Si l'idée selon laquelle les masques seraient filtrants au point de nous empêcher de respirer ou de "piéger" les virus, la théorie inverse selon laquelle ils laisseraient passer le virus est pourtant elle aussi très populaire.
"Le masque filtre le virus, mais pas les molécules. Un virus est beaucoup plus gros qu’une molécule d’oxygène ou de dioxyde de carbone", souligne Jean-Luc Gala, de l'Université libre de Bruxelles.
Une étude parue en mai dans la revue scientifique de la Royal Society au Royaume-Uni, atteste de l'efficacité des masques pour réduire la projection de gouttelettes contaminées.
Agences sanitaires et communauté médicale dans le monde rappellent régulièrement que le port du masque est une mesure utile pour limiter la propagation du virus, en plus des autres mesures barrière. Il est obligatoire dans les lieux recevant du public en France depuis lundi.