Politique
Bouteflika, une longue carrière qui a installé l’Algérie dans la rancune et la haine
Bouteflika, n? ? Oujda, a ralli? Boumediene au Maroc oriental, o? l'essentiel des troupes des fronti?res de l'ALN stationnait
L?Alg?rie a c?l?br? samedi le 60?me anniversaire du d?clenchement de la guerre de lib?ration. Un acte fondateur d'une nation. Le 1er novembre 1954, les neufs historiques, emmen?s par Mohamed Boudiaf, ont d?cid? de recourir aux armes pour mettre fin ? la colonisation. A part trois de ces pionniers, tu?s par le colonisateur, les autres, se sont oppos?s ? la militarisation du pouvoir apr?s l'ind?pendance et ont ?t? emprisonn?s, pouss?s ? l'exil et assassin?s par ceux qui sont rentr?s au pays en conqu?rants en 1962.
Le pr?sident Bouteflika, qui n'avait pas fait d'apparition publique depuis le 5 juillet dernier, a profit? de cette occasion pour confirmer qu'il est toujours vivant sur une chaise roulante. Au lieu du discours pr?sidentiel habituel, il s'est content? de l'envoi d'un message, diffus? par l'agence de presse officielle. Un message au ton mena?ant, refl?tant l??tat d'esprit au sein du syst?me.
Bouteflika, n? ? Oujda, a ralli? Boumediene au Maroc oriental, o? l'essentiel des troupes des fronti?res de l'ALN stationnait jouissant du soutien du Maroc.
A la veille de l'ind?pendance, Bouteflika a ?t? utile au coup de force men? par Boumediene. C'est lui qui avait ?t? charg? d'inviter Boudiaf ? s'associer au coup d'Etat contre le gouvernement provisoire. Une invitation rejet?e par Boudiaf et les autres historiques en prison. Mais c'est lui qui a convaincu Ben Bella de se d?solidariser avec ses amis.
Si Benbella a ?t? r?compens? par la pr?sidence du gouvernement, puis la pr?sidence de la r?publique, Bouteflika n'a eu droit qu'au petit minist?re de la jeunesse et sports. Il aura fallu que le premier ministre des affaires ?trang?res Mohamed Khmisti soit tu?, dans un attentat jamais ?lucid?, pour que Bouteflika lui succ?de. Mais l'homme, tr?s ambitieux, allait tout perdre, lorsque Benbella essaya de s'en d?barrasser. Le coup d'Etat de Boumediene, alors ministre de la d?fense, est survenu juste apr?s la d?cision de Benbella de d?mettre Bouteflika. C?est une nouvelle et longue carri?re qui commen?a ainsi pour l?enfant d?Oujda.
Avec le soutien du chef de la s?curit? militaire Kasdi Merbah, Bouteflika r?ussit ? occuper une grande place aupr?s de Boumediene. Ses ambitions pr?sidentielles remontent-elles ? ce temps?? Toujours est-il que c?est ? partir de ce moment qu?a commenc? la liquidation des concurrents potentiels, surtout les historiques. La s?curit? militaire a en effet proc?d? ? la liquidation de deux grands historiques en Europe?: Krim Belkacem et Ahmed Khaidar. Boudiaf, qui s'est exil? au Maroc, a surv?cu jusqu'au pi?ge qu'on lui a tendu en plein guerre civile. Houcine A?t Ahmed a pass? plusieurs ann?es en exil, Farhat Abbas a ?t? plac? en r?sidence surveill?e...
Bouteflika, qui s?appr?tait ? succ?der ? son ami Boumediene, a ?t? surpris par le v?to des militaires, en premier lieu le chef de la s?curit? militaire Kasdi Merbah. Ce dernier l'a m?me accus? de blanchiment d'argent en Suisse. Apr?s avoir occup? un poste minist?riel sous Benjedid, Bouteflika a ?t? contraint de quitter l'Alg?rie et de s'installer aux Emirats Arabes Unis.
En plein crise des ann?es 1990, Bouteflika revient pour prendre sa revanche. Une fois encore, Bouteflika a compt? sur les militaires pour acc?der au pouvoir. C'est le redoutable g?n?ral Taoufik, chef du DRS, qui l'a plac? pr?sident et non les urnes.
Depuis son retour, il n'a rien ?pargn? pour liquider ses concurrents et pour prendre sa revanche sur tout le monde, y compris son pays de naissance. Il a investi une grande partie des recettes du p?trole et du gaz dans ce cadre. Les Alg?riens se souviendront de Bouteflika non seulement comme celui qui a dilapid? 800 milliards de dollars des recettes du p?trole et du gaz, mais ?galement comme celui qui a contribu? ? leur voler leur r?volution pour devenir pr?sident ? vie.