Politique
Sahara : La guerre de l’eau
En 1975, pour Hassan II???la chose essentielle pour moi au Sahara c?est l?eau??, d?clare-t-il ? l?hebdomadaire fran?ais Paris-Match. Car explique-t-il, on ne peut fixer les populations nomades que si l?eau existe?: ??Que nous la fassions venir de la mer et dessaler ou que nous la tirions des puits art?siens, il faudra l?inventer??
Depuis la Marche verte, 350 mille marcheurs de tout ?ge. C?est en travaillant un ouvrage pour le compte de l?Office national de l?eau potable consacr?e ? l?aventure de l?eau au Maroc que j?ai eu ? mesurer ce qu?exigeait comme d?ploiement et g?nie l?installation dans le secret le plus total les moyen d??tancher dans des conditions d?hygi?ne acceptables la soif des marcheurs dans une r?gion atteinte par un stresse hydrique aigu. Un front parmi les fronts d?une guerre qui se poursuivra bien apr?s la marche verte.
En cette ann?e de gr?ce 1975, le royaume est en effervescence. Les rues ne d?semplissent pas des manifestants. A Tarfaya, 350 mille marcheurs attendaient l?ordre de bouger sur Sakia El Hamra et Oued Eddahab. Le ballet diplomatique entre Rabat, Madrid, New York, Nouakchott, Alger et Paris s??puisait dans les m?andres d?une partie de poker qui pouvait d?raper ? tout instant. La Marche Verte est une ?pop?e qui est rest? dans l?histoire comme l?unique d?colonisation o? pas une goutte de sang n?a ?t? vers?e. Elle aura en revanche fait couler beaucoup d?encre et? d?eau. De 1975 ? 2015, les investissements pour donner de l?eau potable aux habitants du Sahara ont atteint 3,175 milliards de dhs.
Hassan II finira par ordonner ? une avant-garde de marcheurs de fouler de leurs pieds les fronti?res factices qui s?parent Tarfaya de son prolongement naturel, les autres provinces du Sahara. C?est dans ce tumulte que les accords de Madrid sont sign?s le 14 novembre 1975. Ils ouvrent la porte ? une gestion maroco-espagnole en attendant que ces accords soient adopt?s par la Jmaa du Sahara. Mais le Maroc est d?j? chez lui. Dans l?ambiance hostile de ce qui allait devenir le conflit du Sahara opposant le Maroc et l?Alg?rie, un ??commando?? de l?eau sillonnent les rues pour proc?der ? des pr?l?vements. Une mission p?rilleuse qui pouvait le faire tomber ? tout moment dans une embuscade fatale.
A La?youne et partout ailleurs, il n?y a pratiquement pas de branchements ? domicile. Le chef lieu du Sahara est aliment? en eau saum?tre ? partir de forages situ?s sur la rive gauche de Sakia Al Hamra, et en eau douce puis?e ? Foum El Oued. A Boujdour la situation est pire tandis que Smara vivote de l?eau saum?tre de la nappe de Sidi Ahmed Laaroussi. Plus tard on d?couvrira que Dakhla n??tait gu?re mieux loti.
Moins de deux semaine apr?s la Marche verte, le d?funt roi Hassan II pr?cise sa strat?gie en la mati?re?: ??La chose essentielle pour moi au Sahara c?est l?eau??, d?clare-t-il ? l?hebdomadaire fran?ais Paris-Match. Car explique-t-il, on ne peut fixer les populations nomades que si l?eau existe?: ??Que nous la fassions venir de la mer et dessaler ou que nous la tirions des puits art?siens, il faudra l?inventer??. La premi?re adduction install?e part du forage de Foum El Oued entre la ville de La?youne et le port. Des travaux similaires sont r?alis?s ? Smara et ? Boujdour. La r?alisation des projets combinant dessalement et forage se poursuivront ? un rythme soutenu.
En 2001, Le roi Mohammed VI lance lors de sa visite au Sahara l?extension de la station de dessalement de La?youne afin d?en doubler la capacit?. La station de Boujdour triplera la sienne. Smara connaitra le renforcement de sa production par l?extension de la station de traitement. Enfin Dakhla verra de son c?t? la naissance d?une nouvelle station de traitement? L?approvisionnement en eau potable du Sahara, enfin s?curis? et p?rennis?, illustre l?exemplarit? d?un rattrapage en peu d?ann?es d?immenses retards cumul?s par l?indiff?rence du colonialisme ? l??gard des populations locales.
Source :?Et l?eau fut (2002) ed ONEP, par Na?m Kamal