Au lieu de rassurer, le discours d’El Othmani fait peur

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Le conseil du gouvernement de ce mardi 19 mai 2020 a été tenu pour approuver le décret prolongeant l’état d’urgence sanitaire et le confinement qui va avec pour trois semaines supplémentaires. L’annonce de ce prolongement a été faite la veille par le chef du gouvernement devant les parlementaires des deux chambres réunies. Lors de cette réunion au parlement, le chef du gouvernement a précisé que son cabinet a conditionné la levée progressive du confinement par quatre éléments clés : d’abord, la capacité du système de la santé à faire face à la pandémie, en dehors des conditions de confinement, donc avec tous les risques potentiels.  Deuxième condition, parvenir à réaliser 10000 tests par jour, voire plus, alors qu’au début de la crise, ce nombre était limité à 1000 à peine. Plusieurs laboratoires sont mis à contribution, d’autres le seront très prochainement. Le pays a pu réaliser 660 tests samedi dernier, a notamment relevé M. El Othmani. Troisième condition, mobiliser toutes les compétences pour pouvoir assurer un suivi sans faille de la situation épidémiologique, maîtriser la propagation du virus et le suivi des personnes ayant été en contact avec des porteurs du virus. Enfin, le chef du gouvernement a évoqué la quatrième condition à savoir disposer de stocks nécessaires en matériel médical et d’hygiène préconisé dans la lutte contre le Covid-19, dont le gel hydro-alcoolique et les masques. 

Dans certains de nos posts sur facebook ou entretiens avec des journaux de la place, nous avions évoqué que la levée de l’état d’urgence sanitaire et la fin du confinement doit se faire de manière étudiée, progressive et de façon à éviter ou du moins à circonscrire les clusters, principal danger actuel et que le chef du gouvernement n’a pas manqué de relever dans son discours du lundi. 

Une navigation à vue

Le discours du chef du gouvernement n’a pas vraiment pas apporté de nouveau. Il a mis encore en relief le fait qu’il ne dispose pas de vision claire, chose qu’il avait dite lui-même quelques jours auparavant. Le discours de M. El Othmani n’a pas été rassurant, loin de là. Le moment de crise que nous vivons nous impose d’éviter d’évite les surenchères et les attaques, c’est certain. Pour y faire face, seul moyen, rester uni et menons ensemble cette guerre contre ce virus. Comment y parvenir ? Nous ne pouvons dépasser comme il se doit cette crise avec le moins de dégâts possibles que si le chef du gouvernement soit à la hauteur de sa mission, qu’il soit libéré de la peur qui l’envahit et que les Marocains ont senti. M. El Othmani doit cesser de répéter cette fausse vérité selon laquelle personne au monde n’a de vision pour lutter contre le Covid-19. Il est admis que les recherches se poursuivent pour déchiffrer les codes de ce virus, mais chaque pays a pris les mesures qui lui paraissent les mieux à même d’y faire face ou celles dont il dispose. Pour nous, nous devons rester mobilisés et mobiliser toutes les ressources nécessaires pour être en mesure de vaincre ce mal. Pour cela, il n’y a pas mille solutions, le cabinet actuel doit motiver les ressources humaines se trouvant en première ligne, notamment celles de la santé, il doit également mettre les moyens qu’il faut et veiller au respect des règles de confinement et de prévention… Ces règles de prévention constituent un élément clé dans la stratégie de lutte contre le virus.

L’absence de scenarii

Le discours du chef du gouvernement a été long, mais n’a pas apporté de réponses claires aux questions des citoyens. Il n’a pas évoqué le cas des trente mille marocains bloqués à l’étranger. La seule information qu’il nous a donnée c’est le prolongement de trois semaines de l’état d’urgence. Mais les scénarii d’après, les mesures concrètes à prendre face à la crise économique et sociale, rien… Notre souhait a été que M. Othmani nous rassure ne serait-ce que qu’avec quelques grandes lignes d’un plan de lutte contre la crise, des actions concrètes pour débloquer telle ou telle situation. Il s’est contenté de répéter que les effets de la crise sanitaire ont touché tout le monde et la crise économique causée par le Covid-19 est mondiale. Personne ne nie cet état de fait, mais on ne peut pas se cacher derrière les autres pour éviter de chercher des solutions à nos propres problèmes. M. El Othmani aurait dû avec son équipe d’experts et de conseillers élaborer des plans de relance de notre économie, des actions à même de minimiser l’impact de la crise actuelle sur la population. Tout le monde bouge, cherche des solutions, échafaude des plans d’attaque. Pourquoi pas nous ? 

M. Othmani qui nous a rappelé qu’il est médecin, psychiatre de formation et de carrière, qu’il a pris part à plusieurs opérations de lutte contre certaines maladies, a oublié que son discours qui fait peur n’est pas de nature à rassurer les citoyens et ne leur permet pas d’apercevoir la moindre lueur d’espoir.

Nous sommes pour le prolongement du confinement malgré le coût exorbitant que cela coûte à notre économie. Mais nous attendons que le gouvernement nous éclaire dès maintenant sur l’après corona. Comment va-t-il gérer cette période et avec quelles idées et quel leadership ? La machine économique doit redémarrer au plus vite, mais sous quelles conditions ? 

Le Maroc de l’après corona a besoin d’un gouvernement qui fonce, avec une feuille de route bien tracée et des objectifs ciblés. Pas d’atermoiements et d’hésitations. 

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