Politique
Aziz Akhannouch : 100 jours, 100 villes, 100 rumeurs
J’essaye de me configurer en Aziz Akhannouch - place soit dit en passant tout-à-fait entre nous, enviable – et tente de me donner des préférences : A choisir entre le Covid-19, alias le coronavirus, et les rumeurs qui me donnent chaque jour dans la descente en enfer, qu’est-ce que je prendrai ? Assurément le SRAS – Cov -2, autre nom du Covid-19. Mais Aziz Akhannouch n’est pas moi, fort heureusement pour lui d’ailleurs.
Samedi15 février - Taghazout Bay. Une colère royale, nous dit-on, a ordonné de raser je ne sais plus combien de villas et de détruire un peu moins d’étages d’hotels. Je reste volontairement évasif parce qu’en dehors de Medias 24 qui a fait des efforts pour donner des chiffres exacts, je ne trouve nulle part quelque chose d’officiel qui me dise avec précision de qui il s’agit ni de quoi il retourne. Dans cette affaire il y a à boire et à manger, « ma main et la main de la sagefemme » comme dit le proverbe, des opérateurs et une pléthore d’intervenants, mais il n’y a pratiquement que le nom de Aziz Akhannouch qui ressort.
Encore une fois, l’adage se vérifie : on ne prête qu’aux riches.
Dans cette affaire, c’est une autre maxime qui livre tout son sens : Pour vivre heureux vivons cachés ! Ce n’est apparemment pas le genre de Aziz Akhannouch. En plus d’être à la tête d’un grand groupe, en sus de coiffer un grand département ministériel, il est président du RNI auquel il ambitionne de faire jouer les premiers rôles aux prochaines élections. Forcément, avec ça, vous imaginez, on se fait beaucoup d’amis.
Mardi 17 février- Rabat. Sur certains sites relayés par les réseaux sociaux (à moins que ce ne soit l’inverse) circulent des informations qu’on peut résumer en une phrase : L’empire de l’empereur vacille et César, trop c’est trop, s’apprête à démissionner pour parer aux Brutus et à des pas Brutus prêts à lui porter miséricordieusement le coup de grâce. On y retrouve même un écho authentifié par l’estampille de Hespress qui annonce sa démission du RNI citant un communiqué parvenu dans l’après-midi à la toute officielle agence MAP. On ne pouvait faire plus vrai-faux. La démission est réelle, le communiqué existe, la MAP l’a effectivement reçu. Mais c’était en janvier 2012.
Il n’y a pas à dire, ses adversaires à la peine se donnent de la peine.
Dans la foulée, après trois ans de labeur et à deux encablures des échéances électorales, on me rapporte que des amis qui lui veulent du bien ne verraient pas d’un mauvais œil son départ parce que son maintien à la tête du RNI équivaudrait à un cadeau au PJD. Un cadeau ? Demandez au PJD qui s’acharne à l’abattre… qui payerait cher pour avoir en face de lui un Abdellatif Ouahbi et son PAM qui font du pied aux islamistes du gouvernement et les yeux doux à leur chef Saadeddine El Othmani.
Pendant ce temps, Aziz Akhannouch fait le dos rond, se drape dans un silence de celui qui quoi qu’il dise ce sera retenu contre lui. Il laisse à ses amis du parti le soin d’infirmer les rumeurs. Aux mots, il préfère les gestes.
Lundi 2 mars – Rabat. Aziz Akhannouch préside une réunion du Bureau politique du RNI qui se fend d’un long communiqué comprenant pas moins de dix points. Il va du soutien aux évolutions du dossier du Sahara aux programmes socio-économiques lancés par le Roi Mohammed VI dans la Région du Sous –Massa en passant par le soutien au ministre Moulay Hafid Alami dans son « travail pour la consolidation de la compétitivité du tissu industriel et commercial » du pays. Sur ce que l’on sait et ce qu’on pouvait attendre, circulez, même pas le début d’une ligne.
Mercredi 4 mars – Casablanca. C’est à Rachid Talbi Alami, Mohamed Bensaïd et Mustapha Baitas, membres du Bureau politique qu’est revenue la mission de faire devant la presse un bilan d’étape de la campagne « 100 jours – 100 villes », affichant la participation de 29 mille citoyens sur les 50 mille à atteindre à la fin du marathon en juin. Délai qu’il faudra désormais reporter, le RNI ayant décidé d’arrêter le circuit pour cause de coronavirus. Dans le parterre des journalistes pas une question sur la démission du président. La rumeur a vécu. Et Aziz Akhannouch doit faire sienne cette citation de je ne sais plus qui : « les rumeurs c’est génial, tu apprends des trucs sur toi que tu ne savais même pas ».