Guergarate : Fausse bonne idée et vrai faux calcul

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Tout au long de ces trois dernières années, le Maroc a fait montre d’une patience qui frôle le stoïcisme. Mais pareilles provocations ne pouvaient perdurer sans remettre sérieusement en cause la volonté même du Royaume à préserver ses droits.

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Alger a ''vivement déploré'' l’opération des Forces Armées Royales pour rétablir la circulation à Guergarate, et comme s’il était étranger aux évènements il a appelé « les deux parties à faire preuve de sens de responsabilité et de retenue», le reste à l’avenant. En matière de duplicité faussement naïve, on a fait mieux. Fidèles eux postes et au garde-à-vous, les partis, du FLN au plus petits des particules qui gravitent autour de l’Armée Nationale Populaire, se sont mêlés sans retenue à la fanfare pour « condamner l’agression marocaine ».

 La fièvre s’est aussi emparée quasiment de tous les titres de la presse algérienne. Des journaux et des sites, dont Algériepatriotique du général en fuite Khaled Nezzar n’est que l’épiphénomène, ont poussé le bouchon jusqu’à vouloir faire gober que l’opération de rétablissement de la normalité dans cette zone, est un complot maroco-émarati contre l’Algérie. A croire que Guergarate se trouve dans la banlieue d’Alger, pas très loin du chic club des pins qui abrite les dignitaires du pouvoir militaire. 

Mais tout ce brassage de vent ne peut dissimuler ni travestir les faits. C’est Alger dont les milices du Polisario, en treillis ou accoutrées en civil, ne sont que l’outil, qui tente depuis trois ans de modifier le statut des zones tampons. Pour, entre autres raisons, débarrasser la région de Tindouf des bases du Polisario et de ce qu’il appelle les réfugiés. 

Sans revenir à toutes les fois où l’ONU s’est expressément prononcée contre ces velléités, il suffit de rappeler que le Secrétaire général des Nations Unis s’est par trois fois exprimé contre le blocage de la circulation civile et commerciale à Guergarate que le Polisario brandissait dans sa litanie comme un acte de « lutte contre l’occupant marocain. »

Sa dernière déclaration à la suite de l’intervention des FAR en dit long sur la réalité de ces évènements. Tout en se déclarant « gravement préoccupé par les conséquences possibles des derniers développements », Antonio Guterres a dit regretter « que [ses] efforts [pour éviter cette situation] se soient avérés infructueux ». Replacée dans le contexte de ses injonctions d’évacuer la zone, sa déclaration désigne clairement les responsables du blocage ostentatoirement revendiqué par le Polisario. 

La patience marocaine

Tout au long de ces trois années, face aux blocages récurrents, le patron de l’ONU a réussi à plusieurs reprises à ramener les milices à la raison. Jamais pour longtemps. Et tout au long de ces trois années, le Maroc a fait montre d’une patience qui frôle le stoïcisme. Mais pareilles provocations ne pouvaient perdurer sans remettre sérieusement en cause la volonté même du Royaume à préserver ses droits. 

Cette fois-ci, Rabat est entré en contact avec l’ONU, a sensibilisé les puissances du Conseil de sécurisé et pris à témoin la communauté internationale avant de passer à une action proportionnelle, inscrite dans une stratégie graduelle, à ce qui se passait sur le terrain à Guergarate. Ce qu’aucun observateur objectif ne peut prendre pour une violation du cessez-le feu. Le seul coup de feu qui a eu lieu est une riposte en légitime défense à un baroud du Polisario qui est en train de crier sur les toits qu’il est désormais en guerre. Aux dernières nouvelles, ses milices procèdent à des opérations de harcèlements que l’armée marocaine se contente, pour l’instant, de repousser.

Les leçons de l’histoire

Après avoir été réduits militairement à la fin des années quatre-vingt, par un Maroc pourtant empêtré dans le plan d’ajustement structurel, aujourd’hui acculés aussi sur le terrain diplomatique qui leur servait jusqu’à ces dix dernières d’espace compensatoire, Alger, par Polisario interposé, est peut-être tenté par l’aventurisme. Ce qui serait une fausse bonne idée et un vrai faux calcul qui font fi de l’histoire. La leçon de celle-ci est pourtant édifiante.

Au début du conflit, l’Algérie de Houari Boumediene, confortablement installée dans le monde de la guerre froide sur lequel soufflait le vent des révolutions, forte du soutien de l’Union Soviétique et du Bloc de l’est, croyait qu’il suffisait d’un coup de boutoir pour que la monarchie et avec elle le Maroc tombent comme un Palais de cartes. Peine et pari perdus. 

Mais tout à sa vision prussienne de sa place dans la région, continuant d’estimer tout de même la conjoncture propice, Alger a persisté dans l’instrumentalisation du Polisario pour la réalisation de son rêve éveillé de venir à bout du Royaume. Sans être regardant sur les moyens : logistique et arsenal, y compris des missiles SAM soviétiques, de l’armée algérienne et de la Libye kadhafienne, et soutien technique inconditionnel des conseillers militaires cubains.  Sans plus de succès. D’où cette question de bon sens : comment peuvent-ils encore imaginer un seul instant qu’ils sont en mesure de faire plier le Royaume plus aguerri d’aujourd’hui ? A moins que l’Algérie ait d’autres idées derrière la tête, mais ça c’est une autre histoire. 

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