Politique
La rentrée
Nous avons reçu de Abdeslam Seddiki, membre du Bureau politique du PPS, ancien ministre du Travail, l’un des rares encore rachetable parmi les héritiers de Ali Yata, un article, qui parait également dans Al Bayane, sur la rentrée. Le ton est juste, mais que reste-t-il de cette justesse quand les mots, sans suite et sans conséquence, ont perdu jusqu’à leur sens premier
En parlant de la rentrée, mieux vaut utiliser le pluriel tant il est vrai que nous sommes face à plusieurs rentrées : scolaire, politique, sociale…En somme, chacun a sa rentrée et s’y prépare tant bien que mal.
Commençons par la rentrée scolaire qui débute ce mercredi 5 septembre selon le calendrier fixé par le Ministère de l’Education et qui intéresse l’ensemble des familles. C’est une question récurrente qui revient chaque année en pareille période. Trouver une place à l’école, s’approvisionner en fournitures scolaires, acheter des habits neufs pour la rentrée, accompagner l’enfant pour son intégration avec ses nouveaux camarades surtout pour ceux qui changent d’école ou qui font leur première découverte des lieux, tout cela demande des efforts de la part des parents et constitue pour eux un sujet de préoccupation quotidien. Du côté du Ministère de l’Education, tant au niveau central que local, on assiste à une mobilisation exceptionnelle de tous les moyens pour assurer la rentrée dans de bonnes conditions et parer à toutes les éventualités. Ce sont, d’ailleurs, des mesures de routine auxquelles le personnel de l’Education est bien rodé. Il suffit que la machine administrative soit bien huilée pour que tout rentre dans l’ordre.
Bien sûr, la rentrée n’est pas une fin en soi, l’objectif consiste à assurer un enseignement de qualité qui aide l’enfant à s’épanouir et à acquérir des connaissances et des valeurs qui feraient de lui un citoyen complet et accompli à l’avenir. A cet égard, Il ne serait pas fortuit de citer des extraits du Discours Royal à l’occasion de la Fête du trône du 30 juillet 2018 : « donner une impulsion vigoureuse aux programmes d’appui à la scolarisation et à la lutte contre la déperdition scolaire à partir de la prochaine rentrée scolaire, notamment au programme « Tayssir » et aide financière à la scolarisation, à l’enseignement préscolaire, au transport scolaire, aux cantines scolaires et aux internats ». C’est sur l’ensemble de ces questions et par rapport aux résultats concrets que le département de tutelle sera évalué le moment venu, en précisant toutefois que l’école est l’affaire de tous : parents d’élèves, élus locaux, partis politiques, organisations syndicales, société civile…
Vient ensuite la rentrée politique et sociale qui sera cette année particulièrement animée et chargée eu égard à l’urgence des dossiers inscrits à l’agenda et en premier lieu la question sociale dont SM le Roi a dit « j’ai le sentiment que quelque chose continue à nous faire défaut en matière sociale » (Discours du Trône). La question sociale s’impose au gouvernement avec insistance et le Souverain a défini le cap en la matière en donnant les orientations principales à suivre et les mesures phares à prendre : lancer la troisième phase de l’INDH en recentrant ses programmes sur le capital humain ; redresser les anomalies qui entachent l’exécution du RAMED ; organiser avant la fin de l’année une rencontre nationale sur l’emploi et la formation ; entreprendre une refonte globale des mécanismes et des programmes d’appui public à l’emploi des jeunes ; revoir en profondeur les spécialités de la formation professionnelle…. Comme la question sociale est intimement liée à l’économie, il est aussi impératif de prendre les mesures nécessaires à la promotion de l’investissement créateur d’emplois et garantissant la dignité humaine. Sur ce chapitre, le gouvernement est invité à faire adopter la charte de la déconcentration administrative avant la fin du mois d’octobre prochain après avoir adopté la nouvelle loi sur les CRI. Toutes les entraves doivent être levées pour faciliter l’investissement et la création des emplois décents.
Par conséquent, le gouvernement doit revoir à la fois ses priorités et sa manière de travailler en accélérant notamment sa cadence de travail, en prenant ses décisions dans la clarté et sans tergiversation aucune et ce en réglant sa montre sur l’horloge sociale. Car les délais sont courts et les attentes sont considérables. Du reste, il doit davantage être à l’écoute des partenaires sociaux et « œuvrer avec célérité à l’aboutissement du dialogue social » afin « d’élaborer un pacte social équilibré et durable » (Discours du Trône).Il faut rappeler que le dialogue social n’est pas un luxe ou une simple procédure protocolaire pour se partager un verre de thé ! C’est une question sociétale majeure et une composante essentielle de la pratique démocratique. Cette reprise du dialogue social, après un mea culpa courageux, devrait intervenir dans la foulée de la préparation du projet de loi de finances pour éviter les erreurs du passé et démontrer concrètement que rien ne se fera désormais comme avant. Le pays a besoin de retrouver confiance et se mettre au travail.
(Al Bayane du mercredi 5septembre 2018)