Santé
Les hépatites virales chez les enfants nécessitent la vigilance des parents et des professionnels de santé
Chez 8 enfants sur 10 parmi les enfants touchés, un adénovirus suspect a été retrouvé. Sa responsabilité n’est pas encore entièrement établie, et surtout les circonstances qui auraient aidé ce virus à se transformer d’un agent infectieux normalement bénin chez les enfants, en une infection aussi sévère
Rabat - La vigilance des parents et des professionnels de santé, aussi bien que le respect des mesures d’hygiène, sont les moyens de protection actuellement disponibles et efficaces contre les hépatites virales chez les enfants, écrit jeudi, Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. Il assure que le Royaume n'a enregistré jusqu’à présent aucun cas d’hépatites aiguës qui ont touché environ 200 enfants dans plus de dix pays en Europe et en Amérique du Nord.
Dans un article intitulé "Les hépatites virales mystérieuses : la vigilance des parents et des professionnels de santé", Dr Hamdi souligne que ces hépatites aiguës qui ont affecté des enfants essentiellement de moins de dix ans, se manifestent par une jaunisse rendant de couleurs jaunâtre le blanc des yeux et la peau, des vomissements, une diarrhée, des douleurs abdominales, une urine foncée et des selles pâles, une fatigue, des démangeaisons et parfois de la fièvre. Les hépatites aiguës sont généralement dues à des infections virales A, B, C, D ou E qui touchent le foie, soit à des médicaments ou à des plantes ou produits toxiques pour le foie.
Les enfants sont moins souvent victimes d’hépatites aiguës par rapport aux adultes. En revanche, sur l’ensemble des enfants touchés jusqu’à présent, un enfant au moins est décédé, et un enfant sur dix a dû subir une transplantation du foie, précise l'expert.
Les analyses biologiques et épidémiologiques n’ont pu retrouver à ce jour aucune cause virale connue, ni cause toxique à cette flambée d’hépatites, note Dr Hamdi, ajoutant qu'un adénovirus est suspecté d'en être la cause.
Chez 8 enfants sur 10 parmi les enfants touchés, cet adénovirus a été retrouvé. Sa responsabilité n’est pas encore entièrement établie, et surtout les circonstances qui auraient aidé ce virus à se transformer d’un agent infectieux normalement bénin chez les enfants, en une infection aussi sévère, a-t-il expliqué.
Les adénovirus forment une famille d’une soixantaine de variétés dont le sérotype 41 est responsable de rhumes et de bronchites chez les enfants, surtout de moins de 5 ans pendant l’hiver et le printemps, précise-t-il, notant que des fois l’infection cause une gastro-entérite, ou une conjonctivite chez l'enfant, sans lendemain et que la majorité des adultes sont déjà immunisés durant leur enfance. Rarement cet adénovirus causera une encéphalite ou une hépatite aiguë chez des enfants déjà sérieusement immunodéprimés mais pas bien portants comme c’est le cas actuellement.
D'après Dr. Hamdi, les experts explorent toutes les pistes et surtout trois hypothèses. Si l’adénovirus a connu des variations ou de mutations, ou émergence d’un nouvel adénovirus. Deuxième hypothèse, ce que l’on appelle la "dette immunitaire": après deux ans de confinements et de mesures barrières, les enfants se retrouvent brutalement face aux agents infectieux. Et troisième thèse, dans un contexte pandémique serait une co-infection par le virus de la Covid-19 et l’adénovirus. La relation avec les vaccins a été écartée. La majorité de ces enfants n’ont pas été vaccinés contre la Covid.
En attendant les résultats des investigations pour organiser un plan de riposte planétaire adéquat, l'expert estime qu'il revient aux parents qui constateraient des symptômes similaires chez leurs enfants de consulter sans délai pour avoir un diagnostic précoce et des mesures de protection de l’entourage.
"Les professionnels de santé sont aussi invités à penser à cette hépatite et investiguer tous les cas probables et les déclarer au ministère de la santé. Les enfants, ainsi que leurs parents et sous leur impulsion, doivent observer rigoureusement les règles d’hygiène : lavage des mains fréquents, avant les repas, après les toilettes et les mesures d’hygiène respiratoire", ajoute-t-il, relevant que les adénovirus se transmettent par voie oro-fécale et par voie respiratoire.
"Le ministère de la santé et de la protection sociale au Maroc s’est mobilisé pour la surveillance, le suivi et la veille. Pour être efficaces, ces efforts doivent être accompagnés de l’engagement des parents et des professionnels de santé à tous les niveaux et dans les secteurs public et privé", conclut Dr. Hamdi.