Meurtrière mais curable, la tuberculose demeure une menace persistante de portée mondiale

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La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose (24 mars), célébrée cette année sous le thème "Oui ! Nous pouvons mettre fin à la tuberculose : nous engager, investir et agir concrètement", se veut un nouvel appel à l’urgence d’éradiquer cette épidémie

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Par Mohamed Achraf LAARAJ - MAP

Encore responsable de 1,25 million de décès dans le monde en 2023, la tuberculose demeure la maladie infectieuse la plus meurtrière, malgré des traitements efficaces et une prévention bien connue. Au Maroc, avec près de 35.000 cas recensés, cette épidémie silencieuse frappe surtout les jeunes adultes et les populations les plus vulnérables. Prévention, dépistage précoce, investissements ciblés : autant de leviers essentiels pour enrayer cette maladie curable mais profondément liée aux inégalités sociales, rappelle le Dr Tayeb Hamdi.

Rabat - Un total de 1,25 million de personnes sont décédées de la tuberculose à travers le monde en 2023, selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Un tel chiffre alarmant en dit long sur la gravité de cette épidémie qui ne cesse de sévir en dépit des avancées médicales.

La découverte du bacille responsable de cette maladie en 1882 a ouvert la voie au diagnostic et au traitement. Cependant, et bien que des millions de vies aient été sauvées depuis 2000 grâce aux efforts mondiaux, la tuberculose demeure la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde.

Les estimations de l’OMS révèlent que le nombre de cas de tuberculose enregistrés au Maroc avoisine les 35.000, soit une incidence de 94 pour 100.000 habitants, avec 3.300 décès.

La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose (24 mars), célébrée cette année sous le thème "Oui ! Nous pouvons mettre fin à la tuberculose : nous engager, investir et agir concrètement", se veut un nouvel appel à l’urgence d’éradiquer cette épidémie et de réduire les conséquences socio-économiques sur les populations touchées.

Il est vrai que la tuberculose pulmonaire est la plus connue, mais il n’existe pas un seul type de tuberculose qui touche un organe spécifique, souligne le Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé.

Les formes de la maladie comprennent, entre autres, la tuberculose cérébrale, rénale, hépatique, intestinale, gastrique, cutanée ou ganglionnaire, sachant que les symptômes varient selon l’organe touché, explique le Dr Hamdi dans une déclaration à la MAP.

Au Maroc, la moitié des cas de tuberculose enregistrés sont pulmonaires, précise-t-il, relevant le besoin de mener des recherches approfondies afin de déterminer les raisons à l’origine de cette prévalence égale entre la tuberculose pulmonaire et la forme extra-pulmonaire.

La vaccination ne dispense pas des autres mesures de prévention

La prévention de la tuberculose débute avec l’administration du vaccin BCG, que tous les Marocains reçoivent à la naissance et dont le certificat est exigé pour l’inscription d’un nouveau-né à l’état civil, rappelle le Dr Hamdi.

Eu égard à la contagiosité de la tuberculose, le meilleur moyen de prévention demeure le dépistage précoce, et ensuite le traitement approprié de la maladie, afin de rompre la chaîne de transmission.

Le chercheur insiste aussi sur la prévention pour les personnes contacts, tant à domicile qu’en milieu professionnel, soulignant l’importance de recevoir un traitement préventif pour celles présentant un risque de contracter la tuberculose.

La tuberculose, un défi socio-économique

La tuberculose touche généralement les groupes les plus économiquement vulnérables, d’où la nécessité de la prise en charge de la maladie pour assurer le droit à la santé individuellement et collectivement.

La tranche d’âge la plus touchée au Maroc est celle de 25 à 34 ans, alors que le taux de détection s’élève à 85 % (soit une personne sur 6 est malade sans le savoir et sans être diagnostiquée), avec un taux de guérison de 88 %, fait savoir l’expert.

L’éradication des chaînes de transmission de la maladie requiert un financement substantiel afin de cibler efficacement les populations vulnérables, en particulier dans les zones défavorisées.

Le Plan stratégique national 2024-2030 pour la prévention et le contrôle de la tuberculose s’inscrit dans l’engagement pour atteindre les objectifs de développement durable. Il a pour but de réduire respectivement, par rapport à 2015, d’ici à 2030, le taux de mortalité de la tuberculose de 60 %, et le taux d’incidence de la tuberculose de 35 %.

Alors que la vaccination ne saurait malheureusement suffire à elle seule pour venir à bout de cette maladie implacable, la tuberculose, quoique guérissable, continue de frapper là où les inégalités se creusent, là où l’accès à la santé reste un privilège.

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