A Casablanca, c’est l’heure du grand rush de l’Aïd à l’irrésistible appel du Sud

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Par Abdellatif El Jaâfari (MAP)

C’est un rituel aussi sacré que le sacrifice du mouton. A l’approche de l’Aïd El Kébir, l’excitation monte de plusiuers cran, surtout dans les foyers des habitants de Casablanca originaires du Sud et du Sud-Est du Royaume. Car, cette fête religieuse est synonyme pour eux les retrouvailles avec leurs familles. Le grand voyage tel un pèlerinage.

Un retour aux sources pour toutes les familles résidant de manière permanente ou temporaire dans la métropole, qui illustre un attachement indéfectible aux traditions et à la terre des ancêtres.

C’est l’heure du grand rush, notamment dans les gares routières qui accueillent en cette période exceptionnelle un flux important de voyageurs qui ne peuvent se permettre pour rien au monde de rater cette occasion unique, semblable à une migration de masse mais différente du tout au tout de celle évoquée dans le chef-d’œuvre de la littérature arabe ‘’Saison de la migration vers le Nord’’ paru en 1966 sous la plume du romancier soudanais Tayeb Saleh, dans lequel il évoque la quête identitaire de l’élite intellectuelle arabe postcoloniale à travers l’histoire d’un personnage singulier, surdoué, parti faire des études à Londres pour son grand malheur.

Tout au contraire, il s’agit pour ces “gens du Sud” d’une occasion “inratable" de retrouver en fin les siens et la terre natale après de longs et interminables mois de séparation et de labeur dans la capitale économique du Royaume. Avec toujours le même enthousiasme et une irrépressible envie de rentrer au bercail. Pour assouvir ce désir, cette nostalgie incommensurable, ils sont prêts à tout sacrifier.

Preuve, ils étaient nombreux à faire ce grand voyage il n’y a pas si longtemps, bravant les dangers en temps de pandémie. Ne dit-on pas que l’amour n’a pas de prix et brave le danger !

Les préparatifs battent leur plein depuis plusieurs jours, voire des semaines, car il s’agit de ne rien oublier, surtout les cadeaux et les habits neufs pour la fête du sacrifice affectueusement offerts à tous les membres de la grande famille qui sont restés au “Bled”.

Comme nous l’explique Abdelkader, originaire de Tata et qui travaille dans un Hammam (Bain maure traditionnel) à Casablanca, qui évoque avec grande tendresse les retrouvailles à l’occasion de cette fête inégalable.

Dans une déclaration à la MAP, il explique que ce retour au bercail est une perpétuation des traditions et aussi une occasion pour l’organisation des noces juste après l’Aïd El Kébir, ce qui représente un moment unique et savoureux de rencontres avec les proches et les amis, et aussi de partage et d’évocation nostalgique d’un passé déjà bien lointain.

Il existe donc des traits communs dans les rituels observés à l’occasion de cette grande fête par les gens du Sud et ceux du Sud-Est du Royaume.

Abdessalam, originaire de Zagora, et qui vit et travaille à Casablanca, confie à ce propos, lui, que les populations du Sud et du Sud-Est partagent tous la même destinée, ayant été contraintes d’élire domicile à Casablanca pour gagner leur vie, ce qui explique leur grand désir de rentrer au bercail à cette occasion.

Il ajoute que ce séjour parmi les siens est synonyme de réjouissances ininterrompues, de tendres retrouvailles avec les proches et les amis et aussi l’occasion de manger en famille le fameux “qadid”, une viande séchée qui parfume les plats.

Le temps donc d’une pause bien méritée après de longs mois d’expatriation, de labeur sans répit et d’une course contre la montre pour gagner sa vie. Et ce grand voyage est, pour eux, une délicieuse échappatoire, une joyeuse forme de catharsis. Vivement l’Aïd prochain !

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