chroniques
La Révolution du Roi et du peuple, l’ennemi, l’invisible et le visible
Le Roi Mohammed VI dans les rues tunisoises pendant le tumulte de l’après « printemps arabe »
Avec Jean-Luc Mélenchon et Florian Filippo, on joue dans une catégorie autre que celle où ont barboté un journaliste saoudien répondant au nom d’Al-Shamri et une télévision tunisienne qui s’essaye en chaine de pays en développement à la Caméra cachée. On sait ici ce que ça donne.
Mélenchon et Filippo, deux « insoumis » français, chacun dans son registre. Deux personnages d’une culture certaine. Solide. Deux extrêmes, souvent aussi insupportable l’un que l’autre, qui par moments deviennent bien plus que sympathiques, séduisants. Particulièrement quand ils donnent le Maroc en exemple à la France.
Le premier, député, parce que le Maroc est son pays natal, et que le Royaume vaut pour lui, du haut de la tribune du Palais bourbon, leur admiration dans sa manière d’affronter le coronavirus. Sur les bancs clairsemés de l’Assemblée Nationale française quelques-uns ne sont pas d’accord, mais, passez-moi l’adaptation de l’aphorisme de Beaumarchais, sans liberté de divergence point d’éloges flatteurs.
Le second, Filippo, parce qu’en comparant le Maroc à la France, il appuie là où ça fait vraiment mal à la superbe de la sixième puissance économique du monde.
On n’est pas dupes. Nos réussites sont instrumentalisées dans une querelle qui n’est pas notre. Pour autant on ne fera pas la fine bouche ni bouder notre plaisir.
Les ères des ruptures
Ce ne sont pas les seules louanges qu’a values au Maroc sa réaction face au coronavirus. Très tôt dans la propagation de la pandémie on a vu le Roi sur le pont prendre décision sur décision dans une course infernale contre la montre et contre le Covid-19. Et certains de s’étonner de cette rapidité.
Parfois, je parle pour moi, j’ai pensé et dit que c’était peut-être hâtif. C’est le cas pour la décision le 2 mars d’annuler le Salon de l’agriculture, SIAM 2020, prévu du 14 au 19 avril. Le Maroc venait d’enregistrer son premier cas.
Rétrospectivement, je me rends compter qu’encore une fois j’ai manqué une occasion de me taire.
Les éloges que valent au Maroc et à son Roi la guerre qu’ils mènent contre le coronavirus ne sont pas non plus sans receler un relent que je préfère ne pas nommer. Ils disent aussi ce que certains craignaient pour nous et d’autres souhaitaient : Que le pays s’effondre à la première charge de l’épidémie.
Mais les ressorts de la Nation ont bien répondu.
On n’a pas besoin de démiurge pour avoir une conscience aiguë de nos carences ou pour comprendre que les ``politiques d’endiguement `` sont d’abord pour éviter aux infrastructures sanitaires d’être submergées. C’est le cas du Maroc et c’est aussi le cas, pour ne citer que les plus proches géographiquement de nous, de l’Espagne et de la France. On n’a pas non plus besoin d’être né de la cuisse de Jupiter pour savoir que le plus dur est à venir. La scène nationale foisonne d’analyses, de pistes, et de propositions collectives et individuelles pour l’après coronavirus et, très tôt, d’idées sur les repositionnements possibles par rapport aux révisions et aux changements que vont connaitre indubitablement les relations internationales et l’économie mondiale.
Ce qui importe pour l’instant consiste à distinguer le secondaire de l’essentiel. En partant de l’histoire. Sur trois générations, on peut tracer des pics-tests de la courbe du pouvoir marocain sur un siècle : 1953 -Mohammed V face au protectorat et à l’exil. 1975 - Hassan II face à la Marche Verte et à la conspiration de l’Algérie et de l’Espagne franquiste. 2020 - Mohammed VI, dont les réflexes politiques ont été éprouvés et prouvés une première fois face au févriérisme de 2011, vogue la galère contre à un ennemi invisible (et visible).
Aucune de ces étapes n’a été traversée sans induire des mutations profondes dans la société marocaine en dépit des résistances que la transformation peut rencontrer. Le franchissement de ces moments historiques de rupture a invariablement obéi à un même code, récurrent : l’osmose entre les composantes les plus déterminées, les plus conscientes et les plus patriotiques de la Société. En 1953, on l’avait baptisée la Révolution du Roi et du Peuple.