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Algérie: 1 an de prison pour 28 manifestants ayant arboré un drapeau kabyle
Un tribunal d'Alger a condamné mardi 28 manifestants, arrêtés en possession d'un drapeau amazigh (berbère), à six mois de prison ferme, pour "atteinte à l'intégrité du territoire national", a annoncé une association de soutien.
Les premières arrestations avaient eu lieu le 21 juin, deux jours après que le chef d'état-major de l'armée eut interdit tout autre drapeau que l'emblème national dans les manifestations hebdomadaires contre le pouvoir, dont l'Algérie est le théâtre depuis le 22 février.
Le général Ahmed Gaïd Salah est l'homme fort de l'Algérie depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue, qui réclame dorénavant le démantèlement du "système" au pouvoir depuis l'indépendance en 1962.
Le tribunal de Sidi M'hamed, dans le centre d'Alger, a condamné dans la nuit de lundi à mardi un groupe de 22 manifestants à "un an de prison, dont six mois ferme et six avec sursis", a indiqué le Comité national de libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook.
Outre la peine d'emprisonnement, le tribunal les a aussi condamnés à 30.000 dinars d'amende (environ 230 euros), selon le CNLD, qui regroupe avocats et proches d'une centaine de personnes arrêtées depuis juin dans, ou en marge, des manifestations hebdomadaires antirégime.
Selon le CNLD, le procès de 20 autres accusés, également prévu lundi, a été reporté au 18 novembre.
Le même tribunal a également condamné mardi matin à six mois de prison ferme six accusés jugés le 22 octobre. Le verdict, prévu le 5 novembre, avait été reporté en raison d'une grève inédite des magistrats, qui protestaient contre un vaste mouvement de mutation touchant la moitié du corps de la magistrature.
"La défense va faire appel", a déclaré Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH).
Les peines prononcées "portent atteinte à l'unicité du système judiciaire algérien", a estimé M. Salhi, alors que plusieurs manifestants, jugés pour les mêmes faits, ont été acquittés par des tribunaux de province. Cela laissait penser que ces décisions "allaient faire jurisprudence et que les autres (tribunaux) allaient suivre", a regretté M. Salhi.
Le Parquet de Sidi M'hamed avait systématiquement requis deux ans de prison ferme et 100.000 dinars d'amende (environ 750 euros) contre l'ensemble des accusés, dont la majorité sont en détention provisoire depuis leur arrestation.
La défense, composée de près de 70 avocats, avait plaidé l'acquittement arguant qu'il "n'existe aucune loi interdisant de brandir un drapeau amazigh et que la Constitution précise que l'amazighité est l'une des composantes de l'identité nationale".
Les avocats ont également protesté contre la durée de la procédure "dans une affaire qui n'exige pas quatre mois d'instruction, d'autant que le dossier ne contient que les procès-verbaux d'audition".