Au SIEL 2025, des illustrateurs marocains dessinent la mémoire patrimoniale de Rabat

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Par Manal KOUBIA – MAP

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Dans le cadre du 30e Salon international de l’édition et du livre (SIEL), une résidence artistique inédite a réuni, du 21 au 24 avril au musée de l’Histoire et des Civilisations de Rabat, une dizaine d’illustrateurs marocains autour d’un projet collectif visant à valoriser l’histoire de la capitale à travers la bande dessinée jeunesse. Une initiative patrimoniale et créative au croisement de l’art, de la mémoire et de la transmission.

Une résidence au cœur du patrimoine

Rabat – Une dizaine de jeunes illustrateurs marocains ont investi, pendant trois jours, les murs du musée de l’Histoire et des Civilisations à Rabat dans le cadre d’une résidence artistique intitulée « Rabat, capitale du monde à travers les illustrations de livres pour enfants », organisée du 21 au 24 avril à l’occasion du SIEL 2025.

Cette résidence, tenue dans une ambiance à la fois studieuse et conviviale, a été conçue comme une plateforme de création, de partage et de réflexion. L’objectif : produire une bande dessinée collective magnifiant l’histoire et la richesse patrimoniale de Rabat, de l’Antiquité à nos jours.

Dans une déclaration à la MAP, Mickaël El Fathi, auteur et plasticien franco-marocain, encadrant de cette résidence, a précisé que l’initiative s’inscrit dans le cadre du Forum arabe de la littérature jeunesse, et qu’elle repose sur un texte original qu’il a lui-même rédigé sous le titre « Rabat, capitale du livre ». « Nous avons découpé ce récit imaginaire en plusieurs séquences historiques, que chaque illustrateur s’est approprié selon son propre style graphique », a-t-il expliqué.

Transmettre l’Histoire par l’image

Plus qu’un simple atelier de création, cette résidence s’est imposée comme un espace de recherche artistique dédié à la mémoire de la capitale. Elle a permis aux participants de s’immerger dans les couches historiques, architecturales et symboliques de Rabat, en interrogeant le rôle de l’image dans la transmission des savoirs et la valorisation du patrimoine urbain.

Selon Amina Alaoui Hachimi, illustratrice et responsable du développement professionnel au sein du Forum arabe des éditeurs de livres pour enfants, cette initiative vise également à sensibiliser à la nécessité d’un encadrement pédagogique structuré dans le domaine de l’illustration jeunesse. Il s’agit, dit-elle, d’initier les jeunes talents à une approche plus profonde et contextuelle du dessin, qui conjugue créativité visuelle et ancrage culturel.

L’illustration devient alors un vecteur d’éveil, une passerelle entre les enfants et leur environnement culturel. Pour les jeunes artistes, cette expérience collective est aussi un laboratoire de styles et de techniques, où chacun puise dans l’imaginaire collectif pour façonner une narration visuelle à la fois sensible et accessible.

Une ouverture sur l’international

Parmi les participantes, Ilham Flouki, lauréate de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, s’est dite heureuse d’avoir pu contribuer à une œuvre commune portant sur la mémoire vivante de Rabat. Cette immersion lui a permis, confie-t-elle, d’affiner sa maîtrise des codes narratifs de la bande dessinée tout en approfondissant sa connaissance du patrimoine marocain.

Organisée dans le cadre de la désignation de « Rabat, Capitale mondiale du livre 2026 », cette résidence a été coordonnée par Yasmine El Kaouakibi, directrice éditoriale chez Yanbow al kitab, avec le soutien du Forum arabe des éditeurs de livres, basé à Sharjah aux Emirats Arabes Unis. L’objectif est double : ouvrir les illustrateurs marocains sur le monde arabe et favoriser les partenariats internationaux avec les éditeurs de livres jeunesse.

Cette initiative s’inscrit ainsi dans une dynamique de diplomatie culturelle douce, où la bande dessinée devient un langage universel capable de faire dialoguer les générations, les territoires et les traditions à travers les lignes et les couleurs.

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