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Confinement cinq étoiles pour le club des millionnaires thaïlandais
Plats gastronomiques livrés par un majordome, bijou Cartier véhiculé directement depuis l'entrepôt, tours en berline avant le couvre-feu: les super-riches thaïlandais n'ont pas renoncé à leur train de vie malgré la pandémie de coronavirus qui laisse des millions de personnes au chômage.
Le royaume est l'un des pays les plus inégalitaires au monde: en 2018, les 1% les plus fortunés contrôlaient 67% de la richesse du pays, d'après une étude de Crédit Suisse.
Avec l'épidémie qui a mis à l'arrêt de grands pans de l'économie et notamment le secteur essentiel du tourisme, le fossé entre les plus riches et les plus pauvres risque encore de se creuser.
Sur une population de quelque 69 millions d'habitants, 22 se sont déjà inscrits pour tenter de recevoir une aide mensuelle du gouvernement de 5.000 bahts (140 euros) et nombre d'entre eux ont perdu leur emploi.
Privées de revenus et de nourriture, beaucoup s'en remettent aux distributions d’aide alimentaire pour survivre.
Les ultra-riches ont aussi laissé des plumes. D'après le magazine Forbes, les 50 personnes les plus aisées du pays ont perdu au total près de 28 milliards de dollars (26 milliards d'euros) en un an, soit 18% de leur fortune. En cause: la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, mais aussi le coronavirus qui a fait dévisser les places financières.
Langouste et nid d'hirondelle
Cela ne les empêche pas de continuer à mener grand train, sans sortir de chez eux.
La société de conciergerie Silver Voyage Club n'amène plus ses clients à l'aéroport depuis la fermeture des frontières. Tartare de bœuf wagyu, la viande haute couture de la cuisine japonaise, langouste braisée, riz à la truffe, nid d'hirondelle glacé: ses berlines véhiculent désormais des repas haut de gamme concoctés par les meilleures tables de Bangkok.
Les menus, jusqu'à 285 euros par personne, peuvent être livrés par un majordome aux gants blancs qui dresse la table et sert les convives.
"Un client a déboursé pour 10 personnes plus de 3.000 dollars (2.800 euros) sans les vins", raconte à l'AFP le fondateur de la société, Jakkapun Rattanapet.
"Un autre plus de 30.000 dollars (28.000 euros) pour un bijou de chez Cartier. Les boutiques étant fermées à cause de la crise, on a dû s'adresser directement à l'entrepôt", sourit-il, "rien n'est impossible".
Le chef indien Gaggan Anand, qui œuvrait l'année dernière dans un restaurant deux étoiles Michelin fermé depuis, satisfait sa clientèle en concoctant de petits plats à emporter dans un autre établissement.
"Je livre de 25 à 30 repas par jour à de riches hommes d'affaires, de célèbres actrices", explique-t-il.
Et même si certains restaurants ont rouvert en début de semaine beaucoup hésitent encore à sortir par peur du coronavirus et à cause du couvre-feu imposé depuis la fin mars de 22 heures à quatre heures du matin.
La Thaïlande compte 27 milliardaires, selon Forbes.
Le Premier ministre Prayut Chan-o-cha a adressé un courrier aux vingt premiers d'entre eux, leur demandant d'"aider leur pays et son système de santé en ces temps de crise".