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En Afrique, l’IA ne doit pas ‘'rester un sujet des débats et des agendas’’, affirme Bourita

L’Afrique, confrontée à de nombreux défis classiques tels que les conflits armés et les groupes séparatistes, fait désormais face à l’avènement de nouveaux défis liés à l’IA, expliquant que 40 % des groupes terroristes ont recours à ces technologies dans leurs opérations, alors que 47 pays à travers le monde ont été ciblés par des interventions utilisant l’IA dans leurs processus électoraux.
Face aux bouleversements provoqués par l’Intelligence Artificielle, l’Afrique ne peut plus se permettre de rester spectatrice. Lors d’une réunion inédite de l’Union africaine, le ministre Nasser Bourita a plaidé pour une implication active du continent dans la gouvernance mondiale de l’IA. Entre menaces sécuritaires, opportunités agricoles et nécessité d’un cadre juridique et humain adapté, l’Afrique est appelée à transformer le défi numérique en levier de développement durable.
Le continent africain est appelé à s’ériger en acteur agissant dans les questions liées à l’Intelligence artificielle (IA), a affirmé jeudi à Rabat le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.
Lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (CPS-UA), tenue par visioconférence, M. Bourita a souligné que "le continent doit être un acteur agissant et impliqué dans les enjeux mondiaux actuels dont celui de l’IA, et ne pas rester un sujet des débats et des agendas".
Il a rappelé que cette réunion s’inscrit dans le cadre de la présidence marocaine du CPS-UA pour le mois de mars et des activités et réunions programmées à cet effet, ajoutant qu’il s’agit de la première réunion de l’Union africaine consacrée à l’IA au niveau ministériel.
Huit membres du Conseil de paix et de sécurité sur un total de 15 y ont pris part.
L’IA, des faits et des méfaits
M. Bourita a, entre autres, souligné que l’Afrique, confrontée à de nombreux défis classiques tels que les conflits armés et les groupes séparatistes, fait désormais face à l’avènement de nouveaux défis liés à l’IA, expliquant que 40 % des groupes terroristes ont recours à ces technologies dans leurs opérations, alors que 47 pays à travers le monde ont été ciblés par des interventions utilisant l’IA dans leurs processus électoraux.
M. Il a à cet égard relevé que la diffusion de vidéos truquées a augmenté de 900% au cours des cinq dernières années, tandis que les fake news ont progressé de plus de 300 % ces trois dernières années, ce qui témoigne de l’ampleur de l’impact de cette technologie sur la sécurité et la stabilité en Afrique.
En revanche, a poursuivi le responsable gouvernemental, l’IA offre d’énormes opportunités, notamment dans le domaine de la production agricole, qui pourrait augmenter de 10 à 20 % grâce à cette technologie, à un moment où le continent est aussi confronté à des défis en matière de sécurité alimentaire.
Par ailleurs, le ministre a mis en avant l’importance d’un engagement agissant de l’Afrique pour promouvoir l’IA, rappelant le rôle du Maroc dans ce domaine, particulièrement à travers le lancement du Groupe des amis sur l’intelligence artificielle pour le développement durable dans le cadre des Nations Unies.
M. Bourita a en outre souligné la nécessité de renforcer la formation et d’investir dans le capital humain spécialisé dans ces technologies, faisant observer que seulement 1 % des experts et ingénieurs en Intelligence Artificielle sont originaires d’Afrique et que près de 70.000 d’entre eux ont émigré à l’étranger.
Il a ainsi insisté sur le développement des infrastructures en Afrique pour suivre l’évolution rapide du secteur et la mise en place d’un cadre juridique adapté, notant que le Maroc, sous le leadership du Roi, met son expertise numérique à la disposition de ses frères africains, dans le cadre de la coopération Sud-Sud prônée par le Royaume.