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Enquête sur la mort de vacanciers dont un Franco-Marocain tués par des garde-côtes algériens

Funérailles de Bilal Kissi, abattu par les garde-côtes algériens alors qu'il s'était égaré avec un autre jet-ski à la frontière maritime entre l'Algérie et le Maroc, dans la ville de Saïdia, dans le nord-est du Maroc, le 31 août 2023. Kissi et Abdelali Merchouer, tous deux de double nationalité franco-marocaine, ont été pris pour cible après avoir pris un mauvais virage au large de la station balnéaire de Saïdia, à l'extrémité nord-est du Maroc. (Photo AFP)
Le parquet marocain a ouvert une enquête vendredi sur "les circonstances du décès" d'un vacancier franco-marocain tué mardi avec un autre jeune Marocain, dans une zone frontalière par des tirs des garde-côtes algériens, un drame inexpliqué sur lequel ni Rabat ni Alger ne se sont exprimés.
Le ministère public a lancé des investigations sur les raisons de la mort de Bilal Kissi "après la découverte de son cadavre sur la plage de Saïdia", dans le nord-est du Maroc, à 3 km environ de la frontière avec l'Algérie.
Du coté français, le parquet de Paris a indiqué à l'AFP avoir été "avisé par le Quai d'Orsay du décès d'un ressortissant franco-marocain à proximité des côtes algériennes" au titre de sa compétence pour les faits commis à l'étranger par ou sur un ou des ressortissants français
Le jeune vacancier qui vivait en France était parti en jet-ski de Saïdia, avec son frère aîné Mohamed, également franco-marocain, qui a pu regagner la ville et témoigner, ainsi qu'avec leur cousin Abdelali Mechouar, un ressortissant marocain.
Smaïl Snabé, un ami également Franco-Marocain, faisait partie du groupe de jeunes, partis chacun sur un jet-ski de la station balnéaire de Saïdia, très prisée l'été pour sa longue plage et ses activités nautiques.
Bilal Kissi a été enterré jeudi, en présence de dizaines de proches dans le village de Bni Drar, près de Oujda, ville limitrophe de l'Algérie, selon des images obtenues par l'AFP, où l'on voit un groupe d'hommes porter sa dépouille recouverte d'un drap mortuaire vert frappé de sourates du Coran.
Le corps de M. Mechouar, tué aux côtés de Bilal Kissi, se trouve encore côté algérien, selon les médias marocains, qui ont précisé que M. Snabé avait été blessé et interpellé par les autorités algériennes.
"On a enterré un frère et on veut récupérer le cadavre d'Abdelali, notre cousin", a déclaré un cousin de Bilal Kissi, dans une vidéo diffusée par Al Omk. "On veut l'enterrer dignement pour que sa mère puisse avoir le coeur apaisé", a ajouté le cousin dont le prénom n'a pas été communiqué.
Vacances en famille
Selon lui, "ces jeunes n'avaient ni de la drogue ni n'ont volé quoique ce soit, ils sont en règle. Ils étaient venus passer des vacances en famille" à Saïdia. Ils travaillaient en France. "Un (des jeunes morts) a laissé deux enfants, l'autre une fille", a-t-il dit.
Mohamed Kissi, qui a été récupéré par la marine marocaine, a raconté au site Al Omk qu'ils "se sont perdus" et "se sont retrouvés en Algérie", à court d'essence.
"Un zodiac noir algérien est venu vers nous et a commencé à zigzaguer comme s'ils voulaient nous renverser", a-t-il raconté. "Ils (les occupants du zodiac) ont tiré sur nous. Ils ont tué mon frère et mon ami. Ils ont arrêté mon autre ami", a-t-il dit.
La France a confirmé la mort d'un Français d'origine marocaine et "l'incarcération d'un autre compatriote en Algérie dans un incident impliquant plusieurs de nos ressortissants".
"Le centre de crise et de soutien du ministère et les ambassades au Maroc et en Algérie sont en contact étroit avec les familles de nos concitoyens" pour "leur apporter notre soutien", a indiqué une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Le parquet de Paris a indiqué à l'AFP avoir été "avisé par le Quai d'Orsay du décès d'un ressortissant franco-marocain à proximité des côtes algériennes" au titre de sa compétence pour les faits commis à l'étranger par ou sur un ou des ressortissants français.
Aucune information officielle n'a été communiquée à Rabat ni Alger.
Ce drame est susceptible de raviver les vives frictions régionales entre l'Algérie et le Maroc,.
Leurs frontières sont fermées depuis 1994 et l'Algérie a rompu ses liens diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat, sans en avoir jamais apporté la démonstration, d'"actes hostiles", une décision "complètement injustifiée" selon Rabat.
Fin juillet, le Roi duMohammed VI, a réitéré son souhait d'un "retour à la normale" avec l'Algérie et la réouverture des frontières.
Alger, toujours à la recherche de prétextes, a prétendu que la récente reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine" sur le territoire du Sahara, faisaient partie des "manoeuvres étrangères" à ses portes.