Fonds Covid : 13,7 MMDH dépensés sur 32,7 MMDH, le confinement c’est 6 point du PIB et plan de relance en gestation

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Rabat - Les recettes du Fonds spécial pour la lutte contre la pandémie du Coronavirus (Covid-19) ont atteint 32,7 milliards de dirhams (MMDH) à la date du 18 mai, tandis que les dépenses s'élèvent à 13,7 MMDH, a indiqué, mardi, le ministre de l'Économie, des finances et de la réforme de l'administration, Mohamed Benchaâboun.

Plus de 2,2 MMDH ont été alloués à l'acquisition d'équipements médicaux nécessaires pour lutter contre la pandémie, a fait savoir M. Benchaâboun lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers.

A ce jour, a-t-il dit, 743 lits de réanimation, 664 lits d'hospitalisation et 348 respirateurs ont été acquis, en plus de plusieurs autres équipements médicaux, affirmant que le ministère veille à doter le département de la Santé des ressources financières nécessaires en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique.

Le ministre a en outre souligné que 11,5 MMDH ont été mobilisés pour financer les mesures prises dans le cadre du Comité de Veille Economique (CVE) notamment les salariés déclarés du secteur formel et les ménages opérant dans le secteur informel, en arrêt temporaire de travail à cause de la pandémie.

Il a, à cet égard, rappelé les différentes mesures et procédures prises en faveur des salariés déclarés à la CNSS, en arrêt temporaire de travail, ainsi que les ménages opérant dans le secteur informel.

Outre les mesures visant ces deux catégories, le CVE a approuvé un ensemble de mesures en faveur des entreprises touchées par cette pandémie, notamment les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE et PME) et professions libérales, a-t-il poursuivi.

En soutien aux mesures prises par le CVE, M. Benchaaboun a noté que Bank Al-Maghrib (BAM) a adopté d'autres mesures concernant la politique monétaire et les règles prudentielles visant à augmenter la capacité de refinancement des banques.

Il a également passé en revue les différentes mesures prises pour accompagner les établissements de crédit sur le plan prudentiel et qui portent sur les exigences en matière de liquidité, les fonds propres et le provisionnement des créances dans le but de renforcer leur capacité à soutenir les ménages et les entreprises en pareilles circonstances.

Le ministre a, à cette occasion, salué les efforts déployés par les différents acteurs, notamment les départements ministériels concernés, le secteur financier, la CGEM, la fédération des Chambres de commerce et d'industrie et de services, la fédération des Chambres d'artisanat, la Caisse centrale de garantie et la CNSS, pour faire réussir l'ensemble des mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie.

Les deux mois de confinement devraient coûter 6 points de PIB à l'économie

Le ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l'administration a indiqué, mardi, que les deux mois de confinement, imposé par le nouveau coronavirus (Covid-19), devraient coûter à l'économie marocaine 6 points de croissance de son produit intérieur brut (PIB) pour l'année 2020, ce qui signifie une perte de 1 milliard de dirhams (MMDH) par chaque jour de confinement.

"La perte aurait été bien plus importante si le soutien financier n'avait pas été fourni par le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie de Coronavirus (Covid-19), créé sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI", a souligné M. Benchaâboun lors d'une session des questions orales à la Chambre des conseillers.

Au niveau des finances publiques, le ministre a relevé que le ralentissement économique devrait entraîner une baisse des recettes du Trésor d’environ 500 millions de dirhams (MDH) par jour durant la période de confinement sanitaire, soulignant que le Maroc, comme la plupart des pays, a été fortement impacté par les répercussions de la crise sanitaire sur les plans économique et financier, comme en dénote un ensemble d'indicateurs économiques.

D'après les données disponibles pour les quatre premiers mois de l'année 2020, les exportations ont enregistré une forte baisse de 61,5%, contre 37,6% pour les importations, a t-il fait savoir, notant que les secteurs exportateurs les plus impactés sont les activités industrielles liées aux chaînes de valeur mondiales, notamment l'automobile (-96% en avril et -86% en mars), l'industrie aéronautique (-81% en avril et -52% en mars) et l'électronique (-93% en avril et -51% en mars).

En revanche, les exportations des phosphates et dérivés ont enregistré une évolution positive de 14% en avril, a ajouté le ministre.

M. Benchaâboun a, en outre, souligné que le ralentissement de l'activité économique s'est également reflété sur la croissance des recettes touristiques qui ont reculé de 60% en avril dernier, portant à -15% la baisse du secteur sur les quatre premiers mois de l'année, faisant savoir que les transferts des Marocains résidant à l'étranger ont baissé de 30% en avril et de 11% entre janvier et avril de 2020.

Dernières touches au plan de relance économique

Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Réforme de l'administration, Mohamed Benchaâboun, a indiqué mardi que son département s'attèle à mettre les dernières touches au plan de relance économique, dont les grandes lignes seront présentées en parallèle avec le projet de Loi de Finances rectificative.

Certes, la croissance de l'économie nationale sera impactée par la crise ainsi que par la baisse de la valeur ajoutée agricole faute d'une pluviométrie abondante et régulière, a relevé M. Benchaaboun lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers.

Le ministre a également estimé que les ressources du trésor devraient reculer, soulignant la nécessité de revoir les hypothèses sur lesquelles la préparation de la loi de finances 2020 a reposée, et procéder à l'élaboration d'un projet de loi de finances rectificative.

Le choix de tout scénario requiert la mise en place de mesures adéquates et durables, a souligné le ministre, assurant que dans le cadre du Comité de veille économique (CVE), cette condition est prise en compte à travers l'écoute de l'ensemble des acteurs économiques, la mise en place des outils à même de permettre aux entreprises de surmonter cette situation inédite, dans le cadre du plan de relance économique.

Il a, dans ce sens, fait savoir que l'élaboration d'un projet de loi rectificative a déjà commencé à travers la mise à jour des hypothèses adoptées lors de la mise en œuvre du projet de loi de Finances 2020 et les principaux indicateurs économiques, la mise en place de nouvelles prévisions tenant compte de l'impact de la crise sur le déficit budgétaire, la balance des paiements et l'endettement, outre la mise en œuvre d'un plan d'action pluriannuel pour stimuler l'activité économique.

"Parallèlement, nous étudions un ensemble de scenarii pour faire face à toutes les situations probables. Chaque scénario aura un impact différent sur les indicateurs macroéconomiques en fonction, d'un côté, de la rapidité de reprise d'activité des secteurs économiques et, de l'autre, de la trajectoire d'évolution de chaque secteur", a-t-il ajouté.

Le ministère veille à faire du plan de relance économique un pacte de redynamisation de l'économie et de l'emploi, basé sur une ambition commune et partagée entre les différentes parties concernées (Etat, entreprises, secteur bancaire et partenaires sociaux,...), et ce conformément à des engagements clairement définis basés sur des outils efficaces de suivi et d'évaluation, a indiqué M. Benchaâboun.

Ce plan constituera sans doute un levier important de nature à accompagner la reprise progressive des différents secteurs de l'économie nationale et la mise à disposition des conditions adéquates à une relance économique prometteuse après la crise.

Ce plan, a-t-il dit, prônant une approche globale et intégrée à travers l'implication des différents acteurs, se base sur des mécanismes transversaux qui prennent en compte les spécificités de chaque secteur selon des stratégies bien définies.

Dans le cadre de ce plan de relance économique, un focus sera fait sur l'appui à la fois de l'offre et la demande, a expliqué le ministre, faisant savoir que dans le but de mettre en place les mécanismes de financement à même de garantir les fonds nécessaires à la reprise économique des entreprises, toutes catégories confondues, le CVE a décidé de réviser le dispositif "Damane Oxygène" en le rendant "plus souple" et en améliorant les conditions de financement de la reprise économique en faveur, particulièrement, des TPE et PME avec une prolongation jusqu'au 31 décembre 2020 sans exigence, désormais, de toute garantie.

Quant aux entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à 500 millions de dirhams, elles seront intégrées dans un mécanisme approprié pour financer leur reprise. Une commission, composée du ministère de l'économie, des Finances et de la réforme de l'administration, de Bank Al-Maghrib, de la Confédération générale des entreprises du Maroc et du Groupement professionnel des banques du Maroc s'attèle à définir les modalités et les mesures d'application de ce mécanisme.

Le ministre a également fait savoir que le CVE a examiné la situation des Etablissements et entreprises publics, notant qu’il a été convenu de créer un fonds de garantie spécial qui permettra aux établissements impactés par la pandémie de Covid-19 d’accéder à de nouvelles sources de financement nécessaires au renforcement de leurs capacités de financement et par conséquent, assurer une croissance soutenue et durable de leurs activités.

M. Benchaâboun a souligné que ce plan "que nous espérons un trait d’union avec le nouveau modèle de développement en cours d’élaboration", jettera les bases d'une économie solide et intégrée, qui ouvrira au Maroc de nouveaux horizons à même de renforcer la position du Royaume dans le monde post-coronavirus.

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