Gara Djebilet ou le souvenir du fiasco des industries industrialisantes – Par Mohamed Mohattane

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Hassan II et Houari Boumediene au Sommet arabe 26 -28 novembre 1973 à Alger

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LE LEGISLATEUR MAROCAIN FACE AUX DEFIS DE L'EAU – Par Mohamed Mohattane 

Comment raisonner l'actualité du gisement Gara Djebilet, en dehors des souvenirs du modèle théorique des industries industrialisantes du professeur De Bernis (professeur des sciences économiques, université de Grenoble, dont les lauréats sont notamment nos chers regrettés Aziz Belal, Driss Ben Ali, etc.).  

Un modèle qui remonte aux schémas marxiens du secteur primaire (industries lourdes) et secondaire (industrie des biens de consommation). Modèle marxiste qui a donné naissance, au milieu des années 1920, en matière de planification nationale au modèle de Feldman, un modèle théorique qui a, à son tour, accouché du modèle stalinien de la planification centralisée (monopole de l'Etat et absence de marché) et des industries lourdes, en particulier les industries d'armement. Sous le prétexte, pas entièrement faux d’ailleurs, que la révolution socialiste soviétique était menacée. 

Une longue histoire d’un discours idéologique et d’une propagande politique, le vent en poupe, qui ont soufflé jusqu’aux contrées les plus reculées d’une l'Algérie révolutionnaire et socialiste, héritière d’un vaste territoire taillé à la mesure de la France coloniale, au sol et au sous-sol richement nantis qui a fini par donner à la jeune Algérie et à ses jeunes dirigeants le vertige de la grandeur.

Mimétiquement, sans autre forme de réflexion, l’Algérie s’était mise à construire des cathédrales d'industries lourdes dans le désert. A l’époque, tout comme aujourd’hui, l’industrialisation était synonyme de fer et Gara Djebilet ne pouvait dans ce contexte que devenir le point focal de tout pouvoir enivré par ses envies de puissance. Un simple tour par Wikipédia indiquera que ‘’la mine de Gara Djebilet est une mine de fer située à Tindouf en Algérie, entrée en exploitation en juillet 2022’’, en reniement, un de plus pour ne rien changer, des accords avec le Maroc.  Elle est, ajoute Wikipédia, ‘’l'une des plus grandes mines de fer dans le monde. Ses réserves sont estimées à 3,5 milliards de tonnes, dont 1,7 milliard de tonnes sont exploitables’’.  

Contrairement à un sous-entendu du discours officiel algérien, le soutien au Polisario n’est pas l’enfant naturel de la guerre des sables de 1963, ni celle-ci n’est le produit de ‘’l’expansionnisme’’ marocain, mais ce sont les visées algériennes sur le Sahara marocain pour assurer un accès à l’Atlantique à ce gisement économique qui, autrement, ne serait pas très rentable, qui a engendré et la guerre de 1963 et plus tard de la prétendue RASD.

En 1976, la Marche Verte a mis fin aux mirages de Boumediene et au modèle expansionniste de son industrie industrialisante en Afrique, jeune, fraichement indépendante, utopique jusqu’au suicide involontaire.

Feu Hassan II avait bien proposé à l’Algérie un couloir sur l’Atlantique pour résoudre le conflit autour du Sahara, dans l’esprit et le continuum du Traité d’Ifrane*, Houari Boumediene y a peut-être réfléchi, mais il est mort avant d’apporter sa réponse définitive à cette offre. Des observateurs qui nourrissent de sérieux soupçons sur les véritables causes de son décès avancent même que c’est parce qu’il s’apprêtait à accepter qu’il a été victime d’un sournois empoisonnement. 

A l’époque, au milieu des années 1970, nous, jeunes étudiants à la Maison du Maroc (boulevard Jourdan à Paris), pas très au fait de tractations géoéconomiques et géopolitiques, que nous présentions toutefois, nous scandions ce slogan patriotique : " Boukhourouba [alias Boumediene] veut un bout de plage sur l'Atlantique..., qu'il rêve à l'infini....". Un rêve qu’il a enterré avec lui, sauf retour à la raison du régime algérien, la main tendue du Maroc étant constante. 

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*’’ En fonction de ce principe, et dans l'esprit de leurs rencontres depuis le traité d'Ifrane, en 1969, les deux chefs d'Etat [Hassan II et Houari Boumediene] ont déclaré que, " par la conclusion et la signature de la convention définissant la frontière algéro-marocaine et la convention de coopération pour la mise en valeur de la mine de Gara-Djebilet ", ils entendent " établir une paix permanente pour les siècles à venir ". Les représentants des quarante pays réunis à Rabat à la séance de clôture de la conférence " au sommet " de l'Organisation de l'unité africaine (O.U.A.) ont été témoins de cet engagement. La signature des conventions a eu lieu en leur présence.’’

Le Monde du 17 juin 1972 à 00h00 - Mis à jour le 18 novembre 2021 

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