L’imposture dans la littérature et les arts, une tâche délicate débattue à Kénitra

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Le patrimoine littéraire arabe en particulier est en proie au phénomène de l’imposture, citant des œuvres telles que Kalila et Dimna d’Abdallah Ibn al-Muqaffa, et le Maqamat Badi’ al-Zaman al-Hamadhani et Al-Hariri, qui ont fait l’objet d’imposture

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Les participants à un colloque, organisé par la Faculté des Langues, des Lettres et des Arts relevant de l’Université Ibn Tofail de Kénitra (UIT), ont souligné la nécessité de lutter contre l’imposture dans la littérature et les arts, en vue de relever les défis du développement, et d’œuvrer pour cerner ce phénomène qui s’est exacerbé par l’essor technologique.

Lors de cette rencontre de deux jours, initiée par le Laboratoire de Littérature, arts et ingénierie pédagogique sous le thème "L’imposture dans la littérature et les arts", les participants ont appelé à mettre davantage en lumière le phénomène de l’imposture et ses racines historiques, notamment dans le patrimoine poétique arabe préislamique et contemporain, lequel n’a pas échappé à ce phénomène, qui exige une certaine rigueur aussi bien de la part du chercheur que du spécialiste, en vue d’identifier les aspects de l’imposture ciblant les textes des poèmes et des romans, en détournant leur sens original.

Le colloque, dont la séance d’ouverture a réuni des écrivains et des spécialistes, notamment le professeur Abdelfattah Kilito, ambitionne, par ailleurs, de mettre l’accent sur certains des aspects louables de l’imposture dans lequel les écrivains et écrivaines incluent délibérément dans leurs œuvres littéraires des formes de l’imposture à même de défendre leurs idées et leurs visions, notamment le plaidoyer pour les droits catégoriels comme les droits des femmes, ou la promotion des tendances pour développer les motivations.

A cet égard, le doyen de la Faculté des Langues, des lettres et Arts de Kénitra, Mohammed Zerrou, a fait savoir que le patrimoine littéraire arabe en particulier est en proie au phénomène de l’imposture, citant des œuvres telles que Kalila et Dimna d’Abdallah Ibn al-Muqaffa, et le Maqamat Badi’ al-Zaman al-Hamadhani et Al-Hariri, qui ont fait l’objet d’imposture, ce qui a requis de ceux ayant travaillé sur ces oeuvres à déployer davantage d’efforts pour distinguer l’imitation de l’original.

De même, il a mis en exergue une série d’écoles et de courants ayant adopté l’imposture pour promouvoir des visions qui riment avec leurs intérêts et leurs agendas, et dissimulent leurs significations, notant la nécessité d’examiner en profondeur des textes littéraires, en particulier les plus anciens, et d’analyser soigneusement leur discours, afin d’en saisir les significations profondes.

Quant au professeur Sanae Ghouati, elle a mis en garde contre les "nouveaux imposteurs" qui utilisent l’intelligence artificielle pour plagier les écrits et les dessins d’autrui, passant en revue les ramifications de ce phénomène répréhensible qui s’applique aussi bien aux arts et à la littérature qu’aux études juridiques.

"La recherche sur le phénomène de l’imposture dans la littérature et les arts est une question urgente qui requiert une approche multidisciplinaire", a dit Mme Ghouati, également directrice du Laboratoire de Littérature, arts et ingénierie pédagogique, ajoutant que l’imposture constitue une menace pour la liberté et incite l’imposteur à consacrer ses efforts pour nuire aux intérêts de la communauté.

Elle s’est attardée sur des œuvres plagiées et signées notamment par Georges Bernanos, Jean-Marie Boulé, ou encore le plasticien Marcel Duchamp, ce dernier qui promeut le terme "ready-made", de quoi "servir le goût littéraire et attirer les lecteurs et les amateurs des beaux-arts".

Au menu du colloque, figuraient des thématiques axées sur "l’imposture féminine: une prise de pouvoir", "l’ère numérique; une ère d’imposture?", "l’art contemporain: entre provocation et imposture", et "l’imposture dans les jeux vidéo: quand tromper devient amusant".

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