Objectifs "net zero", technologie révolutionnaire ou produits écoresponsables: la COP28 à Dubaï déroule le tapis rouge aux annonces environnementales des entreprises, pour les impliquer davantage dans la transition et son financement, au risque d'ouvrir la porte au greenwashing.

La "zone verte", sorte de foire immense dédiée aux entreprises en marge des négociations climat, fourmille, sur le site de l'ancienne Exposition universelle de 2020.

Au pavillon des start-up, les noms qui fleurissent sur les stands comportent presque tous les mots "carbone" ou "vert".

Des lumières s'échappent des bâtiments futuristes dédiés à l'innovation, tandis que des trottinettes électriques permettent de converger vers le centre dédié aux transports.

Des stands proposent des menus "alignés sur l'Accord de Paris", non loin d'un potager de démonstration bien irrigué, sous un soleil de plomb aux portes du désert.

Plus de vingt engagements sectoriels sur l'énergie, l'agriculture, la finance ou encore la protection de la nature sont attendus au cours d'un forum qui réunira de vendredi à samedi plus de 1.100 chefs d'entreprises d'envergure et dirigeants d'organisations philanthropiques, non loin du sommet des chefs d'Etat.

"Aucun gouvernement ne travaille actuellement sans avoir des entreprises à sa table", explique à l'AFP Sanda Ojiambo, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée du Pacte mondial, lancé en 2000 pour impliquer les entreprises dans le développement durable.

"Il y a un mouvement très dynamique des entreprises à la COP et tant que (leurs engagements) sont crédibles, tangibles et transparents, c'est la preuve que les discussions sont tournées vers l'avenir", ajoute-t-elle.

Du concret et du flou 

Selon une étude portant sur les 2.000 plus grandes entreprises au monde publiée mercredi par le cabinet Accenture, seulement 18% sont "sur la bonne voie pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050".

Une autre étude du cabinet BCG rapporte que seules 14% des entreprises ont réduit leurs émissions conformément à leurs ambitions sur les cinq dernières années, et seules 10% mesurent avec précision leurs émissions.

Depuis des semaines, les annonces d'entreprises pleuvent. Premier vol avec 100% de carburant d'aviation durable revendiqué par la compagnie Emirates, qui dispose de son propre pavillon à la COP, fin du financement des projets autour du charbon métallurgique annoncée par la banque BNP Paribas, qui a envoyé plusieurs experts à Dubaï.

Des annonces concrètes, ou parfois plus floues. "La communication (des grandes sociétés) doit sortir quelque chose pendant la COP", indique à l'AFP Laurent Lascols, de l'Institut supérieur de l'environnement. Mais dans la plupart des cas, "on ressort quelque chose qui existe déjà dans les tiroirs". (Quid avec AFP)