La partition Trump pour une campagne présidentielle victorieuse

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Séoul le 7 novembre 2024 : les premières pages des journaux sud-coréens sur les réactions à la réélection du président américain élu Donald Trump. (Photo Jung Yeon-je / AFP)

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Des petits pas de danse bien à lui, esquissés sur le rock d'Elvis ou le disco de Village People, des discours sans cohérence en apparence, mais toujours rythmés par les rires de fans divertis, la chorégraphie de campagne de Donald Trump, aussi désarçonnante soit-elle, a fait mouche.

Avec son style atypique de campagne, charriant son lot de chaos et de scandales, le républicain a de nouveau décroché les clés de la Maison Blanche, après sa victoire de 2016 et sa courte défaite, qu'il n'a jamais reconnue, en 2020.

"Le style de campagne de Trump est cru, sans complexe et loin des standards habituels et c'est exactement pour cela que ça marche", analyse Adrienne Uthe, fondatrice de Kronus Communications, une société de relations publiques.

"Il insiste pour parler directement à ceux qui se sentent délaissés par la politique traditionnelle. Ses détracteurs le qualifient d'irresponsable, mais lui est passé maître dans l'art de ne pas prêter attention aux critiques", poursuit cette experte en communication.

Sa victoire sans appel face à sa rivale démocrate Kamala Harris permet au natif de New York, figure des plus clivantes, d'être le premier ancien président à être réélu depuis Grover Cleveland, à la fin du 19e siècle.

Un retour gagnant d'autant plus étonnant que le Trump de 2024 n'est pas si différent de l'homme qui a quitté la Maison Blanche en 2021, sans reconnaître sa défaite face à Joe Biden et échauffant les esprits de ses partisans qui avaient alors attaqué le Capitole, provoquant un chaos inimaginable.

"Super-pouvoir" 

Doté d'un instinct politique qui ne fait plus guère de doute, l'ancien magnat de l'immobilier a donné l'impression, lors de cette troisième campagne, de se fier surtout à ses intuitions.

Ses penchants pour des discours de campagne décousus, les yeux loin du prompteur, étaient considérés par certains comme repoussoirs pour l'électorat modéré. Des éditorialistes ont dénoncé ses sorties racistes et misogynes, persuadés qu'il s'aliénerait ainsi les voix de nombreuses femmes et électeurs hispaniques. Ils se sont trompés.

Ses mises en scène, devant la friteuse d'un McDonald's, tablier couvrant sa cravate rouge ou au volant d'un camion-poubelle, en veste orange, ont suscité les moqueries de l'opposition et désarçonné jusque dans son propre camp. Rien y fit.

Et face à ses multiples déboires judiciaires -il a été inculpé et condamné au pénal et au civil- Donald Trump a fait le pari de la loyauté de ses électeurs fidèles, transformant ses apparitions au tribunal en tribune médiatique.

Et à la fin, c'est Donald Trump qui gagne pour l'un des come-backs politiques les plus retentissants de l'Histoire américaine. Il a survécu à deux attentats qui ont fini par le ‘’sanctifier’’.

Convainquant de nombreux indécis dans les dernières semaines de campagne, le milliardaire républicain pourrait même dépasser sa rivale Kamala Harris en nombre de voix, une première pour un républicain en vingt ans, dans ce scrutin au suffrage universel indirect.

"Pour Trump, être atypique n'est pas une faiblesse, c'est son super-pouvoir", assure l'analyste Adrienne Uthe.

Deux procédures de destitution, plusieurs inculpations judiciaires, deux tentatives d'assassinat, des accusations d'autoritarisme: envers et contre tout, Donald Trump a réussi son pari et trompé, une nouvelle fois, les sondages qui prédisaient une course serrée.

L'homme d'affaires a fait mieux qu'en 2020 dans presque toutes les catégories de la population et quasiment dans tous les recoins du pays.

"Manipuler"

Face aux journalistes, les supporters de Trump expliquent tolérer ses excès, moins par adhésion que pour raisons économiques: leur pouvoir d'achat était meilleur quand il était président et ils ont la sensation que lui se bat toujours pour eux.

"Beaucoup d'autres se bouchent le nez et le soutiennent parce qu'ils pensent qu'il sera meilleur sur des sujets auxquels ils sont attachés: l'économie, l'immigration, l'avortement", avance Donald Nieman, professeur de sciences politiques à l'université Binghamton dans l'Etat de New York.

Même son de cloche du côté de Nikki Haley, sa principale rivale dans le camp républicain. "Il a survécu à deux procédures de destitution, de nombreuses inculpations et l'Amérique l'a tout de même élu car, en fin de compte, ils savaient ce qu'ils obtiendraient avec Donald Trump", a-t-elle expliqué sur la radio numérique SiriusXM.

Pour le consultant politique Andrew Koneschusky, le succès de l'ancien président repose principalement sur la séduction d'un électorat de jeunes hommes en perte de repères, l'exploitation de la colère des Américains face à l'inflation, la désignation de migrants comme boucs-émissaires et les divisions de la société sur les questions de genre et de race.

"L'attirance pour Trump n'est pas rationnelle, elle est émotionnelle", estime cet ancien porte-parole de Chuck Schumer, le chef de la majorité démocrate sortante au Sénat. (Quid avec AFP)

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