Le lixiviat, jus d’ordure, ravage l'oued Bouregreg

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Le problème du lixivait ne date pas d’aujourd’hui et il était prévisible qu’il allait à un moment ou un autre resurgir

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Rabat - Des tâches noirâtres associées à de fortes odeurs nauséabondes ont été observées depuis quelques jours sur le célèbre fleuve du Bouregreg, suscitant émoi et inquiétude parmi les habitants de Rabat et Salé.

Sur les rives, les promeneurs constatent une pollution soudaine de l'oued sous forme de taches noires, dégageant des odeurs nauséabondes. Sur les réseaux sociaux, les images déferlent, relatant une situation inimaginable il y a quelque temps pour cette zone connue pour son potentiel touristique indéniable.

Une situation alarmante qui, d'autant plus, coïncide avec les vacances scolaires et, de fait, vient bouleverser les habitudes des riverains, notamment les fans des balades au bord du fleuve, ou encore les pratiquants des sports nautiques habitués à s'entraîner sur les eaux du fleuve.

Si aucune information officielle n'a été, pour le moment, communiquée sur l'origine de cette pollution, le lixiviat (jus d'ordures), un problème posé il y a au moins quatre décennies,  émanant du centre d'enfouissement et de valorisation (CEV) d'Oum Azza, est à l’origine de cette pollution qu’on avait essayé de résoudre par le déplacement de la décharge de Akrach, en vain visiblement.

Sur les réseaux sociaux, des militants associatifs soutiennent que cette problématique écologique serait due aux récentes fortes pluies qui auraient fait sauter une digue de rétention de l'un des six bassins dédiés au stockage de lixiviat, provoquant un déversement de ce liquide nocif dans l'Oued Akrach, un des affluents du Bouregreg.

"En tant que plongeurs nous sommes les mieux placés pour constater la dégradation de la situation de l'oued Bouregreg", affirme, Jalil Skaiti, plongeur et président fondateur de l’Association Al Marjane de plongée et sports nautiques.

"Le bras de mer qui sépare Rabat de Salé, abritait toute une panoplie de poissons comme le Bar, le Sar, le Maigre ou encore la Dorade, qui avaient l'habitude de pondre leurs œufs dans cet écosystème", confie M. Skaiti à la MAP, regrettant une baisse drastique de ces espèces à cause de la pollution des eaux ces dernières années.

Contacté par la MAP, le directeur de l'Agence du Bassin hydraulique du Bouregreg-Chaouia Abdelaaziz Zerouali, a fait savoir que la cause principale de cette situation est toujours inconnue, relevant que l'Agence attend les résultats des analyses en cours pour connaître l'origine de cette pollution, avant de se prononcer sur le sujet.

Pour le secrétaire général régional de l'Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), Seddik Es-Semlali, une intervention urgente demeure nécessaire pour stopper l’hémorragie.

Également président de l’Association marocaine pour le développement local (AMDEL), M. Es-Semlali a expliqué que la problématique des eaux usées rejetées dans le Bouregreg a été aggravée par la poussée démographique spectaculaire, notamment à Salé, insistant sur l'impératif de mettre en place des stations de traitement des eaux usées.

Actuellement, les odeurs ont pratiquement disparu et les investigations continuent pour mettre toute la lumière sur la source de la pollution. D'après des sources proches du dossier, un appel d'offres est en cours concernant la gestion contrôlée de la décharge Oum Azza. Les entreprises présélectionnées seront connues la semaine prochaine.

 

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