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Maroc: la justice poursuit 65 migrants après le drame de Mélilia
Photo prise le 26 juin 2022 montre un membre des forces de l'ordre marocaines devant les barbelés érigé par l'Espagne séparant le Maroc de l'enclave nord-africaine espagnole de Mélilia, près de Nador au Maroc. (Photo : Fadel SENNA / AFP)
Quid avec AFP
La justice marocaine a décidé de poursuivre 65 migrants, en majorité des Soudanais pour avoir participé à la tentative de passage en force meurtrière vendredi dans l'enclave espagnole de Mélilia depuis le Maroc, a-t-on appris lundi auprès de la défense.
Le parquet du tribunal de première instance de la ville marocaine de Nador (nord), a inculpé 37 migrants pour "entrée illégale sur le sol marocain", "violence contre agents de la force publique", "attroupement armé" et "refus d'obtempérer", a déclaré à l'AFP leur avocat, Khalid Ameza.
Un deuxième groupe, composé de 28 migrants, sera jugé en outre pour "participation à une bande criminelle en vue d'organiser et faciliter l'immigration clandestine à l'étranger", a ajouté Me Ameza.
L'avocat a précisé que la majorité des accusés étaient originaires du Darfour dans l'ouest du Soudan, en proie à une grave crise alimentaire et où de récentes violences ont fait plus de 125 morts et provoqué le déplacement de 50.000 personnes.
D'autres sont Tchadiens et Maliens, un est Yéménite.
La défense a demandé la liberté conditionnelle pour l'ensemble des inculpés mais le parquet a rejeté cette requête "compte tenu de la gravité des faits qui leur sont reprochés", a expliqué l'avocat.
Ils faisaient partie des près de 2.000 migrants qui ont tenté de pénétrer par la force vendredi matin dans Mélilia dans le nord du Maroc.
Au moins 23 migrants en situation irrégulière ont péri et 140 policiers ont été blessés, selon les autorités locales marocaines. L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) a fait état de 27 clandestins décédés.
Au lendemain du drame, l'AMDH et l'ONG espagnole Caminando Fronteras, ont exigé l'ouverture d'une enquête "immédiate".
Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), un organisme constitutionnel, a annoncé, lundi la création d'une "mission d'information" sur les "événements tragiques et violents" provoqués par la tentative d'assaut contre la clôture séparant la ville de Nador de Mélilia.
Les autorités marocaines assurent que les migrants décédés ont trouvé la mort "dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer" lors d'"un assaut marqué par l'usage de méthodes très violentes de la part des migrants".
Des ambassadeurs africains accrédités au Maroc avaient été reçus dimanche par des responsables des ministères des Affaires étrangères et de l'Intérieur à Rabat où des vidéos de la tentative montrant la violence de l’assaut par des migrants armés de gourdins et d’armes blanches leur ont été montrées.
L’AFP rapporte que l’ONU a reproché au Maroc et à l’Espagne, selon un porte-parole, ‘’un usage excessif de la force’’.