Procès pour ''sédition'' en Jordanie : 15 ans de prison pour deux anciens responsables

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Des membres des forces de l'ordre devant la Cour de surêté de l'Etat, le jour du procès de responsables pour "sédition" contre le roi jordanien, à Amman, le 12 juillet 2021

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Un tribunal jordanien a condamné lundi à 15 ans de prison deux anciens hauts responsables accusés d'avoir voulu renverser le roi Abdallah II au profit de son demi-frère le prince Hamza, une crise sans précédent qui avait ébranlé le royaume hachémite en avril.

Principal protagoniste dans cette affaire, le prince Hamza n'était pas jugé lors de ce procès, son cas ayant été résolu au sein de la famille royale après qu'il a fait acte d'allégeance au roi, promettant de "lui rester fidèle". 

Dans ce procès qui se tenait à huis clos depuis le 21 juin à Amman, la Cour de sûreté de l'Etat s'est intéressée aux cas de Bassem Awadallah, ancien chef du bureau royal, et de Cherif Hassan ben Zaid, un cousin éloigné du roi, accusés d'avoir pris part au complot. 

Les deux hommes ont plaidé non coupable. Lundi, ce tribunal militaire dont les magistrats sont en partie des civils a annoncé les avoir condamnés à 15 ans de prison dans un communiqué lu au tribunal.

Ils ont été reconnus coupables d'"incitation (à agir) contre le régime politique du royaume", d'"actes susceptibles de mettre en danger la sûreté et la sécurité de la société et de sédition".

Selon le verdict, le juge militaire Mowaffaq Al-Masaeed a affirmé que les deux ex-reponsables, "liés par une amitié remontant à 2001, étaient porteurs d'idées hostiles au régime politique du royaume et à la personne de sa majesté le roi Abdallah".

Les deux avaient préparé un "projet criminel avec pour objectif de provoquer le chaos, la discorde au sein de la société jordanienne et de propager des discours de haine envers le régime politique", a-t-il ajouté.

Les avocats des deux accusés, qui encouraient 20 ans d'emprisonnement, ont refusé de commenter le jugement et déclaré aux journalistes qu'ils feraient appel, la loi leur laissant 30 jours pour le faire.

"Ambition personnelle"

Nommé prince héritier en 1999 mais démis de ses fonctions en 2004 par le roi Abdallah qui a nommé son propre fils à la place, Hamza avait accusé les autorités de son pays de "corruption" et d'"incompétence" dans une vidéo publiée par la BBC le 3 avril, à quelques jours du centenaire de la monarchie.

Il avait alors affirmé avoir été assigné à résidence pour sa participation présumée à un "complot", niant toutefois cette accusation.

Le gouvernement avait annoncé dès le lendemain l'arrestation de 18 personnes impliquées dans cette tentative visant à "ébranler la sécurité et la stabilité de la Jordanie". Seize d'entre elles ont depuis été libérées.

Selon l'acte d'accusation de 13 pages, le prince Hamza, 41 ans, "était déterminé à assouvir son ambition personnelle de gouverner, et ce en violation des coutumes et de la Constitution hachémite". Le prince Hamza aurait pour ce faire chercher à obtenir l'aide de l'Arabie saoudite, d'après la même source.

MM. Awadallah et ben Zaid sont étroitement liés au royaume saoudien : M. Awadallah en détient la nationalité et M. ben Zaid y a été un temps émissaire spécial du roi jordanien.

Puissance régionale voisine, l'Arabie saoudite avait fermement nié être impliquée dans cette crise inédite et avait exprimé son soutien "total" au roi.

Figure controversée 

Bassem Awadallah est une figure controversée dans le royaume: ancien ministre des Finances et du Plan, il était très proche du roi. Avant de devenir chef de la Cour royale en 2007, il avait été chef du cabinet du roi en 2006.

Il avait finalement démissionné de son poste de chef de la Cour royale en 2008 après avoir été vivement critiqué pour son ingérence présumée dans des questions politiques et économiques controversées.

Au cours du procès, le tribunal a rejeté une demande des avocats de la défense de convoquer notamment trois princes, ainsi que le Premier ministre Bicher al-Khasawneh et le ministre des Affaires étrangères Aymane Safadi comme témoins.

L'avocat de M. Awadallah, Mohamed Afif, avait affirmé que les deux accusés "insistaient pour que le prince Hamza témoigne", ajoutant que le tribunal devrait se "justifier" en cas de refus.

Cette crise inédite a secoué le royaume habituellement calme à quelques jours de son centenaire.

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